L'attaque de Daesh sur Beyrouth est plus importante que les attentats à Paris


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  • Malgré le fait que les attaques sur Paris dominent dans les médias occidentaux, l’attaque sur Beyrouth est bien plus importante, car cela va bouleverser la position de l’Iran et les futurs développements stratégiques concernant les forces contre l’Etat Islamique.


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    L'attaque à Bourj al-Barajneh au sud de Beyrouth est plus importante que les attaques à Paris par l'Etat Islamique

    Les attaques récentes de l’Etat Islamique continuent de dominer le monde médiatique. Mais le double attentat kamikaze qui a frappé Beyrouth 3 jours auparavant est bien plus important pour le futur de la guerre en Syrie. Les attaques de Paris ont également montré une discrimination abjecte des médias occidentaux. Ces derniers ont pratiquement ignoré les attentats de Beyrouth du 12 novembre qui a fait 43 victimes et 200 blessés. L’Etat Islamique a revendiqué ce double attentat qui est l’attaque la plus sanglante dans la capitale libanaise depuis la guerre civile de 1990.

    Le contraste est saisissant sur le traitement médiatique entre les attaques sur Paris et celles sur Beyrouth. Très peu de médias ont en fait leur une à part Al Jazeera et Al Arabiya. Même la BBC qui couvre régulièrement l’actualité du Moyen-Orient l’a placé en 3e position derrière la corruption de la FIFA et de la mort de Jihadi John. Les habitants de Beyrouth n’ont pas eu le droit à leur Safety Check sur Facebook et on n’a pas eu de drapeau libanais qu’on superposait sur les profils Facebook. Et concernant la solidarité avec le Hashtag #PorteOuverte, on se demande où il était quand on a eu près de 3 000 migrants qui sont sombré au fond de la Méditerranée. Mais il y a 2 raisons majeures pour que l’attaque sur Beyrouth soit plus importante que les attaques sur Paris.

    Le deuil des libanais après l'attaque sur Beyrouth

    La première raison est qu’il est bien plus facile d’attaquer Paris que Beyrouth. Paris est une ville de 2,2 millions d’habitants avec des milliers de cibles potentielles dans les cafés, les restaurants et les hôtels sans oublier les salles de concert et les stades. Et ces endroits sont peu surveillés même si on prend en compte les normes occidentales sur la surveillance du terrorisme. En revanche, Bourj al-Barajneh au sud de Beyrouth, qui a été attaqué par l’Etat Islamique le 12 novembre, est l’une des forteresses du Hezbollah. On estime que Bourj al-Barajneh est l’une des places les plus surveillées et les plus protégées dans l’est de la méditerranée. Notons qu’il n’y a pas de présence gouvernementale sur place, mais cet endroit est constamment surveillé par les milices et les partisans du Hezbollah. Bourj al-Barajneh n’a rien à voir avec le centre de Beyrouth où on remarque une certaine liberté avec les chrétiens libanais et les diplomates qui circulent en toute sécurité. Les services de renseignement occidentaux n’ont quasiment aucune présence à côté de Bourj al-Barajneh et même le Mossad a dû mal à s’aventurer dans cet endroit. Et n’oublions pas qu’on parle du Hezbollah, le même groupe qui avait tenu en échec toute l’armée d’Israël.

    Et le fait que l’Etat Islamique a pu pénétrer et bombarder Bourj al-Barajneh est un développement monumental dans la guerre en Syrie. Il démontre les capacités opérationnelles sans précédent de Daesh et l’organisation terroriste vient d’envoyer une balle enflammée et sanglante dans le camp du Hezbollah. Ce groupe d’origine chiite a été humilié sur son propre terrain et il manque de ressources pour protéger ses propres bastions contre les attaques de Daesh qui est d’origine sunnite. Depuis plusieurs mois, les rumeurs font état d’une opération de grande envergure par le Hezbollah et l’Iran et certains estiment que l’attaque de Beyrouth est une réponse de Daesh à l’engagement possible du Hezbollah et de l’Iran dans la guerre en Syrie. Et si c’est le cas, alors cela pourrait changer considérablement la donne.

    La seconde raison est le mouvement des forces dans la région. L’Iran finance le Hezbollah et de ce fait, le pays pourrait être la prochaine cible de Daesh. Une chose est certaine, l’Iran et le Hezbollah vont engager bien plus de troupes terrestres dans leur combat contre Daesh que les pays occidentaux incluant la France. Le 15 novembre 2015, le ministre iranien du renseignement, Mahmoud Alavi, a averti qu’après Beyrouth et Paris, Téhéran pourrait être la prochaine cible de l’Etat Islamique. Le lendemain, le général Ahmad Reza Pourdestan, le commandant en chef des forces terrestres iraniennes, a déclaré que l’Etat Islamique se prépare à envahir l’Iran. Il a averti que si Daesh s’approche de 50 kilomètres de la frontière entre l’Iran et l’Irak, alors les forces iraniennes vont s’engager pleinement dans le conflit. Et même si on peut dire que c’est juste des déclarations, elles nous semblent plus fiables que les mots de François Hollande qui veut détruire Daesh. Pour détruire Daesh, il faut que la France engage des troupes terrestres et il y a actuellement 0 militaire français dans la guerre en Syrie.

    Dans le même temps, le Dr David Kilcullen, l’un des meilleurs experts dans la contre-insurrection, a averti que non seulement, il est trop tard pour détruire Daesh, mais c’est également trop tard pour le contenir. On a attendu trop longtemps et on a laissé pourrir la situation pendant des mois. Les réactions des gouvernements occidentaux, qui ont fait la politique de l’autruche, ressemblent à un cheval qui vient de s’enfuir alors qu’ils tentent de le rattraper en marchant avec des béquilles. Et ce n’est pas une question d’impuissance occidentale, car les attaques sur Paris vont créer une solidarité entre les Américains, les Anglais et les Français, mais il faudra collaborer avec la Russie pour avoir une chance contre Daesh. Jusqu’à présent, on n’a vu aucune action concrète de la part de ces gouvernements pour engager des troupes terrestres en Syrie. L’Iran et le Hezbollah ne vont pas s’engager pour frimer, mais parce qu’ils n’ont pas le choix. Ils devront répondre après l’attaque de Beyrouth et ils doivent contenir ISIS avant qu’il ne s’approche trop près de leurs frontières. Les prochaines décisions de l’Iran et du Hezbollah seront cruciales pour le futur de la Guerre en Syrie.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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