Épidémie : Comprendre la brutalité chinoise


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  • La débilité occidentale face à la gestion chinoise de la crise n’a d’égal à une sinophobie de plus en plus affichée. Mais comprendre cette Chine implique de comprendre les deux piliers phobiques de ce pays.


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    La débilité occidentale face à la gestion chinoise de la crise n'a d'égal à une sinophobie de plus en plus affichée. Mais comprendre cette Chine implique de comprendre les deux piliers phobiques de ce pays.

    Depuis quelques semaines, la Chine fait face à une hausse de cas qui passerait comme ridicule pour les autres pays, mais dans une nation de 1,4 milliard de personnes, qui applique une stratégie du tolérance zéro, la moindre hausse fait appel à des moyens considérables. Depuis le début, la Chine a appliqué cette stratégie que même un seul cas est de trop. Elle n’hésite pas à confiner toute une ville même s’il y a 10 cas qui circulent.

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    Cette stratégie a marché ces deux dernières années, mais le cas de Shanghai a montré les limites de la tolérance zéro. Des pénuries alimentaires, des milliers de personnes qui ont perdu leur gagne-pain et chose exceptionnelle pour la Chine, une petite perte de confiance dans le gouvernement central. Cependant, l’Occident n’a pas vraiment de leçon à donner dans ce domaine quand on voit tous les métiers et les entreprises qui ont fait faillite en France et aux Etats-Unis.

    Mais pourquoi la Chine est-elle tellement obsédée par cette stratégie ? Il y a trois raisons dont deux qui sont purement historiques. D’une part, le fait de reconnaître l’échec de la stratégie de zéro covid implique que les pays, qui n’ont pas confiné, qui n’ont rien fait et qui vivent avec le virus, avaient raison et que la Chine avait tort depuis le début. La gestion chinoise n’est pas brutale aujourd’hui, elle l’a été dès le début en 2020.

    C’est pourquoi, les médias officiels chinois refusent en bloc toute tentative de changer de stratégie. La Chine ne “se couchera pas” devant le virus en faisant référence au concept d’abdication et de reddition dans une bataille. Pour eux, chaque vie compte et on ne laisser personne derrière. Cela peut être une position admirable, mais la question est resté inchangée depuis 2020. Est-ce qu’on doit ruiner la vie de 99 % pour sauver les 1 % ? La réponse est oui pour la Chine, mais cela se comprend aussi quand on regarde les deux piliers phobiques qui ont fait son histoire.

    La Chine est la civilisation la plus ancienne de l’humanité, elle existe depuis 4 000 ans en continu et elle a été en guerre civile tout au long de son histoire. Les proto-dynasties et les dynasties ont tenté d’unifier le pays pendant des siècles sans jamais réussir. Cela explique aussi pourquoi la Chine a trouvé une solution dans son autoritarisme actuel. Oui, cela peut être violent, mais c’est le seul moyen de contrôler, d’unifier et de développer un pays de plus de 1 milliard de personnes.

    Certes, la situation actuelle à Shanghai fait tanguer la stratégie, mais à aucun moment, les mécontents ne remettront en doute la doctrine officielle de Pékin qui est gravée dans le marbre par le premier article de la Constitution chinoise :

    La République populaire de Chine est un État socialiste de dictature démocratique populaire, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

    Quand vous avez la “dictature du prolétariat” dans l’article fondateur de votre constitution, vous pouvez être certain que le peuple chinois ne l’abandonnera pas de sitôt. Même si des vidéos de Shanghai, plus ou moins confirmées, montrent des gens en colère, une bonne partie du pays continue à fonctionner. Et en fait, ils ne se disent pas : “Shanghai va nous permettre de renverser le pouvoir”. Non, c’est plutôt, “Tirons les leçons de Shanghai et faisons le stock de provisions”.

    Evidemment, certains illuminés, dont je fais partie, peuvent penser que la Chine fait exprès de confiner pour mettre l’Occident à genoux. Mais le Parti Communiste Chinois, étant basé sur la “Dictature du peuple”, ne mettra jamais en danger son propre peuple pour faire de la politique étrangère. Quand les Chinois manifestent, ce n’est pas pour endosser des gilets jaunes et brandir des pancartes, ils sont beaucoup plus “rugueux”. L’affaire de Hong-Kong nous montre qu’il a fallu des mois aux autorités chinoises pour mettre les manifestants au pas, car la consigne était d’utiliser le moins de brutalité possible. L’inverse de ce qui s’est passé en France avec les gilets jaunes. La différence est que la France est gouverné par des traîtres depuis 40 ans tandis qu’en Chine, on fusille les traitres.

    De plus, la Chine n’aurait pas besoin de faire ce genre d’artifices pour pénaliser l’Occident. Elle le ferait à visage ouvert, car cela fait maintenant plus de 7 ans que les occidentaux dégueulent ouvertement sur la Chine. Ainsi, CNOOC Ltd, une grande entreprise pétrolière chinoise va se retirer du Royaume-Uni, du Canada et des Etats-Unis par crainte de sanctions. Cela va porter un coup de plus au secteur pétrolier occidental avec une hausse des prix inévitables.

    La débilité occidentale face à la gestion chinoise de la crise n'a d'égal à une sinophobie de plus en plus affichée. Mais comprendre cette Chine implique de comprendre les deux piliers phobiques de ce pays.

    Des médecins chinois pour lutter contre l’épidémie de peste qui a frappé la Chine entre 1910 et 191

    La deuxième raison pour laquelle la Chine est si intransigeante avec le Covid et que sa population a failli être exterminé à plusieurs reprises par les épidémies. Au cours de ces 4 000 ans d’histoire, la Chine a connu plus de 1 000 épidémies et chacune a fait des dizaines de milliers de morts. La Peste Noire, qui a fait beaucoup de victimes en Europe, a également tué près de 10 millions de chinois. Sur une population estimée à environ 55 millions à cette époque, cela laisse des traces. Lèpre, polio, la variole, la peste, les coronovirus, la Chine fait périodiquement face à ces fléaux et elle en a tiré une leçon fondamentale : On ne doit jamais reculer face à un virus et se retrouver dans une impasse.

    La quarantaine, la prévention, l’isolement et l’implication massif des médecins fait partie des stratégies chinoises de luttes épidémiques depuis des milliers d’années. On voit les mêmes mesures en 1910 pendant la grande épidémie de peste en Chine que ce qu’on voit aujourd’hui. Ce qu’on oublie aussi est que ces mesures étaient appliqués en Chine avant le covid pour la moindre épidémie de grippe ou d’infections respiratoires. Et ils ont retenus les leçons du Sras Covid 1 qui a frappé l’Asie en 2003 et où l’Occident s’en foutait complètement de la brutalité chinoise.

    Le problème est le mimétisme débilisant des occidentaux à suivre aveuglément la stratégie chinoise. Cela marche pour eux, car leur densité de population et de déplacement est telle que c’est la seule solution, selon leur prisme historico-épidémique, pour stopper l’épidémie.

    A l’Occident et au reste du monde de trouver sa propre voie.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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