American Gods, une véritable claque !


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  • American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d’oeuvre.


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    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    La série American Gods est diffusée depuis le 30 avril 2017 et la première saison contient 8 épisodes. Elle est tiré du roman de même nom par Neil Gaiman et quand vous obtenez un score positif de 94 % sur Rotten Tomatoes (Game of Thrones est à 95 %), alors vous pouvez être garanti que vous allez assister à une série proche du chef d’oeuvre. American Gods est diffusé sur la chaine câblée Starz aux États-Unis et sur Amazon Prime dans le reste du monde. Amazon Prime a dû mal à décoller par rapport à Netflix, mais on peut dire qu’il a gagné son pari en obtenant les droits exclusifs d’American Gods.

    American Gods raconte l’histoire d’une guerre des dieux. Les anciennes divinités mythiques et les nouveaux dieux. Et même si on peut s’en référer comme des Dieux Américains, il serait plus juste de les considérer comme les Dieux de la vie moderne. American Gods commence avec le personnage d’Ombre Moon qui est en prison et qui va bientôt être libéré pour rejoindre sa femme. Manque de pot, sa femme se fait légèrement tuer dans un accident de voiture et voilà qu’Ombre Moon est un peu dépité comme vous pouvez l’imaginer.

    American Gods est une bouffée de fraicheur

    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    Dans l’avion qui l’emmène pour assister à l’enterrement, il rencontre un vieux personnage appelé Mr Voyageur qui lui propose un boulot comme garde du corps. Notons que dans la version originale, ce personnage s’appelle Mr Wednesday et on ne comprend pas trop la traduction. Après quelques hésitations pour la forme, Ombre Moon accepte le boulot. Petit conseil à ceux qui cherchent du boulot… Si quelqu’un vous propose de signer le contrat avec 3 verres d’hydromel, il est recommandé d’être méfiant. Le rôle d’Ombre est d’emmener Mr Voyageur un peu partout aux États-Unis où il doit rencontrer quelques “amis” pour les rassembler dans un coin perdu du Wisconsin.

    On va le dire tout de suite, le scénario d’American Gods est assez mince et en fait, on n’en a pas trop besoin. Le scénario est un prétexte pour montrer la mise en scène et la réalisation de dingue. Certaines scènes ressemblent à de véritables tableaux de maitre et même si je ne suis pas généralement partisane de ce genre d’artifice, on doit reconnaitre qu’American Gods le réussit à la perfection. Pour ceux qui seraient un peu surpris par le début de l’histoire, sachez simplement que Mr Voyageur est un Dieu et qu’il rassemble d’anciens Dieux pour se battre contre les nouveaux Dieux. Malgré cette ligne directrice assez simple, American Gods montre toute la finesse de son propos à tel point qu’on n’a pas besoin d’un scénario très touffu. Vous regardez la scène et vous comprenez exactement ce qu’elle veut dire. Pas besoin de mettre un panneau étincelant pour vous faire piger le truc.

    Les Dieux et les créatures dans American Gods

    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    Donc, notre Mr Voyageur va rassembler son armée de Dieux et de créatures mythiques et une chose très intéressante est qu’American Gods exploite des mythes assez diversifiés. Même si on retrouve un peu de mythologie grecque, judéo-chrétienne et évidemment nordique, le patchwork est assez bien fait même si certains personnages méritaient des épisodes à part entière.

    En premier lieu, on a donc Mr Voyageur qui est Odin, le principal Dieu de la mythologie Nordique, vous avez également Chernobog (que j’avais confondu avec Thor) qui est issu de la mythologie Slave, Vulcain issu de la mythologie romaine, le Leprechaun, une créature du Folklore irlandais (ce n’est pas un lutin) et Bilquis qui est la Reine de Saba qui provient des religions monothéistes. Dans American Gods, Bilquis est représenté comme la Déesse de la Séduction ce qui est un peu étrange. Il y a d’autres personnages dont le point commun est qu’ils ne sont pas communs. Par exemple, Laura Moon, qui est la femme d’Ombre Moon, morte puis rescucitée en devenant une sorte de zombie à la puissance XXL. La force d’American Gods est qu’il n’y a personne de normal et le génie des créateurs est de les avoir mis dans des situations normales. Par exemple, Vulcain est associé aux armes à feu et chaque fois que quelqu’un utilise une arme, alors c’est un sacrifice à ce Dieu. C’est simple, bien trouvé et s’intègre magnifiquement dans l’histoire. Et si vous cherchez Jésus, sachez qu’il git criblé de balles sur les bords du fleuve Rio Grande entre le Mexique et les États-Unis en se sacrifiant pour sauver la vie des migrants mexicains.

    Les personnages récurrents sont également intéressants avec les 3 Zorya issues également de la mythologie slave. On a l’étoile du Berger (la planète Vénus), l’étoile du Matin et l’étoile de Minuit. Les anciens Dieux ne seraient rien sans la mythologie égyptienne et on a donc Anubis, le Dieu qui aide les Morts à peser leur coeur contre une plume et Thot, le Dieu qui détient et transmet le savoir. Même l’Afrique est présente avec Anansi, l’esprit de toutes les connaissances qui arrive à provoquer une mutinerie dans un négrier en partance pour l’Amérique.

