Madagascar : un pays en morceaux à la dérive


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  • La sécheresse, le délestage, la famine, le chômage, l’accueil de dictateurs, chaque année, Madagascar s’enfonce un peu plus dans les abysses. Si le navire prend de l’eau depuis plusieurs années, on peut dire que la Grande Ile est en morceaux et qu’elle part à la dérive.


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    La sécheresse, le délestage, la famine, le chômage, l'accueil de dictateurs, chaque année, Madagascar s'enfonce un peu plus dans les abysses. Si le navire prend de l'eau depuis plusieurs années, on peut dire que la Grande Ile est en morceaux et qu'elle part à la dérive.

    Depuis plusieurs jours, la connexion internet par Telma est coupée. En cause, un problème avec le câble EASSy qui connecte Madagascar, les Comores, le Mozambique, le Botswana, la Tanzanie, l’île Maurice, le Kenya ou l’Érythrée. On ignore si le problème vient de notre côté ou s’il y a également des problèmes de connexion dans tous ces pays. La pénétration d’internet progresse à Madagascar grâce au mobile. Et étant donné que Telma avait le monopole de ce câble, il a pu casser les prix. Les prix au forfait de Telma sont 2 fois moins chers que ceux d’Orange ou d’Airtel.

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    Le prix du monopole de Telma

    C’est bien pour les consommateurs, mais on voit la limite du monopole, car quand il y a un problème, alors on a un Black out total. C’est là qu’on regrette qu’Orange n’ait pas eu l’autorisation d’installer son propre câble de fibre optique. Les pratiques d’Orange sont également abusives, mais cela donne des alternatives en cas de problème avec l’opérateur monopolistique. Et les effets pervers sont nombreux. Étant donné que Telma a pu casser les prix, tous les consommateurs se sont rués vers ses offres et tout le monde donc est dans la panade. De plus, Telma est l’un des rares à proposer des connexions illimitées par fibre optique ce qui fait que les entreprises sont dans la mouise. Telma a annoncé qu’il lui faudrait 15 jours pour réparer le câble. Mais dites donc, si cela prend autant de temps, alors on pourrait peut-venir aider puisqu’on n’a rien d’autre à faire dans le coin à cause des délestages qui paralysent le pays depuis plusieurs mois.

    Dans le noir

    3 heures le matin et 3 heures le soir, c’est la moyenne du délestage dans la capitale. Et encore, il parait qu’on est bien loti puisqu’en province, cela peut durer plusieurs jours. La gestion de la JIRAMA par le gouvernement au pouvoir est l’une des plus catastrophiques. On ne donne aucune explication ou plutôt on donne les meilleurs bobards qu’on puisse trouver.

    Le secteur informel paie le prix fort. Les cybercafés, les salons de coiffure, les ateliers de mécanique et de métallurgie, les restaurants ferment à tour de bras alors qu’ils sont le principal soutien de l’économie dans ce pays. L’incompétence du gouvernement frise avec un égocentrisme qui est abject. Le gouvernement a dépensé des centaines de milliards d’ariary pour le Sommet de la Francophonie en 2016 alors qu’une partie de cet argent aurait pu résoudre les problèmes d’énergie. Pour donner le change, on remplace régulièrement l’équipe de direction, mais c’est aussi efficace que de prendre du paracétamol quand on a le cancer.

    Il est hallucinant de voir que les problèmes de délestage de Madagascar sont similaires à ceux de l’Irak qui a pourtant été détruit par plusieurs années de guerre. En Irak, les habitants se débrouillent en se cotisant pour acheter de gros générateurs pour chaque quartier et on tire des câbles sur des kilomètres. Si la situation continue, on devra envoyer des Malgaches en Irak pour se former au système D. Si l’électricité est un problème, on a également la sécheresse et la pénurie d’eau qui pointe à l’horizon.

