Madagascar : Un hamster sur sa roue


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  • Quand on regarde un Hamster qui court indéfiniment sur sa roue en faisant du surplace et la situation de Madagascar dans de nombreux domaines, alors on se rend compte qu’il n’y a aucune différence.


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    Quand on regarde un Hamster qui court indéfiniment sur sa route en faisant du surplace et la situation de Madagascar dans de nombreux domaines, alors on se rend compte qu'il n'y a aucune différence.

    Rivo est un vendeur de rues. Il vous propose des films, des séries et des documentaires. Un marché florissant parce qu’on peut acheter des séries entières pour un prix abordable pour la majorité. Mais Rivo était également un partisan du président Hery Rajaonarimampianina pendant sa campagne électorale. Il a donné bénévolement de son temps pour promouvoir la campagne et affirmer que le président va régler tous les problèmes. Rivo pensait que sa vie serait bien meilleure que pendant le régime de la transition. Mais il y a 2 semaines, des agents de la commune ont débarqué dans le marché où il vendait ses DVD et ils ont tout saisi. Rivo a perdu la totalité de son commerce en quelques heures. Il a payé l’amende en s’endettant et une grosse partie de sa marchandise fut perdue dans les limbes. Même les agents de la commune doivent apprécier les séries TV. Aujourd’hui, Rivo est amer et en colère face à la situation du pays. Au lieu d’améliorer la situation de la population, l’incompétence du pouvoir en place l’a plongé dans une misère sans aucun espoir de voir le bout du tunnel.

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    Un verrouillage total du pouvoir

    Si on regarde les événements des derniers mois, on se rend compte que le régime Rajaonarimampianina a imposé un verrouillage systématique que ce soit pour les ministères, mais également pour voter des lois qui empêchent toute critique sur la mauvaise gouvernance. Un régime oppressif ne se rend pas forcément compte des erreurs qu’il commet, car il est enfermé dans sa bulle. Le Code de la communication est un bel exemple. 18 députés ont détruit le concept même de la liberté d’expression et de la presse uniquement pour éviter qu’on vienne fouiner dans leurs affaires.

    Il y a de nombreux signes qui présagent une nouvelle crise. Une pauvreté galopante, le contrôle des médias, la grogne populaire et une stagnation qui précède généralement une explosion sociale. Les partisans acharnés du pouvoir en place sont aveuglés par leur propre idéologie et ils pensent que personne ne pourra rien faire contre eux. À son époque, Marc Ravalomanana était dans la même assurance, mais quelques mois ont suffi pour tout pulvériser. Mais le régime peut jouer aux sourds et aux aveugles puisque la communauté internationale ne regarde que le bilan sur les tableaux et il est plutôt positif. Le FMI a octroyé une nouvelle aide au pays et le prochain sommet de la Francophonie sera une occasion pour le régime de prouver que tout va bien dans le meilleur des mondes.

    Le cas Ramaroson

    Il y a quelques jours, Alain Ramaroson a été arrêté pour une affaire de litige foncier. Malgré que la police estime que c’est une affaire privée et qu’il n’y a pas de dessous politiques, les partisans de Ramaroson murmurent le contraire. Certains se réjouissent de cette arrestation, car le rôle sulfureux d’Alain Ramaroson dans les pillages de la crise de 2009 est un secret de polichinelle. Ramaroson est devenu une critique acerbe du pouvoir en place même s’il avait aussi pris ses distances par rapport au régime de Transition après la mort accidentalo-meurtro-attentat de Nadine Ramaroson. S’il y a une manipulation politique, alors cela pourrait dégénérer rapidement, car Alain Ramoroson est très proche de la classe la plus pauvre de la population, notamment des habitants des bas quartiers.

    Mais cela montre aussi que le pouvoir refuse de dialoguer avec l’opposition et que cette posture de camp retranché risque de l’isoler complètement de la population. Quand on voit la Première dame qui porte tranquillement une robe qui coute plusieurs décennies de salaire d’un malgache, alors on se dit que le rapprochement entre le gouvernement et le peuple n’est pas pour demain.

    Une xénophobie galopante

    Dans cette ambiance très tendue, les trafics en tout genre continuent de plus belle. Le bois de rose continue d’enrichir une minorité, mais on a également le trafic d’or qui est médiatisé avec des prospecteurs chinois qui ont des problèmes avec les propriétaires des terrains. Si on regarde le point de vue des chinois, alors tous leurs papiers semblent en règle, mais cela montre aussi que ni ces entrepreneurs, ni le pouvoir qui a accordé ces autorisations, n’ont discuté avec les habitants. D’où le rejet immédiat des exploitants étrangers.

    Cela permet aussi de provoquer une fièvre xénophobe contre les étrangers sans faire la part des choses et cela permet au pouvoir de se dédouaner, mais également d’intervenir comme le sauveur de la situation. Mais cette xénophobie est justifiée dans certains cas. L’accaparement des terres est devenu un véritable sport. Des Malgaches, qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, bradent leurs terres pour une bouchée de pain à de grosses entreprises appartenant aux communautés chinoises, indiennes ou européennes. À Antananarivo, on voit des immeubles flambants qui sortent de terre comme des champignons. Il semble que le crime rapporte énormément dans ce pays.

    Madame la maire

    Mais revenons à notre Rivo. Il en veut au pouvoir, mais c’est la commune qui chasse les marchands ambulants. Comme son mari, Lalao Ravalomanana a toujours été partisane d’une ville propre. Des marchands qui s’installent n’importe où font désordre dans la ville. Mais le chômage bat des niveaux records et les salaires sont une vraie misère. Dans ces conditions, de nombreuses personnes se lancent dans le commerce informel.

    Est-ce qu’une ville propre est mieux que des personnes pouvant gagner un petit quelque chose pour faire bouillir la marmite ? Selon la commune, la réponse est un oui. Sans le secteur informel, le pays aurait été totalement détruit après la crise de 2009 et il faut que les autorités cessent de les poursuivre comme des criminels. Mais on ne peut pas nier que la ville soit plus propre. Le problème des ordures a été plus ou moins réglé, mais si on n’a pas un commerce florissant, alors il n’y a aucune différence entre une ville propre et fantoche.

    Dans de nombreux domaines, Madagascar n’a quasiment pas bougé depuis 2009. Dans certains cas, la situation a empiré. Et quand on voit que sur les réseaux sociaux, certains n’hésitent pas à demander le retour d’Andry Rajoelina, alors on se dit que tout espoir de changement semble perdu. On pourrait aussi parler de la famine dans le sud qui menace la vie de milliers de personnes ou encore des énormes problèmes avec le projet Ambatovy, mais parfois, la situation est tellement désespérante qu’on préfère fermer les yeux et espérer des lendemains meilleurs.

     

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

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    Boubakar Nguema

    Journaliste et réalisateur. Couvre principalement l'actualité africaine et panafricaine.

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