La tiers-mondisation énergétique de la Californie


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    La privation bête et méchante des années 2000 et le pari idiot des énergies renouvelables ont provoqué une tiers-mondisation du secteur de l'électricité de la Californie.

    Désormais, vous ne pourrez plus rechargez vos bagnoles de 18 à 21 heures et nous vous conseillons aussi de ne pas faire fonctionner les appareils gourmands en énergie pendant cette période“. C’est le genre d’annonces que vous verriez dans un pays pauvre qui a un déficit structurel de l’énergie par rapport à sa consommation. Et pourtant, c’est ce que les autorités californiennes ont dû faire pour résoudre les problèmes récurrents de l’électricité.

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    Si la Californie était un pays pauvre, alors cela s’expliquerait facilement, mais son PIB est de 3400 milliards de dollars. C’est à dire que si la Californie était un pays, alors ce serait la 5e économie la plus riche de la planète. Comment l’Etat qui a symbolisé la ruée vers l’or, la richesse américaine, les plages rutilantes et les belles femmes a pu en arriver là ?

    Ce n’est pas la première crise de l’énergie qui touche la Californie. On avait eu la même chose en 2000 et 2001 où la production d’énergie s’était cassé la gueule, le prix de l’électricité avait crevé le plafond et les black-outs étaient devenus quotidiens. Et les deux crises ont des causes différentes, mais leur point commun est une croyance sectaire dans l’idéologie dominante et un Etat qui est totalement cannibalisé par les Démocrates et le néolibéralisme depuis des années.

    Pendant la crise de 2000, la principale idéologie était la privatisation à outrance. Des prédateurs privés ont décidé de disloquer le secteur énergétique, qui était un monopole de l’Etat et se sont gavés sur la bête pendant des années. La crise de 2000 était si grave que cela a provoqué la chute du gouverneur de l’époque, la fermeture du California Power Exchange qui était le marché de l’électricité et la faillite de la Pacific Gas & Electric (PG&G) qui produisait toute l’électricité pour le nord de la Californie. 20 ans plus tard, la PG&G, qui a été ressuscité par l’Etat, est de nouveau au bord de la faillite.

    La privation du secteur électrique californien s’est concrétisé par la séparation entre la production et la transmission de l’énergie. Grosso modo, vous aviez un seul producteur, mais plein de petites entreprises privées, prédatrices à l’extrême, qui se contentaient de revendre l’électricité. La promesse, comme d’habitude avec le néolibéralisme, est que la concurrence allait baisser les prix. Et encore comme d’habitude avec cette saloperie néolibérale, c’est l’inverse qui s’est produit.

    Si au début, les prix sont resté stables, au bout de quelques années, ils ont atteint des hauteurs himalayennes. Pour une raison aussi bête qu’évidente, un acteur privé ne connait pas le sens du service public et du bien commun. Il est là pour se faire du pognon et rien d’autre. La privatisation électrique a également amené les traders qui ont énormément spéculé sur le prix de l’électricité. L’une des entreprises qui a profité le plus de la dérégulation de l’électricité californienne est Enron, un nom qui est devenu aujourd’hui synonyme de fraude et de corruption à grande échelle.

    Comme dans la logique néolibérale, l’électricité est une marchandise comme une autre, alors la rareté vaut cher. Si vous avez peu d’électricité disponible dans un secteur dérégulé, alors c’est la demande qui fixe les prix. Ainsi, des employés d’Enron disaient clairement au producteur d’énergie de réduire la production comme le montre un enregistrement audio, révélant le scandale : “Nous voulons que vous soyez un peu créatifs et que vous trouviez une raison de couper le courant“. Suite à cet appel, un producteur d’électricité tombe subitement en panne, prétextant un problème de turbine… Les prix ont monté en flèche et des entreprises comme Enron se sont gavés comme des porcs.

    Notons que même si ce n’est pas aussi extrême, le secteur électrique de la France suit le même schéma. Vous avez un seul producteur qui est EDF et vous avez plein d’acteurs parasites qui se contentent de revendre l’énergie selon des prix basés sur l’offre et la demande. Si vous voyez des black-outs dans le futur, alors vous saurez d’où ça vient.

