Une épidémie de fièvre jaune frappe l’Afrique, l’Asie est-elle la prochaine ?


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  • L’Afrique commence à peine à se remettre de l’épidémie de l’Ebola qu’une nouvelle épidémie de fièvre jaune s’est propagé dans le centre du continent. Et quand on voit les vecteurs de propagation, la fièvre jaune pourrait faire une balade dans de nombreux pays.


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    L'Afrique commence à peine à se remettre de l'épidémie de l'Ebola qu'une nouvelle épidémie de fièvre jaune s'est propagé dans le centre du continent.
    Une campagne de vaccination contre la fièvre jaune en Angola

    Cela devient inquiétant. Le lundi 20 juin 2016, une épidémie de fièvre jaune a été confirmée à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo. L’épidémie s’est propagée depuis l’Angola où elle est active depuis décembre 2015. Il y a déjà 4 000 personnes qui sont infectées avec un taux de mortalité de 5 %. L’OMS a réagi de manière étrange. Il a annoncé une preuve expérimentale que la dilution du vaccin par un facteur de 5 permettrait de faire durer les stocks. C’est une mesure désespérée afin de contenir cette épidémie de fièvre jaune en Afrique.

    Avant cette épidémie, l’Angola n’était pas un pays à risque et donc, il y avait peu de vaccinations. Mais depuis février 2016 en Angola et depuis mars 2016 au Congo, on a administré 18 millions de doses pour stopper la propagation. Le problème est qu’il n’y a plus de vaccins en quantité suffisante pour stopper l’épidémie qui vient de se déclencher à Kinshasa. En fait, on possède les vaccins, mais ils sont destinés aux enfants selon Seth Berkley, responsable du GAVI, une agence internationale de vaccination.

    Et normalement, on ne devrait jamais s’inquiéter de la fièvre jaune. Le contrôle des moustiques, qui propagent la fièvre jaune, a permis d’éradiquer la maladie dans des pays comme les États-Unis. À une époque, cette maladie faisait des ravages à Philadelphie. Mais le vaccin contre la fièvre jaune, introduit en 1936, est abordable, sans aucun risque et l’un des plus efficaces. Une seule dose vous protège de la fièvre jaune pendant toute votre vie. En 1971, le contrôle des moustiques et la vaccination avaient permis de baisser drastiquement les cas de fièvre jaune en Afrique et en Amérique du Sud.

    Un moment d’inattention et une logique commerciale désastreuse

    Mais un succès retentissant peut provoquer un échec tout aussi retentissant selon Duane Gubler de la Duke-NUS Medical School à Singapour. Quand la maladie a quasiment disparu, les pays ont baissé leur garde. Ils ont arrêté la vaccination à cause des crises financières et l’augmentation de l’urbanisation sans oublier qu’on n’a plus effectué le contrôle des moustiques.

    On ne peut pas supprimer le virus des forteresses tropicales. Le virus de la fièvre jaune est présent dans les singes et les moustiques résidant dans les forêts. Et il est inoffensif dans son habitat naturel. Mais quand une personne se fait piquer par un moustique de la forêt et que cette personne vient dans une grande ville, alors une espèce de moustique urbain, l’Aedes, peut piquer cette personne et propager ainsi le virus. Et quand cela se produit, l’épidémie de la fièvre jaune est explosive et peut intervenir en quelques jours. Et comme il y a très peu de contrôles de moustiques dans les grandes villes, alors le virus peut se balader tranquillement. Les moustiques Aedes sont ceux qui propagent la Dengue, le Chikungunya et récemment, le virus Zika. Et la propagation internationale de ces virus confirme nos inquiétudes à propos de la fièvre jaune selon Gubler.

    Il y a une augmentation des épidémies de fièvre jaune dans les zones urbaines depuis 1980. En conséquence, on a eu une reprise de la vaccination des enfants qui est gérée par l’OMS avec un stock de 6 millions de doses. Mais des considérations marketing n’ont pas incité les fabricants de vaccins à créer des doses supplémentaires selon Jack Woodall de la Federal University à Rio de Janeiro.

    Et c’est pourquoi le monde est actuellement à court de vaccins contre la fièvre jaune. Le stock de réserve a été utilisé et les chaines de fabrication redoublent de cadence pour combattre l’épidémie en Afrique. Et la fabrication de vaccins prend du temps puisqu’on doit utiliser des oeufs de poule aseptisés et c’est une ressource rare.

    Difficile à détecter

    Si on contient l’épidémie de fièvre jaune en Afrique pour le moment, c’est une autre histoire pour l’Asie. Il y a 1,8 milliard de personnes qui vivent avec des moustiques Aedes sur ce continent. Si la fièvre jaune débarque en Asie, par exemple, par des migrants africains, alors l’épidémie pourrait devenir mondiale. La Chine a déjà détecté 11 travailleurs angolais infectés par la fièvre jaune, mais heureusement, ils ont débarqué dans des régions chinoises où il n’y avait pas de moustique Aedes.

    Mais d’autres pays ne pourraient pas détecter le virus jusqu’à ce qu’il se propage. La ville de Delhi possède de nombreux cas d’hépatite. De ce fait, une personne, souffrant de fièvre et ayant la jaunisse, passerait totalement inaperçue. On penserait simplement qu’il souffre d’hépatite alors que cela pourrait être la fièvre jaune.

    Gubler espère que le combat de l’Asie contre la Dengue va aussi aider contre la fièvre jaune. La fièvre jaune concerne un virus proche de la Dengue et des expériences sur des animaux en 1970 ont montré que les anticorps de dengue pouvaient protéger partiellement contre la fièvre jaune. Mais Woodall reste pessimiste. Quand un virus débarque sur un nouveau territoire, alors il va provoquer beaucoup plus de morts que dans sa terre natale. Pour le moment, on ne doit pas encore paniquer, car une propagation asiatique de la fièvre jaune est encore hypothétique. Mais les chercheurs ont averti depuis des années que cela pourrait se produire si on gardait les stocks de vaccins au minimum. Gubler conclut : Désormais, le monde est confronté à un risque assez élevé concernant une maladie que nous contrôlions parfaitement dans les années 1960.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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