    Les yeux rivés vers l’eau du ciel

    En général, la saison des pluies à Madagascar commence vers le mois de novembre ou décembre. On est déjà à la fin de janvier et pas une seule goutte à l’horizon. La saison des pluies fait partie des piliers de Madagascar et on peut dire que c’est elle qui permet de démarrer l’année. Elle annonce la période des récoltes, elle alimente l’eau des barrages et elle offre un répit contre les grandes chaleurs. Mais la sécheresse sévit surtout dans le centre du pays, mais le sud est littéralement inondé avec des centaines de sinistrés. En général, c’est le contraire et on peut dire que c’est à chacun de boire la tasse.

    Pour expliquer la sécheresse dans le centre, la population avance de nombreuses explications. Cela va de la punition divine au changement climatique. Un certain président, qui nous avait promis de mettre fin au délestage en 3 mois, ne fait que survoler la ville toutes sirènes hurlantes pour éviter d’entendre ce que le peuple pense vraiment de lui. La réalité est que cette sécheresse est la conséquence du phénomène El Nino qui a été particulièrement puissant en 2016. Le changement climatique a un petit impact. Étant donné que la croyance a la vie dure, les différentes communautés religieuses organisent des prières pour qu’il pleuve. Si vous n’aviez pas rasé les forêts de bois précieux, on n’en serait pas là !

    Qui se rassemble s’assemble

    Après s’être pavané pendant le Sommet de la Francophonie, le gouvernement malgache a reçu la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan et d’un groupe composé de chefs d’entreprises du secteur privé. Officiellement, c’est pour renforcer les accords commerciaux entre la Turquie et Madagascar. Mais la vraie raison est qu’Erdogan voulait attaquer les activités de son principal opposant Fethullah Gülen. Heureusement, notre Hery ne s’est pas laissé prendre et il a botté en touche en disant qu’on verrait ça plus tard (oui beaucoup plus tard, car t’as encore le délestage à résoudre). Donc, on a le président turc qui vient donner des leçons de démocratie à Madagascar. Est-ce qu’on parle du fait que ce même Erdogan a failli se faire zigouiller par un Coup d’Etat l’année dernière ?

    Et après le Putsch manqué, Ergodan a tué des centaines de manifestants, emprisonné des milliers d’opposants, expulsé des dizaines de scientifiques dans le pays et sa complicité avec Daesh est plus que manifeste. Comment ose-t-on accueillir un tel énergumène alors que tous les pays du monde le fuient comme la peste ? Et concernant les bénéfices commerciaux pour Madagascar, on peut dire que c’est de la merde, car à part avoir une tête de Turc, on ne doit rien attendre de ce pays. Erdogan se prend plus pour un sultan qu’un partisan de la démocratie et de l’aide au développement.

    Il n’y a pas que les humains

    En plus des humains, les animaux sont également dans la merde à Madagascar. Les lémuriens Catta, l’emblème du pays, est une espèce menacée d’extinction. Ils disparaissent sous nos yeux selon les chercheurs et comme ce sont les lémuriens les plus polyvalents, alors les autres espèces sont encore plus menacées. Dans le même temps, on apprend que 75 % des espèces de primates vont disparaitre dans les 25 prochaines années si on ne fait pas quelque chose tout de suite. Et Madagascar est l’un des pays prioritaires où on doit protéger les espèces à tout prix. Le pays a quand même prévu une conférence pour la protection des primates, mais depuis des années, on organise conférence sur conférence qui coute la peau des fesses sans protéger les animaux. La biodiversité est l’un des principaux atouts de Madagascar dans le domaine touristique et ces sagouins sont prêts à la détruire pour du profit à court terme pour quelques entreprises. Le premier mois de 2017 n’est pas même pas encore terminé que Madagascar est déjà au point de rupture.

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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    1 réponse

    1. Nous sommes quelques Français à suivre l’actualité catastrophique de Madagascar. Je peux vous affirmer que suite au manque de sécurité de ce pays nous ferons notre possible pour retenir un maximum de touristes. Maurice JUDALET se souvient du lynchage de Nosy Bé en 2013 et à déposé un site pour mieux faire connaître cette affaire déjà lu par plus de 350 000 Internautes. Ce pays va mal mais à notre niveau, nous ne le soutiendrons pas.

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