Le satellite japonais Hitomi/Astro-H est officiellement mort


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  • L’agence spatiale japonaise doit se rendre à l’évidence. Son satellite Hitomi/Astro-H est définitivement perdu à cause d’une mauvaise erreur d’ingénierie.


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    Le satellite Hitomi/Astro-H est définitivement à cause d'une mauvaise erreur d'ingénierie.

    Le satellite Hitomi/Astro-H, qui a été lancé le 17 février 2016, est devenu hors de contrôle 5 semaines plus tard. La cause est une simple erreur d’ingénierie. Le satellite a tenté de reprendre le contrôle lorsqu’il tournait à toute vitesse sur lui même. Et le système de contrôle a déclenché la propulsion provoquant une accélération alors qu’il aurait fallu ralentir. Le 28 avril 2016, la Japan Aerospace Exploration Agency (JAXA) a déclaré la mort officielle du satellite Hitomi/Astro-H. Il a couté près de 286 millions de dollars. Les panneaux solaires ont endommagé des parties essentielles du satellite.

    Le premier problème avec le Star Tracker du satellite Hitomi

    Hitomi était considéré comme l’avenir de l’astronomie par rayon X. C’est une tragédie scientifique selon Richard Mushotzky, un astronome de l’université du Maryland. Le satellite a quand même réussi une observation cruciale avant l’accident. Il a capturé des mouvements dans un amas de galaxies dans la constellation Persée. L’instrument qui a fait l’observation, un spectromètre à haute résolution, fonctionnait depuis 3 décennies. On avait déjà perdu 2 variantes de cet instrument avec des satellites qui ont aussi rencontré des problèmes.

    Les problèmes d’Hitomi ont commencé dans les semaines après son lancement. Plus précisément, cela concernait le Star Tracker qui permet au satellite de s’orienter correctement dans l’espace. Le Space Tracker a eu des Glitches lorsqu’il est passé au-dessus de la cote est de l’Amérique du Sud à travers une région qu’on connait comme l’Anomalie magnétique de l’Atlantique Sud. Dans cette région, les radiations qui enveloppent la Terre subissent une légère baisse ce qui expose les satellites à des doses supplémentaires de particules énergétiques.

    Des problèmes à la chaine

    En soi, ce n’était pas un problème fatal, mais le souci de Star Tracker a créé un effet de domino qui a endommagé irrémédiablement le satellite Hitomi. Le 29 mars 2016 à 15:01 en heure japonaise, le satellite a commencé une manoeuvre programmée pour se tourner vers la galaxie Markarian 205. Pendant le mouvement, les lacunes du Star Tracker ont forcé Hitomi à se baser sur un ensemble de gyroscopes pour calculer son orientation dans l’espace. Mais ces gyroscopes donnaient une fausse mesure sur le fait que le satellite tournait à une vitesse de 20 degrés par heure. De petits moteurs se sont activés pour compenser cette orientation.

    Si la propulsion devenait maximale, alors une tige magnétique devait se déployer pour empêcher une accélération hors de contrôle. Mais la tige magnétique doit être orientée correctement en 3 dimensions et elle n’a pas réussi à le faire. Et le satellite a accéléré encore et encore. Le satellite Hitomi est passé en mode sans échec à 16 h 10 et il a déclenché ses propulseurs pour arrêter la rotation. Mais comme on avait déclenché la mauvaise commande, alors cela a augmenté l’accélération de l’orientation. La mauvaise commande a été téléchargée sans des tests préalables sur le satellite et la JAXA est en train d’enquêter ce qui s’est passé.

    Et tous ces problèmes ont eu lieu alors que Hitomi était de l’autre côté de la Terre et les ingénieurs au Japon ne pouvaient pas communiquer directement pour prendre le contrôle en temps réel. Aux États-Unis, l’équipe s’est couchée en croyant que le satellite Hitomi/Astro-H était un succès, mais le lendemain, ils ont reçu un mail que tout partait en vrille… littéralement. Le satellite tournait sur lui-même toutes les 5,2 secondes.

    Des opportunités perdues

    Dan McCammon, un astronome de l’université du Wisconsin-Madison, a permis de créer le principal instrument de Hitomi. Un calorimètre de rayon X qui mesure l’énergie des photos en rayon X avec une précision inégalée. Il travaille sur cette technologie depuis 30 ans avec des versions pour la mission ASTRO-E qui a échoué en 2000 et pour le satellite Suzaku, dans lequel une fuite d’hélium a endommagé l’instrument en 2005.

    McCammon a déclaré qu’il faudrait 50 millions de dollars de la NASA et 3 à 5 ans de plus pour remplacer le calorimètre. Une version existe déjà pour la mission Athena de l’Agence Spatiale européenne, mais cette dernière ne sera pas lancée avant 2028. Le calorimètre est la plus grande perte selon Makoto Tashiro, un astrophysicien de l’université de Saitama au Japon. Il aurait collecté des détails extraordinaires sur les étoiles qui ont explosé, les amas galactiques et le gaz entre les galaxies. Nous avons perdu un pan entier d’une nouvelle science selon ce chercheur.

    Mais Hitomi n’est pas mort sans rien apporter à la science. À cause des échecs précédents avec Suzaku, les scientifiques d’Hitomi ont effectué une observation cruciale dès le début de la mission. 8 jours après le lancement, Hitomi a tourné son regard en rayon X vers l’amas de Persée qui est situé à 250 millions d’années-lumières de la Terre. En mesurant la vitesse du gaz qui s’écoule de l’amas, Hitomi peut révéler comment la masse des amas galactiques change au fil du temps à mesure que les étoiles naissent et meurent. Et cette mesure est un test essentiel pour comprendre l’énergie noire. Selon Mushotzky, cette seule observation pourra donner quelques papiers scientifiques, mais rien de plus. Nous avons eu 3 jours d’observation alors que nous espérions 10 ans.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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