    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    Dans le camp adverse des Nouveaux Dieux, on a Mr Monde qui est la divinité suprême. Vous pouvez le considérer comme Skynet. Ensuite, on a Technical Boy qui est le Dieu de la Technologie qui ressemble à un employé de McDo. Vous avez également la Déesse des médias (interprété par Gillian Anderson s.v.p.) qui va prendre la forme de Marylin Monroe, de David Bowie et d’autres personnages célèbres. Pourquoi cette longue liste, car American Gods donne un peu de temps à chacun d’entre eux, mais comme je l’ai mentionné, on aurait aimé une saison de 24 épisodes tellement la richesse narrative est présente.

    Aucun parti pris sur les croyances

    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    Odin en a marre du monde moderne, car ce dernier a oublié tous les rites, les légendes et les anciens dieux. Donc, il veut faire la guerre pour exterminer les nouveaux dieux. Mais ces nouveaux Dieux sont bien plus puissants. En comparaison, le grand Odin en est réduit à gagner sa vie en escroquant les gens avec les cartes de crédit. Donc, il va tenter le tout pour le tout en réunissant le maximum de Dieux pour détrôner les nouveaux dieux. Ces derniers ne veulent pas se laisser faire, car leur monde est un modèle de classification, d’ordre, de consommation, de rationalité et de divertissement. Une phrase magnifique de la Déesse des médias est “qu’il suffit parfois d’une seule personne qui retourne à des anciennes croyances pour qu’il puisse nous menacer”.

    Dans ce combat, Ombre Moon va découvrir petit à petit ce monde caché des mythes. La scène avec le marteau qui saigne est un vrai délice. Cependant, j’ai trouvé ce personnage un peu en dessous. Il est passé d’une vie très rationnelle et il rencontre des Dieux à la suite et le jeu de l’acteur n’est pas forcément à la hauteur. La romance avec sa femme zombie, Laura Moon, parait également superflue. Même si le personnage de Laura Moon est très bien travaillé. On a tout un épisode qui est consacré à une de ces vies antérieures où elle croyait dur comme fer à toutes les anciennes croyances ce qui explique la présence d’un Leprechaun dans sa vie.

    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    Il y a des séries qui ont tenté d’exploiter la croyance et à chaque fois, elles sont tombées dans le parti pris et un jugement parfois infect. American Gods réussit le tour de force à rester neutre en présentant chaque croyance. Par exemple, elle n’a aucun problème à montrer un Djinn qui est gay et un musulman qui parcourt le pays pour le rencontrer (cherchez pas à comprendre et regardez simplement la série)… Ne la regardez pas avec vos enfants, car il y a des scènes chaudes. Cette neutralité inspire le respect, mais le plus intéressant est que les nouveaux dieux ne sont pas vraiment en guerre. En fait, ils proposent même aux anciens dieux de “trouver leur public” dans ce monde qui les a abandonnés. Les anciens dieux estiment que les nouveaux ne font qu’exploiter les humains alors qu’eux, ils les aidaient réellement à s’épanouir. On parlait de la mise en scène qui se passe d’explications et c’est exactement ce qu’on ressent. En filigrane, on sent la tentative d’opposer un monde superficiel à un monde spirituel plus ancien qui serait plus pur.

    La violence est présente dans American Gods, par exemple, la scène du lynchage d’Ombre Moon est une véritable oeuvre d’art. On ne sent pas le dégout et on comprend que cette violence est nécessaire et qu’elle n’est pas là pour rajouter une couche pour se faire vendre (c’est à toi que je parle The Walking Deads). Dans les anciennes croyances, la violence fait partie intégrante de la vie et la renier revient à abandonner la nature elle-même dans sa pureté. Les scènes de cul sont présentes, mais encore une fois, ce n’est pas un argument de vente. Même vous vous posez des questions quand Bilquis, la Reine de Saba, a tendance à bouffer des mecs par son vagin (cherchez toujours pas à comprendre et allez regarder la série).

    Une invitation à la contemplation

    American Gods est un véritable bijou qui a quasiment débarqué de nulle part. Une mise en scène parfaite et une réalisation sublime pour un chef d'oeuvre.

    On a du cul, de la violence, mais paradoxalement, American Gods est une série à la limite de la contemplation. Dans une scène, Odin incite Ombre Moon à faire tomber de la neige par la force de sa pensée. C’est une mécanique assez banale dans les séries de fantastique, mais la scène est quasi onirique avec un gros plan entre un gobelet de chocolat rempli de Marshmallows blancs et la neige. On contemple juste la scène même si elle apporte peu de choses à l’histoire. Et il y a énormément de scènes de ce genre dans American Gods. On a parlé de la vie antérieure de Laura Moon et l’épisode est tellement mitonné aux petits oignons qu’on se sent nostalgique où on croyait aux Dieux et aux légendes que nous racontaient nos grands-parents. Mais cet épisode montre également la réalité dans sa brutalité et ce mélange constant entre le mythe et le réel est la véritable recette magique d’American Gods.

    Je pourrais écrire beaucoup de choses sur American Gods et je vous ai à peine spoilé la série (enfin si, mais on s’en fout). Mais cette série est une véritable bombe artistique, visuelle, sonore et narrative  qui contraste totalement aux séries de merde qui sortent comme des produits en chaine. Malheureusement, la première saison est toujours la plus soignée et on ignore s’ils ne vont pas tout gâcher avec la seconde saison comme ils l’ont fait avec Outcast dont j’avais dit tout le grand bien de la première saison. Espérons que non, car le monde des séries a besoin d’American Gods pour sortir de sa médiocrité ambiante.

    mm

    Madeleine Jussier

    Dégoutée du monde, je me concentre sur l'actualité insolite et culturelle. Fan de série et de film et je n'hésite pas à critiquer l'idiotie humaine. Passée par plusieurs journaux de la presse écrite.

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