Des pistes pour détecter la violence conjugale grâce à la radiologie
Une étude suggère que les blessures liées à la violence conjugale et l’agression sexuelle ont des caractéristiques particulières. Et qu’on peut détecter ces caractéristiques dans des images de radiologie. Cela implique que les radiologues peuvent avoir des pistes sur une possible violence conjugale qui a pu passer entre les mailles du filet du diagnostic du médecin traitant.
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Selon une étude présentée lors de la réunion annuelle de la Radiological Society of North America (RSNA), les signes radiologiques de blessures pourraient aider à identifier les victimes de la violence conjugale. Les radiologues doivent être conscients que la violence conjugale est un problème de santé publique commun selon Elizabeth George de l’hôpital Brigham and Women à Boston. Cela touche 1 femme sur 4 aux États-Unis.
Sommaire
La violence conjugale est un problème de santé publique
Les images médicales offrent parfois des indices précoces d’abus. En fait, le cas qui a inspiré le chercheur principal de l’étude, Bharti Khurana a impliqué une jeune femme arrivée aux urgences avec une grave fracture du nez qui était superposé sur une fracture guérie. En passant par des images médicales précédentes du patient sur le système d’archivage (PACS), le Dr Khurana a identifié une fracture récente du poignet. Ce type de blessure récurrente l’a amenée à exprimer sa suspicion de violence conjugale et c’est une conclusion que le médecin traitant n’avait initialement pas soupçonnée.
Cela nous a également permis de communiquer avec certains médecins et collègues de notre service des urgences qui travaillaient déjà sur les aspects cliniques et sociaux de ce problème selon le Dr Khurana. Nous avons continué à concevoir cette étude de recherche pour évaluer objectivement les résultats cliniques et radiologiques dans cette population.
L’étude, qui a examiné les dossiers médicaux électroniques de patients référés aux programmes de violence conjugale et d’agression sexuelle de janvier à octobre 2016 a révélé des blessures caractéristiques chez les patients. Sur le plan radiologique, nous avons identifié des modèles courants de blessures telles que les blessures des tissus mous et les fractures des membres qui impliquaient souvent les extrémités supérieures distales en suggérant des blessures dues à des tentatives de défense selon le Dr George. Les fractures faciales, qui représentent une zone facilement accessible pour infliger des traumatismes, sont également des blessures fréquemment observées qui pourraient alerter les radiologistes sur la possibilité d’actes de violence commis par un partenaire intime.
La majorité des victimes sont des femmes et Afro-Américaines
La majorité des 87 victimes de violence conjugale étaient des femmes (95 %) et des Afro-Américaines (40 %) avec un âge moyen de 34,7 ans. Un total de 665 examens de radiologie ont été effectués dans cette population sur 5 ans. L’examen le plus couramment pratiqué était la radiographie pulmonaire suivie de l’échographie obstétricale et de la radiographie musculo-squelettique.
Les 35 victimes d’agression sexuelle étaient plus jeunes (âge moyen de 27,3 ans), majoritairement des femmes (91 %) et Afro-Américaines (46 %). Un total de 109 examens de radiologie ont été effectués dans cette population sur 5 ans. L’examen le plus couramment pratiqué était la radiographie thoracique, suivie de la tomodensitométrie de la tête, de l’échographie pelvienne et de la radiographie musculo-squelettique. Il y avait moins de blessures traumatiques dans cette population.
Abus de drogue et SDF
Les victimes de violence conjugale étaient plus susceptibles d’être sans abri tandis que les victimes d’agression sexuelle étaient plus susceptibles de souffrir d’abus de drogues illicites. Nos résultats pointent vers la nature complexe de ces situations sociales et la nécessité d’un programme d’intervention ciblé non seulement pour identifier, mais aussi intervenir dans les différents aspects de soins de ces patients selon le Dr Khurana.
En plus de fournir de l’information sur la présentation des blessures, les radiologistes ont accès à une mine de renseignements grâce aux PACS qui peuvent montrer des fractures antérieures liées à la violence. D’après le Dr Khurana, les fractures anciennes et cicatrisées semblent distinctes des fractures aiguës et elles peuvent être évidentes sous la forme d’un remodelage osseux, d’une déformation ou d’un épaississement osseux focal.
En salle d’urgence, la priorité est d’identifier les pathologies aiguës. En conséquence, les anciennes fractures ou les déformations liées aux fractures peuvent ne pas avoir une importance suffisante, mais la présence de fractures anciennes et aiguës peut être cruciale pour faire le diagnostic de la violence conjugale.
Les résultats suggérant un abus devraient déclencher une conversation entre le radiologue et le médecin traitant selon les chercheurs. Des communications supplémentaires avec le patient impliqueraient une équipe multidisciplinaire avec l’expérience et les ressources pour résoudre le problème.