Un médicament qui tue les moustiques quand ils vous piquent


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  • L’Ivermectine, un médicament antiparasitaire qui existe depuis 30 ans, pourrait également être une nouvelle arme contre le paludisme. Ce médicament tue les moustiques quand ils s’alimentent de sang humain. En gros, vous prenez le médicament et les moustiques meurent quand ils vous piquent.


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    L’Ivermectine est un médicament antiparasitaire qui existe depuis 30 ans. Il est tellement efficace que ceux qui l’ont découvert ont reçu le prix Nobel de médecine de 2015. Mais en plus d’être antiparasitaire, ce médicament pourrait aussi tuer des moustiques. Une nouvelle étude au Burkina Faso montre qu’une administration massive de l’Ivermectine pourrait tuer ou affaiblir les moustiques qui piquent les personnes qui ont pris ce médicament. Cela pourrait être une méthode de plus pour combattre le paludisme.

    L’Ivermectine est surtout connu pour tuer les vers ronds incluant ceux qui provoquent la cécité des rivières et l’éléphantiasis. Mais depuis des décennies, les chercheurs savent que l’Ivermectine tue également les insectes si ces derniers ingèrent ce médicament. Brian Foy, un entomologiste médical de l’université du Colorado, estime que l’Ivermectine pourrait être le principal médicament contre le paludisme. Si des personnes ont suffisamment d’Ivermectine dans leur sang, alors les moustiques femelles pourraient mourir si elles piquent ces personnes. Et si le médicament ne les tue pas, les moustiques seront trop affaiblis pour transmettre le parasite du paludisme. Foy a démontré que l’approche est efficace en laboratoire et il a lancé un réseau de recherche l’année dernière pour étudier le concept.

    Pour montrer l’efficacité de l’Ivermectine contre la malaria, Foy a fait équipe avec Roch Dabiré, un chercheur à l’institut de santé à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Les scientifiques sont allés dans 8 villages à côté de la ville de Diégobougou dans le sud du pays. La population de ces villages a reçu une dose d’Ivermectine et une dose d’un autre médicament appelé Albendazole. Ces 2 médicaments sont administrés régulièrement pour prévenir la transmission des vers et l’apparition de l’éléphantiasis.

    Dans 4 villages, cette première combinaison a été suivie par des tablettes d’Ivermectine toutes les 3 semaines pour toute la population sauf les femmes enceintes et les enfants d’une hauteur inférieure à 90 centimètres. Ces 2 catégories de personne sont vulnérables aux effets secondaires. Les 4 autres villages ont servi de groupe de contrôle dans la mesure où ils n’ont pas reçu la seconde dose d’Ivermectine.

    Le test est toujours en cours et il sera terminé en novembre. Mais une analyse intermédiaire présentée par Foy et Dabiré, pendant la réunion annuelle de l’American Society of Tropical Medicine and Hygiene, suggère que le médicament a déjà un impact. Parmi les enfants de moins de 5 ans, qui est le groupe le plus vulnérable de plusieurs maladies et de morts provoquées par le paludisme, on a remarqué une baisse de 16 % de cas de paludisme dans les villages qui ont reçu la seconde dose de l’Ivermectine. Cela se traduit par 94 cas pour cette saison dans ces 4 villages.

    Il faudra beaucoup de temps pour tout analyser et l’étude devra être répétée dans une dimension plus large si les résultats sont toujours positifs selon Dabiré. Mais si cela se confirme, alors l’Ivermectine pourrait devenir un autre combattant intéressant contre le paludisme. Mais il ne doit pas remplacer les autres mesures telles que les moustiquaires traitées à l’insecticide.

    C’est une approche intéressante qu’on doit explorer davantage selon Michel Boussinesq qui étudie l’Ivermectine à l’institut de recherche et développement à Montpellier. Mais une dose administrée toutes les 3 semaines peut poser des problèmes de logistique. Boussinesq et ses collègues travaillent sur des implants de l’Ivermectine dans les animaux pour que le médicament soit administré progressivement et qu’il fournisse une protection sur le long terme.

    De tels implants ne seraient pas acceptables pour les humains, mais Foy estime qu’on peut administrer l’Ivermectine pendant la saison des pluies qui est la période la plus active du paludisme. Dans la région de test, le paludisme est actif pendant 6 mois. Willem Takken, un entomologiste médical à la Wageningen University and Research Centre aux Pays-Bas, voit un autre problème fondamental. Les moustiques ont développé une résistance contre tous les produits chimiques. Et cela va se produire avec l’Ivermectine. Et malgré ces données encourageantes, il est difficile d’être enthousiaste concernant ce médicament. Il vaut mieux privilégier une approche non chimique telle que les pièges de moustique ou des bactéries qui empêcheraient les moustiques de transmettre le pathogène.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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