Nouvelle-Zélande et Chine : Le cul entre deux chaises


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  • Malgré une grande opération de séduction de l’Australie et des Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande n’a ni l’envie, ni les moyens économiques de se mettre à dos la Chine.


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    Malgré une grande opération de séduction de l'Australie et des Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande n'a ni l'envie, ni les moyens économiques de se mettre à dos la Chine.

    Jacinda Ardern, la Première ministre de la Nouvelle-Zélande a fait un voyage remarqué aux Etats-Unis. Une belle femme, indépendante, incarnant toutes les valeurs de la gauche, quoi de mieux pour lancer une opération de séduction et de glamour par les médias américains, la considérant comme “l’une des politiciennes les plus importantes au monde”. Mais au delà des galipettes et des paillettes, Arden était venue aux Etats-Unis pour clarifier la position de la Nouvelle-Zélande contre la Chine.

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    Après tout, faisant partie des pays anglo-saxons en partageant les mêmes valeurs “démocratiques”, le pays a tout intérêt à s’allier avec l’Australie, le Royaume-Uni et les USA pour contrer le méchant dragon chinois. Mais la position néo-zélandaise est ambiguë, car d’une part, elle veut tenir l’influence chinoise à distance, mais de l’autre coté, elle ne peut pas se permettre d’énerver la Chine.

    Deux événements ont pas mal énervé Pékin dans sa relation avec les pays du Pacifique. Le premier est son grand voisin avec l’Australie qui a des ambitions de plus en plus militaristes. La Chine a été ouvertement en crise avec les kangourous lorsque l’ancien premier ministre australien, Scott Morrison, covidiste délirant devant l’Éternel, avait réclamé une enquête indépendante de l’OMS sur l’origine du Covid. A l’époque, on était en pleine théorie du virus échappé du laboratoire et la Chine a réagi à la vitesse de l’éclair. L’ambassadeur de Chine à Camberra avait dressé une liste de 14 points fondamentaux qui devaient être résolu au préalable par l’Australie avant d’envisager un retour des relations à la normale.

    Cette réaction chinoise avait incité la Nouvelle-Zélande à se méfier de la colère du dragon si on commençait à l’enquiquiner sérieusement. Le second événement est l’accord signé par la Chine avec les principales îles du Pacifique. Le principal point d’achoppement est l’accord de sécurité signé entre la Chine et les îles Salomon. Mais les Occidentaux ne veulent pas comprendre que cet accord vient suite à des émeutes sur ces îles en novembre 2021 qui ont été orchestrés par l’Australie.

    Donc, la Nouvelle-Zélande est plutôt réticente face à la montée en puissance de la Chine dans son voisinage, mais elle est également en désaccord total avec la politique anglo-saxonne menée par les Etats-Unis. Ainsi, le pays des Maoris est connu pour avoir une politique étrangère indépendante qui prend ses racines dans le nationalisme néo-zélandais qui est très présent dans le pays. Et cette politique étrangère est motivée par deux prismes, la géographie et l’anti-nucléarisme très fort chez ce peuple.

    Géographiquement, la Nouvelle-Zélande n’est pas dans une place stratégique, elle est tranquille dans un coin du Pacifique et son seul voisin sérieux est l’Australie avec laquelle elle a de bonnes relations et le reste est les petites îles du Pacifique. Cette géographie incite les néo-zélandais à se dire qu’ils n’ont rien à faire dans les magouilles belliscistes des anglo-saxons contre la Chine.

    Et l’anti-nucléarisme vient de la trahison américaine envers la Nouvelle-Zélande. Dans les années 1950, le pays a fait partie d’une alliance appelée ANZUS qui regroupait les trois pays “blancs”, Australie, Nouvelle-Zélande et USA contre une menace éventuelle du Japon après la Seconde Guerre mondiale. Comme quoi, l’ANKUS n’est pas quelque chose de nouveau et les anglo-saxons ont l’habitude de menacer tout pays dans l’Asie qui refuserait de s’écraser devant eux.

    Dans le cas de l’ANZUS, la Nouvelle-Zélande était totalement contre des navires et des sous-marins à capacité nucléaire. David Lange, premier ministre du pays à l’époque, avait déclaré que “les armes nucléaires sont moralement indéfendables“. Cette aversion pour les armes nucléaires va provoquer une crise entre la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis en 1985 sous Nixon avec l’affaire de l’USS Buchanan.

    Les néo-zélandais, qui ambitionnaient de devenir un pays dénucléarisé, ont demandé à inspecter l’USS Buchanan qu’ils soupçonnaient d’avoir des armes nucléaires. Et quand les américains ont refusé, alors les Maoris ont refusé à ce que ce navire passe par la Nouvelle-Zélande. L’Amérique a réagit brutalement en excluant la Nouvelle-Zélande de l’ANZUS. Cette rétrograde a incité la Nouvelle-Zélande à passer une loi en 1986 qui a considéré que le pays est désormais entièrement dénucléarisé et qu’il est strictement à tout navire que ce soit à propulsion nucléaire ou avec des armes nucléaires, de passer par son territoire. L’Amérique a réagi de nouveau en considérant simplement la Nouvelle-Zélande comme un allié informel.

    George Shultz, Secrétaire d’Etat américain à l’époque, avait déclaré à propos de la Nouvelle-Zélande : “Nous restons amis, mais nous ne somme plus des alliés“. Donc, quand on essaie de l’embringuer dans une guerre potentielle contre la Chine avec ses “alliés” australiens et américains, la Nouvelle-Zélande sait à quoi s’en tenir.

    Malgré une grande opération de séduction de l'Australie et des Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande n'a ni l'envie, ni les moyens économiques de se mettre à dos la Chine.

    Et l’autre grande raison pour les Maoris de ne pas trop titiller le dragon est le flouze, le fric, le blé, en bref, l’économie. Deux indicateurs économiques résument cette relation. La Chine est le premier partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande avec un volume d’environ 33 milliards de dollars. 25 % des exportations néo-zélandaises vont vers la Chine contre 20 % pour ses importations. Cela signifie que la Nouvelle-Zélande dépend de plus en plus de la Chine et elle subit le même sort, malgré sa taille, que les petites îles du Pacifique. Le dragon est beaucoup trop important, économiquement parlant, pour qu’on se fâche avec.

    Cela ne signifie pas que les Hans et les Maoris vont danser la lambada au clair de lune, mais la Nouvelle-Zélande ne peut plus se permettre d’être aussi agressive que les australiens et les américains. Le pays a été durement touché par la crise du Covid, car une grande partie de ses revenus est lié au tourisme. Comme de nombreux pays touchés par l’inflation et les pénuries, la Nouvelle-Zélande pourrait entrer en récession en 2023. Dans ces conditions, il est difficile de montrer les dents face au dragon à part pour lui sourire poliment.

    Jacinda Ardern a bénéficié d’une couverture digne d’une Rock Star pour son voyage aux Etats-Unis, mais les réalités géopolitiques et économiques doivent l’inciter à considérer que l’intérêt des anglo-saxons est loin d’être celui de son pays.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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