L'Afrique face aux morsures de serpent


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    L’Afrique rurale fait face à une menace qui est souvent négligée. Les morsures de serpent.

    En juin 2016, les réserves d’antivenin les plus efficaces contre les vipères, les mambas et les cobras en Afrique seront épuisées. La seule entreprise qui les fabriquait vient d’arrêter la production. Et si on ne remplace pas ces antivenins, alors le nombre de morts pourrait devenir alarmant. Ce sont les avertissements lancés par les spécialistes lors d’un congrès sur les maladies tropicales qui s’est tenu en Suisse.

    Nous faisons face à une crise de santé qui est négligée et qui pourrait devenir une tragédie pour l’Afrique selon Gabriel Alcoba, un conseiller médical pour l’organisation Médecins sans frontières. Les serpents venimeux semblent être une menace archaïque dans notre monde en constante urbanisation. Mais même avec des prévisions à la baisse, on estime que les morsures de serpent tuent plus de 100 000 personnes dans le monde chaque année. C’est supérieur au nombre de victimes des catastrophes naturelles. Et on ne compte pas les victimes qui souffrent de handicap physique ou mental à cause de ces morsures.

    Sanofi a arrêté la production d’un antivenin efficace

    En 2012, l’entreprise pharmacologique française Sanofi Pasteur, basée à Lyon, a cessé la production de Fav-Afrique. Ce dernier est un sérum d’antivenin qui réduit la quantité de venin qui circule dans le sang de la victime. Cet antivenin est conçu à partir de plasma provenant de porteurs qui ont reçu de petites quantités de venin. Le Fav-Afrique neutralise le venin des serpents les plus dangereux qu’on peut trouver en Afrique. Cet antidote a sauvé la vie de nombreuses personnes qui étaient mordues par des serpents mortels tels que la vipère des Pyramides (Echis ocellatus) qui est fréquente en Afrique de l’ouest ainsi que le Mamba noir (Dendroaspis polylepis) qu’on trouve en Afrique subsaharienne. Mais les couts élevés, de 250 à 500 dollars par personne, et une pénurie impliquent que seuls 10 % des victimes peuvent recevoir le traitement. Sanofi cesse sa production parce que ce n’est plus rentable. Des produits moins chers ont forcé Sanofi à quitter le marché africain selon un porte-parole de l’entreprise. Mais Sanofi travaille avec d’autres entreprises pour leur proposer son antivenin pour que ces entreprises prennent le relais de la production du Fav-Afrique.

    Des compagnies pharmacologiques en Afrique du Sud, en Inde, au Mexique et au Costa Rica sont les principaux concurrents de Sanofi. Ces entreprises proposent surtout des antivenins contre des serpents dans leur propre pays. Et le problème est qu’on ignore l’efficacité de leurs antivenin contre les serpents africains dans des tests cliniques. Pour accélérer le processus, MSF va proposer 2 de ses hôpitaux en République centrafricaine et au Soudan pour qu’ils deviennent des centres d’études. Mais il faudra au moins 2 ans avant de valider les produits et aucun ne possède une protection aussi large que le Fav-Afrique selon Alcoba.

    Une menace négligée

    La menace des morsures de serpent est devenue critique en Afrique, mais ce problème stagne depuis des années selon David Warrell, spécialiste en médecine tropicale de l’université d’Oxford et consultant à l’OMS. Les morts provoquées par les morsures de serpent continuent d’augmenter en République centrafricaine, au Ghana et au Chad. Les principales raisons sont le manque de formation du staff médical, l’ignorance des ministères de la Santé et un marketing d’escroquerie qui propose des antivenins totalement inefficaces. Les pays ravagés par la guerre ont beaucoup d’autres problèmes et la voix des paysans pauvres et les nomades, qui sont les plus touchés par les morsures de serpent, ne montent jamais jusqu’à l’oreille des politiciens dans les grandes villes.

    Et selon Warrell, l’OMS fait peu de choses pour résoudre ce problème. Pour améliorer la fiabilité et la sécurité des anticorps, l’agence a publié des directives pour des antivenins. Mais il n’a pas de programme officiel pour améliorer les traitements par le personnel médical ou conseiller les ministères pour éduquer les communautés. L’OMS fait déjà toutes ces choses pour 17 maladies tropicales qui sont négligées telles que la Dengue ou la maladie du sommeil. Mais Warrell estime que les morts provenant des morsures de serpent provoquent plus de morts que ces 17 maladies réunies. Il ajoute que dans l’attente des essais cliniques sur les alternatives du Fav-Afrique, les clés pour réduire les morsures sont l’éducation et la prévention. On doit éduquer les personnes à porter des chaussures, utiliser la lumière quand ils rentrent chez eux et de ne pas dormir au raz du sol tout en utilisant un moustiquaire. Et pour Alcoba, les choses commencent à s’améliorer, car la communauté sanitaire commence à comprendre l’urgence de la situation. À une époque, elle rigolait quand on lui parlait de morsure de serpent, mais aujourd’hui, on voit qu’ils rigolent moins quand ils voient le nombre de morts.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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