Madagascar : Le Karana enchainé ou le kidnapping de karana comme un sport national


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    Il se ne passe pas une semaine sans qu’on apprend le kidnapping d’un karana alias membre de la communauté indienne à Madagascar. La dernière victime est un enfant de 10 ans qui a été kidnappé dans la ville de Tuléar. Les autorités cherchent activement les ravisseurs, mais le kidnapping de Karana est plus qu’un simple crime. C’est un jeu de chat et de la souris à la limite d’un sport national non officiel.

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    Une pratique qui dure depuis des décennies

    Les premiers kidnapping de Karana datent des années 1980. Autant dire que c’est une pratique qui fait partie intégrante dans la société. Régulièrement, on a des résurgences de cette pratique et les principales cibles sont évidemment les plus riches de cette communauté. La rançon peut aller de 100 millions à 500 millions d’ariary (soit 50 000 à 250 000 euros) selon la cible et sa richesse potentielle. Il serait facile de dire que le kidnapping de Karana est une sorte de redistribution de richesse ou quelque chose de spontané. Des criminels remarquent que telle ou telle personne est très riche et ils décident de le kidnapper.

    La réalité est différente, car ces kidnapping puissent aussi leurs racines dans le racisme ambiant et au fait que la communauté indienne ne s’est jamais totalement intégrée dans la société malgache. Et ce ne sont pas des cités résidentielles flambants neuves ultra-sécurisés qui vont nous dire le contraire. Cette pratique est lié aussi à l’image du karana qui doit être toujours riche même si la majorité des indiens de Madagascar sont dans la même merde que le malgache lambda. Toutefois, l’aspect voyant de quelques indiens riches qui sont une minorité dans la minorité contribue à véhiculer cette fausse image d’indien plein au as. La seconde raison n’a rien à voir avec le racisme, car elle est politique.

    Le kidnapping de Karana n’est pas fait par des amateurs

    Il serait risible de croire que des amateurs soient derrière le kidnapping des Karana. En général, ce sont tous des personnalisés bien placés soit dans l’économie ou la politique. Ce sont ces pontes qui vont avancer les fonds nécessaires pour préparer l’opération pour récupérer 10 à 20 fois leur mise. Dans certains cas, le kidnapping est une question de vengeance entre hommes d’affaires qui sévissent dans un milieu totalement corrompu. En 2012, on avait même découvert un karana qui avait organisé son propre kidnapping afin de ne pas rembourser ses créanciers ! Les causes de cette pratique sont multiples et cela montre que le kidnapping de karana n’est pas près de se terminer. Les causes de racisme et du manque d’intégration sont toujours présentes et le ressenti de la population face au monopole économique de la communauté indienne fait que la plupart des malgaches s’en foutent complètement et pensent que c’est bien fait pour leur gueule.

    Toutefois, les pratiques de kidnapping nuisent à l’économie dans son ensemble. Elles créent un climat de méfiance pour les investisseurs étrangers qui sont courtisés activement par le gouvernement actuel. Ce n’est pas un hasard si la première question d’un investisseur portera sur la sécurité dans le pays. Il est important de supprimer les causes sous-jacentes du kidnapping de Karana et cela passe aussi par une remise en question de la communauté indienne sur la place qu’elle veut occuper dans la société malgache. Cela passe aussi par l’arrestation des commanditaires plutôt que de simples sous-fifres pour l’exemple.

    Le titre de cet article a été inspiré par l’utilisatrice Twitter Tsilatovy Judicaël.

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

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    Boubakar Nguema

    Journaliste et réalisateur. Couvre principalement l'actualité africaine et panafricaine.

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