La langue des abeilles rétrécie par le réchauffement climatique


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    Le réchauffement climatique a provoqué un effet inattendu. Une étude prouve qu’il a raccourci la langue de 2 espèces d’abeilles afin de s’adapter à un climat chaud.

    Nous sommes dans une période où les abeilles disparaissent à toute vitesse, mais certaines d’entre elles ont trouvé le moyen de s’adapter en raccourcissant leur langue. En 40 ans, la langue de 2 espèces d’abeilles, qui vivent dans les montagnes Rocheuses du Colorado, a diminué de 25 %. Un monde de plus en plus chaud a provoqué ce changement. Le nombre de fleurs diminue et les abeilles ont raccourci leur langue afin de collecter du pollen sur une plus grande variété de fleurs.

    C’est l’un des meilleurs exemples du changement climatique qu’on n?ait jamais vus selon Sydney Cameron, un entomologiste de l’université de l’Illinois. Mais cette faculté d’adaptation des abeilles présage un orage redoutable dans le futur. Une variété de longues fleurs incluant le Penstemon, la castilléjie, le trèfle, l’indigo sauvage, l’aconit, la campanule, le muflier nécessitent des abeilles qui possèdent une longue langue. Et cela signifie que les abeilles prédisent la disparition des fleurs et c’est aussi une preuve que nous allons perdre une grande partie de notre biodiversité dans quelques années.

    De nombreuses espèces d’abeille avaient des langues qui faisaient la moitié de leur corps. Et elles étaient spécialisées dans les longues fleurs. Avec une grande langue, ces abeilles pouvaient augmenter l’efficacité du processus de pollinisation. Mais globalement, les abeilles à grandes langues diminuent selon Cameron et c’est principalement à cause du réchauffement climatique, des pesticides et de la perte de l’habitat.

    Pour déterminer ce qui se passe dans les régions alpines des Rocheuses, Nicole Miller-Struttmann a étudié les échantillons historiques provenant de 3 pics du Colorado. Cette écologiste dans l’évolution de l’université de New York à Old Westbury et ses collègues ont mesuré la longueur de la langue de 2 espèces d’abeille, à savoir, Bombus balteatus et B. sylvicola, qui ont été collecté de 1966 à 1980 et ils ont collecté de nouveau de 2012 à 2014. La comparaison entre les 2 périodes a révélé que la langue s’était rétrécie de 24 %. Si on n’avait pas d’échantillons historiques, on aurait complètement manqué que ces abeilles ont évolué de manière aussi foudroyante selon Jeremy Kerr, un écologiste de l’université d’Ottawa au Canada.

    Ensuite, ils ont cherché ce qui a provoqué l’évolution. La première possibilité est que les abeilles ont diminué de taille. Mais la mesure globale du corps et de ses différentes parties a écarté cette possibilité. Miller-Struttmann et ses collègues ont ensuite étudié les données, datant de plusieurs décennies, sur les plantes qui étaient visitées par les abeilles par rapport à la pollinisation actuelle. Et ils ont découvert que les abeilles ont développé une plus grande variété de saveurs que leurs ancêtres datant de 40 ans.

    Les études des plantes de 1970 et de ces dernières années ont révélé que la densité de fleurs dans les montagnes a diminué de 70 %. Les chercheurs publient les conclusions de leurs travaux dans la revue Science (http://dx.doi.org/10.1126/science.aab0868). Le réchauffement climatique est le principal coupable selon Miller-Struttmann. D’autres travaux ont montré que les fleurs ne poussent pas correctement lorsque les températures minimums pendant l’été dépassent les 3,25 degrés Celcius. Le sol n’a pas le temps de se refroidir et il s’assèche. Les nuits étaient chaudes de 12 % de 1960 à 1985, mais depuis cette époque, il y a eu des années qui étaient chaudes de près de 48 %.

    Et le réchauffement a un effet de dominos. Il réduit la quantité de fleurs. Et pour les abeilles spécialisées sur quelques espèces de fleurs, cela signifie une disparition des ressources. Et donc, les abeilles avec la langue courte se sont mieux comportées et elles ont progressivement dominé les pics.

    Il est difficile de comprendre l’impact du réchauffement climatique sur les espèces selon Koos Biesmeijer, un écologiste du Naturalis Biodiversity Center à Leiden aux Pays-Bas. C’est pourquoi cette étude est très intéressante. Ces changements se sont produits en 40 ans, soit 40 générations d’abeille et c’est une découverte vraiment significative. Si les autres abeilles s’adaptent de la même façon, alors on peut espérer qu’elles vont réduire les impacts négatifs du changement climatique.

    Mais même si les abeilles font de leur mieux, on ne peut pas dire la même chose de leurs fleurs. Avec des langues plus courtes, les abeilles ne sont plus aussi efficaces et désormais, elles doivent visiter davantage de fleurs. De plus, le pollen qu’elles transmettent n’est pas forcément du même type. Mais on ignore encore les impacts négatifs potentiels sur les fleurs, mais il faudra se pencher dans ce domaine pour comprendre les vrais impacts de l’évolution des abeilles.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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