Institut Pasteur : Une zizanie sur l’âge du président


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  • Est-ce qu’une personne de 65 ans est trop vieille pour diriger un grand centre de recherche ? Cette question a provoqué une division au sein de l’Institut Pasteur à Paris. Selon la revue Science, l’Institut Pasteur est actuellement plongé dans une crise de Leadership. Au centre de la crise, on trouve Christian Bréchot, un médecin et spécialiste de l’hépatite virale dont le mandat de 4 ans, en tant que président de l’Institut, va se terminer en octobre 2017.


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    L'Institut Pasteur traverse une crise interne qui concerne l'âge de son président, Christian Bréchot, qui brigue un second mandat.

    Bréchot, qui avait dirigé l’INSERM, veut briguer un second mandat, mais il aura 65 ans en juillet 2017. Mais selon les règles de la fondation qui gère l’Institut Pasteur, cet âge le disqualifie pour un second mandat selon le conseil d’administration de 21 membres. Furieux par la décision du conseil de ne pas changer les règles, l’assemblée générale de l’Institut Pasteur a dissout le conseil en juin 2016 et le futur de Bréchot est en difficulté.

    Les partisans de Bréchot estiment que la limite d’âge est obsolète et que l’Institut Pasteur a besoin de Bréchot pour qu’il finisse ses réformes lancées en 2014. Si nous devons trouver un autre directeur, alors cela mettrait fin à la nouvelle dynamique selon Félix Rey, biologiste structurel et membre de l’assemblée. La réforme de Bréchot inclut des efforts pour aider l’Institut Pasteur à Paris et les autres instituts dans le monde à collecter et à partager les données ainsi qu’à moderniser le laboratoire de Paris pour des disciplines telles que la bioinformatique et la microscopie électronique selon Rey. Bréchot a aussi tenté d’améliorer les salaires et les perspectives de carrière pour attirer de grands chercheurs.

    Louis Pasteur a dirigé l’institut jusqu’à sa mort à l’âge de 72 ans en 1895. Mais aujourd’hui, l’article 12 de la fondation Pasteur postule qu’au moment de sa nomination ou le renouvellement de son mandat, le président ne doit pas avoir 65 ans. En mai 2016, après que le conseil ait déclaré qu’il allait respecter l’article 12, plusieurs scientifiques de l’Institut Pasteur ont envoyé des lettres pour soutenir Bréchot en demandant au conseil d’augmenter la limite d’âge.

    Le conseil, qui inclut 6 scientifiques de Pasteur, n’a pas fléchi sa position. Le changement de l’article 12 est un processus long qui implique l’intervention gouvernementale et pourrait mener à une refonte complète du statut de la Fondation pour qu’elle s’aligne avec les autres fondations françaises selon Rose-Marie Van Lerberghe, présidente du conseil. Ce serait dommageable pour l’institut. Bréchot gagne un salaire, mais le statut typique d’une fondation implique un président qui n’est pas payé et cela augmenterait la difficulté de recruter le meilleur candidat. Le changement du statut impliquerait aussi que l’Institut Pasteur perdrait certains avantages fiscaux. Un mail provenant d’un expert juridique daté du 3 juin explique la décision du conseil.

    Mais cette explication n’a pas satisfait l’assemblée générale de l’Institut Pasteur qui paie les salaires du conseil et celui du président. Ce conseil inclut des représentants du personnel, des directeurs des instituts basés à l’étranger, des membres provenant d’universités et de corps gouvernementaux ainsi que des membres externes. Le 21 juin 2016, 60 des 101 membres de l’assemblée générale ont rejeté le rapport annuel du conseil par un vote secret. Cela a provoqué la dissolution automatique du conseil.

    L’Assemblée générale ne voulait pas créer la zizanie selon Antoine Talarmin, chef de l’Institut Pasteur de Guadeloupe à Point-à-Pitre et un membre de l’assemblée, mais elle voulait envoyer un message fort pour soutenir le second terme de Bréchot et exprimer son manque de confiance au conseil. Les membres de Pasteur ne se laisseront pas faire selon Talarmin. Il est ridicule que ce problème ait pris de telles proportions alors que de nombreux politiciens veulent augmenter l’âge légal de la retraite.

