L’industrie de l’alcool lorgne vers l’Afrique


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  • Les grandes marques de l’alcool lorgnent désormais vers le continent africain pour imposer leurs produits. En utilisant des campagnes publicitaires très agressives, ces entreprises veulent attirer une nouvelle population plus jeune en exploitant la faiblesse des législations sur la promotion des produits alcoolisés.


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    Les grandes marques de l'alcool lorgnent désormais vers le continent africain pour imposer leurs produits. En utilisant des campagnes publicitaires très agressives, ces entreprises veulent attirer une nouvelle population plus jeune en exploitant la faiblesse des législations sur la promotion des produits alcoolisés.
    Une publicité pour l'alcool à Kampala en Ouganda - Crédit : Panos

    Un article du Lancet sonne l’alerte sur l’arrivée des grandes marques d’alcool en Afrique. L’article se concentre principalement sur l’Ouganda qui fait face à des publicités extrêmement agressives qui ciblent principalement les jeunes.1 En général, les Ougandais préfèrent du tord-boyaux à base de banane, mais les grandes marques de spiritueux occidentales estiment que l’Afrique représente un énorme marché potentiel. Dans ce pays, on peut trouver de l’alcool dans des magasins qui sont ouverts 24h/24. On peut trouver des canettes et des bouteilles sur tous les alcools imaginables.

    On estime que la consommation de l’alcool en Ouganda est l’une des plus élevées en Afrique. Rogers Kasirye qui travaille pour Uganda Youth Development Link, une organisation qui fait des campagnes de prévention contre l’alcool estime que l’alcool est plus abondant que l’eau en Ouganda. L’un des principaux problèmes est que l’industrie de l’alcool utilise des pratiques publicitaires qui seraient inacceptables en Europe ou aux États-Unis.

    Ces dernières années, l’industrie de l’alcool, mais également le marché publicitaire a dû respecter les règles draconiennes sur la promotion de l’alcool en Occident. Ainsi, il est interdit de vendre des spots publicitaires sur des médias qui sont ciblés pour les jeunes et il faut toujours avertir sur la consommation excessive et le fait de ne pas boire quand on est mineur. Mais ces protections sont inefficaces en Afrique puisque l’industrie de l’alcool a des liens très étroits avec le gouvernement et les médias ne veulent pas tarir cette manne publicitaire inespérée.

    L’une des tactiques préférées de l’industrie de l’alcool est de sponsoriser des événements sportifs. Quand vous avez une marque qui finance une compétition de football, alors vous pouvez être certain que son message publicitaire sera avalé délicieusement par les jeunes qui considèrent le football comme une religion. Pour Øysten Bakke qui travaille pour Forut, une organisation norvégienne qui surveille ces problèmes d’alcool en Afrique, les grandes entreprises d’alcool affinent particulièrement leur stratégie pour l’Afrique. Les actions et les grandes firmes de communication sont à pied d’oeuvre pour attirer une population jeune avec un pouvoir d’achat grandissant vers les produits alcoolisés. Actuellement, 50 % de la population mondiale ne consomme pas d’alcool et une grande majorité est des femmes. Cependant, des publicités et des tactiques bien huilées pourraient faire basculer cette population dans le camp des alcoolisés. Et les effets sur la santé sont catastrophiques. On estime que l’alcool est lié à une augmentation du VIH à cause de l’inefficacité des antirétroviraux, de l’augmentation de la violence sans oublier la cirrhose, le cancer du foie, la tuberculose, la grossesse pendant l’adolescence ou l’exposition prénatale à l’alcool.

    Des sachets d'alcool qu'on peut trouver à tous les coins de rue en Ouganda - Crédit : sarnianinnebbi.blogspot.com

    Des sachets d’alcool qu’on peut trouver à tous les coins de rue en Ouganda – Crédit : sarnianinnebbi.blogspot.com

    Parmi les produits alcoolisés qui cartonnent le plus en Afrique, on a ce qu’on appelle des sachets de spiritueux (Spirit Sachet) qui sont des petits sachets de 50 à 200 millilitres qu’on peut trouver chez tous les épiciers et les marchands ambulants. On les vend de la même manière que les petits sachets de shampoing ou de savon. Ces sachets ne coutent que quelques shillings et ils peuvent piéger des jeunes qui possèdent un pouvoir d’achat modeste, mais bien réel.

    Il est important que des organisations comme l’OMS prennent des mesures drastiques contre l’alcool de la même manière qu’on l’a fait contre le tabac. La lutte contre le tabagisme est efficace, car on a appliqué les mêmes mesures draconiennes dans le monde entier. Pourquoi ne fait-on pas la même pour l’alcool ? Est-ce qu’on le considère comme étant moins dangereux que le tabac ou la drogue alors que les effets néfastes qu’ils soient primaires ou secondaires sont catastrophiques ? De plus, si l’alcoolisme devient un problème en Afrique, alors tous les autres efforts pour sortir de la pauvreté seront réduits à néant. La Chine, l’Inde et l’Afrique sont les nouveaux territoires de jeu pour l’industrie de l’alcool et il est temps de les encadrer avec une réglementation sévère avec des sanctions à la clé pour éviter de résoudre des problèmes qu’on aurait pu éviter à la base.

    Sources

    1.
    McCall C. Alcohol industry looks to boost drinks sales in Africa. The Lancet. 2017;389(10069):589-590. doi: 10.1016/s0140-6736(17)30330-6 [Source]

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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