Des centaines d’espèces ont traversé le Pacifique à cause du Tsunami de 2011


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  • C’est une conséquence plutôt inattendue. À cause du tsunami de 2011, les chercheurs ont découvert des centaines d’espèces côtières qui ont traversé l’océan pour atteinte les cotes d’Hawaï et de la Côte Ouest des États-Unis en utilisant les débris de plastique comme des radeaux improvisés. C’est la première fois qu’on voit un voyage transocéanique d’une telle ampleur.


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    Des limaces de mer, provenant d'un navire japonais, qu'on a trouvé dans l'Oregon en 2015 - Crédit : John Chapman
    Des limaces de mer, provenant d'un navire japonais, qu'on a trouvé dans l'Oregon en 2015 - Crédit : John Chapman

    Le tsunami japonais de 2011 a provoqué un phénomène sans précédent. Pour la première fois dans l’histoire, les scientifiques ont détecté des communautés entières d’espèces côtières qui ont traversé l’océan en flottant sur des radeaux improvisés. Près de 300 espèces sont apparues sur les rives d’Hawaï et de la côte ouest des États-Unis, associées aux débris du tsunami. 1

    Le tsunami du 11 mars 2011 a été déclenché par un tremblement de terre d’une magnitude de 9,0 qui a frappé le Japon le même jour. À son point le plus élevé, le tsunami a atteint une hauteur de 38 mètres sur la côte japonaise de Tohoku et il a balayé des millions d’objets en mer allant de petits morceaux de plastique jusqu’aux bateaux de pêche et des quais. Ces types d’objets, selon les scientifiques, ont permis aux espèces de faire un voyage transocéanique.

    Je ne pensais pas que la plupart de ces organismes côtiers pouvaient survivre en mer pendant de longues périodes selon Greg Ruiz, coauteur et biologiste marin du Smithsonian Environmental Research Center. Mais sur de nombreux aspects, ils n’en avaient pas l’occasion dans le passé. Désormais, le plastique peut se combiner avec les tsunamis et les tempêtes pour créer cette opportunité à grande échelle.

    Les scientifiques ont commencé à trouver des débris de tsunami à Hawaï et dans l’ouest de l’Amérique du Nord en 2012 avec des organismes vivants qui étaient encore attachés. De 2012 à 2017, les chercheurs ont trouvé des débris incluant des bouées, des caisses, des navires et des quais. Au total, ils ont détecté 289 espèces vivantes sur des débris de tsunami provenant du Japon et ils soupçonnent qu’il y en a bien plus. Même si les arrivées de ces espèces ralentissent, elles continuent de venir. L’équipe a encore trouvé de nouvelles espèces lorsque la période d’étude s’est terminée en 2017.

    Un navire japonais échoué en Oregon. Des espèces cotières l'ont utilisé pour traverser l'océan - Crédit : John Chapman

    Un navire japonais échoué en Oregon. Des espèces cotières l’ont utilisé pour traverser l’océan – Crédit : John Chapman

    Les mollusques comme les moules étaient les plus fréquents parmi tous les groupes d’invertébrés. Les vers, les hydroïdes (anémone de mer et les proches des méduses), les crustacés et les bryozoaires, qui forment des colonies sous-marines semblables à des branches, suivent les mollusques sur la fréquence. Près des deux tiers des espèces n’ont jamais été observées sur la côte ouest des États-Unis. On ne connait aucune espèce qui peut survivre à un voyage transocéanique entre les continents, notamment parce que l’océan est considéré comme un environnement plus hostile que les eaux plus hospitalières des côtes.

    Cependant, la vitesse plus lente des radeaux océaniques (1 ou 2 noeuds par rapport à 20 noeuds ou plus pour les navires commerciaux) permettrait aux espèces de s’adapter progressivement à leurs nouveaux environnements. Le rythme lent de ces îles flottantes a peut-être facilité la reproduction de certaines espèces et leurs larves peuvent s’attacher aux débris.

    L’augmentation des plastiques marins et d’autres débris plus durables ont également facilité la survie selon les chercheurs. Une grande partie des débris étaient en fibre de verre ou d’autres matières plastiques qui ne se décomposaient pas et qui pouvaient survivre facilement pendant 6 ans et plus en mer. Ces matériaux ont commencé à devenir fréquents au milieu du 20e siècle et leur position dominante ne devrait qu’augmenter.

    Il y a une forte probabilité que les déchets marins continuent d’augmenter selon l’auteur principal James Carlton, un expert en espèces envahissantes. Selon un rapport de 2015 dans la revue Science, plus de 10 millions de tonnes de déchets plastiques entrent dans l’océan chaque année et ce chiffre peut augmenter par un facteur de 10 en 2025. Les ouragans et les typhons, qui vont devenir plus fréquents en raison du changement climatique, peuvent aussi déverser les débris dans l’océan.

    Jusqu’à présent, on n’avait aucune espèce connue qui avait colonisé la côte Ouest directement en raison du tsunami de 2011. Mais cela peut prendre des années pour détecter une population nouvellement établie. C’est sans doute l’une des plus grandes expériences naturelles non planifiées en biologie marine selon le co-auteur John Chapman de l’Oregon State University. Mais les scientifiques estiment que la prévention est le moyen le plus efficace de lutter contre les espèces envahissantes. Comme la prévention des tsunamis n’est pas une option, Ruiz a suggéré qu’on devrait se concentrer sur la gestion du plastique.

    Sources

    1.
    Tsunami-driven rafting: Transoceanic species dispersal and implications for marine biogeography. Science. http://dx.doi.org/10.1126/science.aao1498. Accessed September 28, 2017.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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