    Certains soupçonnent que le conseil utilise la limite d’âge pour se débarrasser de Bréchot selon Talarmin. Ce n’est pas vrai selon Van Lerberghe, qui pointe le fait qu’elle a fait partie du comité de recherche qui a sélectionné Bréchot et qui a travaillé avec lui sans aucun problème. Mais la loi est la loi même si la différence est seulement de 3 mois.

    Mais Bréchot possède aussi ses détracteurs. Un responsable de recherche et membre de l’assemblée, ayant gardé l’anonymat, estime qu’il est temps pour Bréchot de partir. Il est arrogant et il a créé un climat de peur parmi le staff. Il n’aura jamais mon vote pour rester. Bréchot a déclaré que vous ne pouvez pas plaire à tout le monde si vous réformez un institut en admettant que la situation est particulièrement tendue. Quelques personnes pensent que j’ai manipulé les scientifiques sur le campus ou sollicité des lettres de soutien. Mais ce débat va au-delà de ma personne.

    Les partisans de Bréchot espèrent que le prochain conseil va changer l’article 12, mais Van Lerberghe averti que ce ne sera pas facile. Jusqu’à ce que le nouveau conseil soit formé en octobre 2016, les membres restants pourront uniquement traiter des affaires de routine. Pendant ce temps, la recherche de l’Institut Pasteur continue sans aucun problème. Il y a eu d’autres crises dans la longue histoire de l’Institut Pasteur selon Rey. Je suis très confiant. Après chaque crise, nous sommes toujours sortis plus fort qu’auparavant.

    Modification du 18 septembre 2016 avec l’ajout du commentaire de Christian Bréchot :

    Chers collègues, chers amis,
    La diffusion pour la seconde fois en deux mois d’une lettre injurieuse à mon égard, diffamatoire et, de plus, anonyme m’oblige à réagir. Les affirmations contenues dans ces lettres sont absolument inexactes ; ces lettres mettent en cause ma famille (à titre d’exemple, ma fille n’a jamais bénéficié d’un CDI à l’Institut Pasteur…). Enfin, j’ai montré depuis le début de mon mandat que je suis totalement ouvert au dialogue et même demandeur d’échanges, y compris contradictoires. C’est pour cette raison que je trouve méprisable que celui ou ceux qui diffusent ces informations le fassent de façon anonyme.
    Pour la sérénité de nous tous et pour le bon déroulement des activités de recherche de notre Institut, il est donc temps que ces comportements diffamatoires cessent. Au-delà de ma personne, cette lâcheté est en effet indigne d’un grand institut de recherche comme l’Institut Pasteur et discrédite notre communauté dans son ensemble.
    Bien cordialement,
    Christian Bréchot
    PS : Je ne souhaite évidemment pas répondre point par point à ces fausses affirmations. Cependant, pour information, vous trouverez ci-joint les éléments de réponse envoyés par la direction de la communication aux rares donateurs qui nous ont contactés à la suite de l’article paru en juillet dans le “Canard enchaîné”.

    Source : Revue Science

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    1 réponse

    1. Expéditeur: Communication Institut Pasteur
      Date: 1 septembre 2016 18:17:07 UTC+2
      Destinataire: Communication IP
      Objet: Message du Directeur général
      Chers collègues, chers amis,
      La diffusion pour la seconde fois en deux mois d’une lettre injurieuse à mon égard, diffamatoire et, de plus, anonyme m’oblige à réagir. Les affirmations contenues dans ces lettres sont absolument inexactes ; ces lettres mettent en cause ma famille (à titre d’exemple, ma fille n’a jamais bénéficié d’un CDI à l’Institut Pasteur…). Enfin, j’ai montré depuis le début de mon mandat que je suis totalement ouvert au dialogue et même demandeur d’échanges, y compris contradictoires. C’est pour cette raison que je trouve méprisable que celui ou ceux qui diffusent ces informations le fassent de façon anonyme.
      Pour la sérénité de nous tous et pour le bon déroulement des activités de recherche de notre Institut, il est donc temps que ces comportements diffamatoires cessent. Au-delà de ma personne, cette lâcheté est en effet indigne d’un grand institut de recherche comme l’Institut Pasteur et discrédite notre communauté dans son ensemble.
      Bien cordialement,
      Christian Bréchot
      PS : Je ne souhaite évidemment pas répondre point par point à ces fausses affirmations. Cependant, pour information, vous trouverez ci-joint les éléments de réponse envoyés par la direction de la communication aux rares donateurs qui nous ont contactés à la suite de l’article paru en juillet dans le “Canard enchaîné”.

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