Wikileaks : Comment l'Arabie saoudite contrôle les médias arabes et étrangers


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    L’Arabie Saoudite vient de célébrer sa 100e décapitation de prisonnier pour 2015. L’information n’a jamais été rapportée par un média arabe alors qu’elle circulait via les dépêches. Même les médias internationaux ont été silencieux sur ce record et on peut se poser la question si la réaction avait été la même si c’était un autre pays qui avait décapité 100 personnes en une année.

    Wikileaks montre comment le ministère des Affaires étrangères contrôle les médias

    L’Arabie Saoudite et la famille royale utilisent une approche systémique pour préserver l’image positive du pays sur le plan international. La plupart des gouvernements lancent des campagnes de relations publiques pour contrer les critiques et construire des relations dans les places influentes. L’Arabie Saoudite contrôle son image en surveillant les médias et en achetant la loyauté des médias de l’Australie jusqu’au Canada et cela inclut tout ce qui se trouve au milieu.

    Les documents de Wikileaks révèlent des efforts intenses pour surveiller et contrôler les médias arabes afin de corriger toutes les déviations sur la couverture des évènements liés aux Saoudiens et à l’Arabie saoudite. Et ce contrôle saoudien prend 2 formes qu’on peut simplifier par la carotte et le bâton. Dans les documents, on fait référence à ces techniques par la neutralisation et le contrôle (Containment). Et cette approche varie selon le marché et le média en question.

    Contenir et neutraliser

    La première réaction pour neutraliser toute couverture négative d’un média régional est de le neutraliser. Ce terme revient souvent dans les câbles diplomatiques et il concerne l’achat du silence des journalistes et des médias. Les médias et les journalistes neutralisés ne vont pas chanter les louanges de la famille royale, mais ils ne vont pas publier des informations critiques ou négatives sur le pays ou sur sa politique. L’approche du contrôle est utilisée lorsque les Saoudiens veulent lancer une propagande plus agressive. Les journalistes et les médias dans cette approche de contrôle vont chanter les louanges de l’Arabie Saoudite à tue-tête, mais ils vont aussi attaquer férocement tous les partis qui vont critiquer le royaume.

    L’une des manières de neutraliser et de contenir consiste à acheter des centaines de milliers d’abonnements des médias ciblés. En retour, ces médias vont devenir des atouts pour la propagande des Saoudiens. Un document du 1er janvier 2015 qui rappelle le renouvellement des abonnements concerne 2 douzaines de médias à Damas, à Abu Dhabi, à Beirut, au Kuwait, à Amman et à Nouakchott. Les montants vont de 500 à 33 000 dollars. L’Arabie saoudite achète également des parts dans les médias où les dividendes en liquide circulent dans le sens contraire, à savoir, de l’actionnaire vers le média. En retour, l’Arabie Saoudite reçoit des dividendes politiques qui est un média à ses ordres. On peut voir un exemple de ces pratiques dans un échange entre le ministère saoudien des Affaires étrangères et son ambassade au Caire. Le 24 novembre 2011, la chaine arabe ONTV avait accueilli une figure de l’opposition saoudienne en la personne de Saad al-Faqih. Le ministère saoudien des affaires étrangères a demandé à son ambassade de faire ce qu’il faut concernant cette chaine de télévision. Le ministère a demandé à l’ambassade de trouver un moyen pour acheter la chaine sinon on la considérerait comme étant opposées contre les politiques de l’Arabie saoudite. Le document rapporte que le propriétaire de la chaine, le milliardaire Naguib Sawiris, ne voulait pas affronter l’Arabie Saoudite et il a réprimandé sévèrement le directeur de la chaine en lui imposant de ne jamais plus inviter al-Faqih. Il a également suggéré à l’ambassadeur saoudien s’il voulait être un invité dans l’émission.

    Et les documents saoudiens sont remplis avec des exemples similaires avec des détails sur les chiffres et les méthodes de paiement. Les montants sont parfois minimes, mais ils sont importants pour les médias dans les pays en développement. Ainsi, l’Arabie saoudite a versé 2000 dollars par année à la Guinean News Agency, mais cela peut atteindre des millions de dollars comme dans le cas de la télévision libanaise MTV.

    La confrontation

    La neutralisation et le contrôle ne sont pas les seules techniques dans l’arsenal de propagande du ministère saoudien. Dans le cas où le contrôle ne suffit pas, alors l’Arabie Saoudite passe à la confrontation. Un exemple est que le ministre saoudien des affaires étrangères, pour respecter un décret royal du 20 janvier 2010, voulait supprimer la chaine iranienne Al-Alam du réseau de communication par satellite Arabsat. Le plan n’a pas fonctionné et le ministre a donc exigé d’affaiblir le signal de la chaine. Les documents révèlent aussi la panique des Saoudiens face aux printemps arabes. Un document rapporte qu’après la chute de Mubarak, la couverture des médias égyptiens était dirigée par l’opinion publique alors que c’est aux médias de fabriquer l’opinion publique. Le ministre a également financé les médias influents en Tunisie qui était le premier pays à déclencher son printemps arabe. Mais l’Arabie Saoudite utilise une autre approche pour contrôler les médias dans son pays puisqu’il lui suffit d’un geste pour faire taire les troubles-fêtes. Ainsi, 2 médias saoudiens, Al-Hayat et Asharq Al-Awsat, ont publié des articles négatifs sur l’ancien premier ministre libanais et citoyen saoudien Saad Hariri. Ce dernier s’est plaint à la famille royale et le ministre saoudien des affaires étrangères a ordonné aux 2 médias de ne plus jamais écrire ce type d’articles à l’avenir.

    Ce ne sont que quelques exemples sur comment l’Arabie Saoudite contrôle les médias arabes et étrangers et on vous encourage à plonger dans ces câbles pour trouver d’autres exemples.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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