Considérer les abeilles domestiques comme des animaux d’élevage ?


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  • Dans un éditorial, des experts de la protection de l’environnement estiment qu’il faut considérer les abeilles domestiques comme des animaux d’élevage, car elles peuvent participer au déclin des pollinisateurs sauvages à cause de la compétition des ressources. L’effondrement des ruches est un problème agricole tandis que le déclin des pollinisateurs est un problème environnemental.


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    Dans un éditorial, des experts de la protection de l'environnement estiment qu'il faut considérer les abeilles domestiques comme des animaux d'élevage, car elles peuvent participer au déclin des pollinisateurs sauvages à cause de la compétition des ressources. L'effondrement des ruches est un problème agricole tandis que le déclin des pollinisateurs est un problème environnemental.

    Les phénomènes d’effondrement, qui se produisent dans les colonies d’abeilles domestiques, ne doivent pas être confondus avec la crise de conservation des déclins spectaculaires de milliers d’espèces de pollinisateurs sauvages selon des chercheurs de Cambridge.

    Ne pas confondre les abeilles domestiques et les pollinisateurs

    En publiant leur éditorial dans la revue Science, les défenseurs de l’environnement soutiennent qu’il existe un manque de distinction dans la compréhension publique, alimentée par des campagnes de charité et des reportages médiatiques erronés, entre un problème agricole et un problème urgent de biodiversité. En fait, ils estiment que les abeilles domestiquées contribuent aux déclins des abeilles sauvages par la concurrence des ressources et la propagation des maladies avec des initiatives environnementales favorisant les abeilles dans les villes ou pire, dans des zones protégées loin de l’agriculture en exacerbant le déclin des pollinisateurs sauvages.

    La crise du déclin mondial des pollinisateurs a été associée à une seule espèce qui est l’abeille mellifère, mais c’est l’une des rares espèces de pollinisateurs qui est continuellement reconstituée par l’élevage et l’agriculture selon le co-auteur Jonas Geldmann du Département de l’Université de Cambridge. Le fait de sauver l’abeille domestique ne sauvera pas la faune sauvage. Les abeilles mellifères de l’Ouest sont une espèce gérée commercialement qui peut avoir des effets négatifs sur leur environnement immédiat à cause de leur introduction massive dans les environnements. Comme nous le notions dans un précédent article, dire qu’on va protéger tous les pollinisateurs en sauvant les abeilles domestiques est comparable à protéger tous les oiseaux en sauvant uniquement les poulets.

    Le déclin des pollinisateurs sauvages

    Les niveaux de pollinisateurs sauvages tels que les espèces de bourdons solitaires, de papillons nocturnes et de syrphes continuent de baisser à un rythme alarmant. Actuellement, jusqu’à 50 % de toutes les espèces d’abeilles européennes sont menacées d’extinction selon M. Geldmann. Les abeilles sont vitales pour de nombreuses cultures tout comme les pollinisateurs sauvages avec certaines évaluations suggérant que les espèces sauvages fournissent jusqu’à la moitié des services de pollinisation nécessaires pour les trois quarts des cultures d’importance mondiale qui nécessitent la pollinisation.

    Cependant, les colonies d’abeilles pour la pollinisation des cultures sont problématiques. Les principales cultures à fleurs telles que les fruits et le colza fleurissent pendant plusieurs jours ou semaines alors que les abeilles sont actives de 9 à 12 mois et voyagent jusqu’à 10 km de leurs ruches. Cela se traduit par un débordement massif des abeilles d’élevage dans le paysage avec une concurrence potentielle avec les pollinisateurs sauvages. Une étude récente par le co-auteur de l’éditorial, le Dr Juan P. González-Varo, montre que les niveaux d’abeilles domestiques dans les régions boisées du sud de l’Espagne sont 8 fois plus élevés après la floraison des orangers.

    Contrôler l’étendue de l’apiculture

    L’apiculture est une activité extractive qui enlève le pollen et le nectar de l’environnement qui sont des ressources naturelles nécessaires à de nombreuses espèces sauvages d’abeilles et d’autres pollinisateurs selon González-Varo du département de zoologie de Cambridge. Les abeilles sont des animaux d’élevage en se reproduisant artificiellement comme les cochons et les vaches sauf que ce bétail peut se déplacer au-delà de toute enceinte pour perturber les écosystèmes locaux par la compétition et la maladie.

    Comme c’est le cas avec d’autres animaux d’élevage intensif, le surpeuplement et les régimes homogènes ont réduit le système immunitaire des abeilles et ils ont fait grimper les taux de pathogènes dans les ruches commerciales. Les maladies sont transférées à des espèces sauvages lorsque les abeilles se nourrissent des mêmes fleurs semblables aux germes qui passent entre les humains à travers une tasse de café qui est consommée par plusieurs personnes.

    Ce processus accentue la pression sur les espèces d’abeilles sauvages européennes menacées telles que le grand bourdon jaune, qui était autrefois présent au Royaume-Uni, mais qui a perdu 80 % de son aire de répartition au cours des derniers 50 ans. Les pollinisateurs sauvages et domestiques sont touchés par des effets anthropogéniques allant de la perte de haies au changement climatique qui provoquent la mort de nombreuses abeilles d’élevage et le déclin des espèces de pollinisateurs sauvages au cours des dernières années et décennies.

    L’effondrement des colonies d’abeilles est susceptible d’être un canari dans la mine de charbon qui est reflétée par de nombreuses espèces de pollinisateurs sauvages. L’attention sur les abeilles domestiques peut aider à sensibiliser, mais les actions doivent également être dirigées vers nos espèces menacées selon Geldmann. La dernière décennie a vu une explosion de la recherche sur la perte d’abeilles domestiques et les dangers que cela représente pour les cultures, mais peu de recherches ont été menées pour comprendre les déclins des pollinisateurs sauvages incluant le rôle négatif potentiel des abeilles domestiques.

    Geldmann et González-Varo recommandent des politiques pour limiter l’impact des abeilles mellifères gérées incluant les limites de taille des ruches, le déplacement des colonies pour suivre la floraison des différentes cultures et des contrôles plus importants sur les ruches aménagées dans les aires protégées. Les abeilles domestiques peuvent être nécessaires pour la pollinisation des cultures, mais l’apiculture est une activité agraire qui ne doit pas être confondue avec la conservation de la faune concluent les chercheurs.

    Source : Science (http://science.sciencemag.org/cgi/doi/10.1126/science.aar2269)

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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    1 réponse

    1. LABOUREUR dit :

      Ce n’est pas l’abeille qui est en cause dans la disparition des pollinisateurs, c’est l’absence de biodiversité causé par l’agriculture et la pollution. Il y a 40 ans tout se passait encore très bien, la nature fait bien les choses, c’est encore l’homme qui est en cause à force d’intervenir sur les milieux naturelles. Si nous revenons à une agriculture naturelle la biodiversité reviendra.

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