    Mais en 2022, la privatisation n’est plus la seule raison de la tiers-mondisation énergétique de la Californie. Car l’idéologie climatique et la pari massivement débile sur l’énergie renouvelable est la principale cause de ce merdier. La Californie veut que 60 % de son énergie soit produite par le solaire et l’éolien à l’horizon 2030. Le problème est que ces énergies sont massivement subventionnés par l’Etat, ce qui provoque des hausses d’impots exorbitants tout en ayant un prix du kilowattheure qui est le plus élevé des Etats-Unis. De plus, ces énergies sont intermittantes par nature ce qui provoque logiquement une production erratique et complètement chaotique de l’électricité.

    Et cette fois, on doit également ajouter les incendies de forêt qui ont été particulièrement dévastateurs ces dernières années. Après les incendies et les coupures d’électricité, Gavin Newsom, gouverneur de la Californie, s’est dépêché de tout mettre sur le dos du changement climatique (le dos commence à être chargé). Prétextant que le changement climatique aggrave les feux de forêt ce qui affaiblit à son tour le secteur énergétique. Mais cette explication est du bullshit pur et simple si on en croit Katherine Blunt, reporter au Wall Street Journal et qui vient de sortir un livre appelé California Burning: The Fall of Pacific Gas & Electric and What It Means for America’s Power Grid.

    Il n’y a aucun lien entre le changement climatique et une baisse de la production électrique en Californie ou ailleurs. Car dès mai 2022, le gouverneur avertissait de black-outs potentiels même sans des incendies de forêt. De plus, même les incendies ne sont pas provoqués par la changement climatique. Non, la responsable est la PG&G, le producteur d’électricité qui avait déjà provoqué le merdier en 2000. En 2018, un incendie appelé Camp Fire a été l’un des plus terribles de la Californie en provoquant plus de 85 morts et en rayant de la carte une ville appelée Paradise.

    Cet incendie avait été provoqué par une chute d’une ligne de transmission de la PG&G. Dans cette ligne de transmission, il y avait un crochet de fer qui avait provoqué des étincelles ce qui avait produit l’incendie. Ce crochet a été acheté en 1919… C’est à dire que des composants de cette ligne de transmission n’avait pas été entretenus depuis plus de 100 ans ! La PG&G est un énième exemple des entreprises qui s’occupent du secteur public américain. Aucun investissement n’est fait et vous avez des infrastructures qui tombent en ruine. Quand vous savez que certaines canalisations dans les villes les plus modernes des Etats-Unis datent de la Guerre de sécession, alors vous savez qu’il y a un problème.

    La tiers-mondisation n’est pas uniquement le fait de donner un service public en pâture aux vautours décharnés du néolibéralisme. C’est qu’au fil du temps, vous n’avez que des intermédiaires qui s’occupent des secteurs stratégiques et que les gens, qui savent ce qu’ils font dans un secteur aussi sensible que l’électricité, disparaissent et sont remplacés par des incompétents.

    On peut prendre l’exemple d’Eskom qui est le principal producteur d’électricité en Afrique du Sud. En 2001, elle a gagné le titre de la meilleure entreprise d’électricité au monde. 20 ans plus tard, elle est au bord de la faillite et aujourd’hui, les coupures d’électricité sont systématiques en Afrique du Sud. Tellement systématiques que le gouverneur a dû donner l’autorisation aux entreprises de construire leur propre centrale électrique pouvant atteindre 100 MW. C’est le seul moyen de sauver le secteur minier du pays.

    Et comme le néolibéralisme pense qu’il peut tout déréguler, l’exemple californien et sud-africain montre que la plupart des pays développés, qui ont embrassés cette idéologie, se retrouveront dans la même situation. Le principal problème est que les politiciens vont hurler le mot “énergie renouvelable” à tout bout de champ en tenant pour acquis que l’électricité est produite par de la magie et qu’ils peuvent démolir le système comme ils veulent parce que ça tiendra quand même. Et puis, le temps que tout s’effondre, ils auront amassés suffisamment de pognon pour se barrer vers des cieux plus cléments.

     

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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