Le vaccin contre la méningite B est efficace contre la gonorrhée


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  • Une étude suggère que le vaccin contre la méningite à méningocoque B est également efficace contre la gonorrhée. Depuis quelques années, la gonorrhée devient résistante aux médicaments.


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    Neisseria gonorrhoeae, la bactérie de la gonorrhée au microscope - Crédit : NIAID/Flickr
    Neisseria gonorrhoeae, la bactérie de la gonorrhée au microscope - Crédit : NIAID/Flickr

    L’exposition au vaccin contre le méningocoque B lors d’une campagne de vaccination de masse en Nouvelle-Zélande a été associée à une probabilité réduite sur la contraction de la gonorrhée par rapport aux personnes non vaccinées. Ce sont les résultats d’une nouvelle étude sur plus de 14 000 personnes publiée dans The Lancet.1 C’est la première fois qu’un vaccin montre une protection contre la gonorrhée et ces résultats peuvent constituer une nouvelle voie pour le développement de vaccins.

    Si l’effet est confirmé dans d’autres vaccins meningococciens du groupe B, alors l’administration du vaccin à l’adolescence pourrait entraîner une diminution significative de la gonorrhée. Ces dernières années, la gonorrhée devient de plus en plus résistante aux médicaments.

    Le vaccin contre la méningite B pour se protéger la gonorrhée

    Jusqu’à présent, on n’a pas réussi à développer un vaccin contre la gonorrhée malgré des recherches s’étalant sur un siècle. 4 vaccins candidats avaient atteint le stade des essais cliniques, mais aucun d’entre eux n’avait montré une efficacité optimale. Mais des données démographiques suggèrent qu’il y a un déclin de la gonorrhée après l’utilisation du vaccin contre le méningocoque B à Cuba, en Nouvelle-Zélande et en Norvège.

    Même si les 2 maladies sont très différentes en termes de symptômes et de mode de transmission, il existe un lien génétique de 80 à 90 % entre les bactéries Neisseria gonorrhoeae et Neisseria meningitidis. Cela peut expliquer un mécanisme biologiquement plausible pour cette protection croisée.

    En Nouvelle-Zélande, environ 1 million d’individus (81 % de la population âgée de moins de 20 ans) ont reçu le vaccin MeNZB, un vaccin meningococcique du groupe B lors d’un programme de vaccination de masse de 2004 à 2006. Cette vaccination de masse a fourni une occasion unique de tester l’hypothèse de la protection croisée.

    Une baisse de 31 % de la gonorrhée grâce au vaccin contre le méningocoque B

    Neisseria meningitidis, la bactérie du méningocoque au microscope électronique - Crédit : microbewiki.kenyon.edu

    Neisseria meningitidis, la bactérie du méningocoque au microscope électronique – Crédit : microbewiki.kenyon.edu

    Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé des données pour toutes les personnes âgées de 15 à 30 ans qui avaient été diagnostiquées avec une gonorrhée ou une chlamydia ou les 2 infections dans 11 cliniques et qui étaient compatibles au vaccin MeNZB. Dans les groupes, on avait des personnes dont la gonorrhée a été confirmée en laboratoire et le groupe de contrôle avait la chlamydia qui était également confirmée en laboratoire.

    Au total, 14 730 cas ont été inclus dans l’analyse (1 241 cas de gonorrhée, 12 487 cas de chlamydia et 1002 cas de la double infection). Les individus vaccinés étaient significativement moins susceptibles d’avoir une gonorrhée que les témoins (41 % vs 51 %). Compte tenu de tous les autres facteurs tels que l’appartenance ethnique, la carence, la zone géographique et le genre, les chercheurs concluent que le vaccin MeNZB a réduit l’incidence de la gonorrhée d’environ 31 %.

    La Dre Helen Petousis-Harris de l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande et auteure principale de l’étude a déclaré : Nos résultats fournissent des preuves expérimentales et une preuve de principe qu’un vaccin VME (Vésicules de Membrane externe) meningococcique du groupe B pourrait offrir une protection croisée modérée contre la gonorrhée. C’est la première fois qu’un vaccin montre une protection contre la gonorrhée. À l’heure actuelle, on ignore le mécanisme derrière cette réponse immunitaire, mais nos résultats permettraient de faire progresser le futur développement de vaccins contre le méningocoque et la gonorrhée.

    Une solution idéale pour combattre la gonorrhée au niveau mondial

    Le vaccin MeNZB a été développé pour contrôler une épidémie de méningite, mais il n’est plus disponible. Cependant, les antigènes VME, qui ont provoqué la réponse immunitaire à la gonorrhée, ont été inclus dans le vaccin 4CMenB qui est disponible dans de nombreux pays. Les auteurs affirment qu’une plus grande recherche est nécessaire pour voir si d’autres vaccins méningococciques ont un effet similaire ainsi que pour comprendre le mécanisme immunologique.

    De précédents modèles ont suggéré qu’un vaccin avec une efficacité de 30 % pourrait diminuer la prévalence de la gonorrhée de plus de 30 % dans les 15 ans si l’immunité est maintenue. Une efficacité supérieure offrirait une plus grande protection sur une période plus courte.

    Co-auteur de l’étude, le professeur Steven Black du Cincinnati Children’s Hospital a déclaré : La capacité potentielle d’un vaccin contre le méningocoque du groupe B à fournir une protection même modérée contre la gonorrhée aurait des bénéfices substantiels pour la santé publique en raison de la prévalence de la gonorrhée. Et cela devient urgent quand on voit l’augmentation de la résistance de la gonorrhée aux antibiotiques. Si le vaccin 4CMenB, qui est actuellement disponible dans de nombreux pays, a un effet similaire au vaccin MeNZB, alors son utilisation dans les programmes de vaccination chez les adolescents pourrait entraîner une diminution de la gonorrhée.

    Les auteurs notent qu’en raison des différentes souches de N. gonorrhoeae et N. meningitidis, l’effet du vaccin peut varier en fonction de la souche. Ainsi, les personnes qui étaient également infectées par la chlamydia ont bénéficié d’une efficacité moindre du vaccin.

    Aux États-Unis, on conseille à tous les adolescents et préadolescents, mais également certains enfants et adultes de se faire vacciner avec l’un des deux vaccins méningococciques. Le Royaume-Uni a récemment introduit le vaccin 4CMenB pour les nourrissons et il a également été utilisé aux États-Unis, au Canada et en Australie.

    Chaque année, on compte 78 millions de nouveaux cas de gonorrhée dans le monde entier. Un nombre croissant de souches de bactéries N. gonorrhoeae ont développé une résistance antimicrobienne à tous les médicaments recommandés pour le traitement. Si elle n’est pas traitée, la gonorrhée peut provoquer des complications de l’infection telles que la maladie inflammatoire pelvienne, la grossesse extra-utérine et l’infertilité et la gonorrhée peut également faciliter la transmission du VIH.

    Sources

    1.
    Petousis-Harris H, Paynter J, Morgan J, et al. Effectiveness of a group B outer membrane vesicle meningococcal vaccine against gonorrhoea in New Zealand: a retrospective case-control study. The Lancet. juillet 2017. doi: 10.1016/s0140-6736(17)31449-6 [Source]

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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