Kudos, un réseau social pour les scientifiques afin de promouvoir leurs papiers


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  • Kudos est une nouvelle plateforme qui permet aux scientifiques de promouvoir leurs papiers à de nouvelles audiences. L’objectif est un rapprochement multi-disciplinaire entre les chercheurs tout en proposant une lecture simple d’un papier.


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    Kudos est une nouvelle plateforme qui permet aux scientifiques de promouvoir leurs papiers à de nouvelles audiences.
    Crédit : The Project Twins

    Peu de gens connaissent le champ de recherche de Michele Tobias. Tobias est une scientifique environnementale au California State Parks à Sacramento. Mais sur son temps libre, elle est une biogéomorphologiste, une personne qui analyse les effets des organismes sur les environnements. Dans son cas, elle étudie comment les plantes affectent le développement des dunes dans la cote californienne. Je suis la seule personne qui étudie ce phénomène.

    Mais Tobias pense que le département de la gestion des côtes de Californie devrait connaitre ses travaux. Elle est devenue adepte de la promotion de ses messages sur les réseaux sociaux pour avoir de la visibilité sur ses papiers. Étant jeune dans la publication scientifique, j’ai besoin de me faire connaitre et trouver une audience. Je ne peux pas juste publier et espérer que quelqu’un aille le lire dans le futur.

    Les scientifiques ne sont pas des experts en relation publique et c’est pourquoi les universités ont des bureaux de presse selon Matt Shipman, un chercheur en communication à l’université de Caroline du Nord à Raleigh. Mais il recommande aussi aux scientifiques de se mettre en avant. Et globalement, les scientifiques arrivent à la même conclusion. Cette demande a été mise en pratique avec un nouvel outil en ligne appelé Kudos qui veut permettre aux chercheurs de maximiser l’impact de leurs papiers sur les réseaux sociaux.

    Tobias est une fan de Kudos. Depuis son lancement en mai 2014, le site possède plus de 100 000 utilisateurs avec 4 000 nouvelles inscriptions chaque mois selon Charlie Rapple, la co-fondatrice de Kudos.

    Atteindre une meilleure audience

    Avec la quantité de papiers qui est publiée, le système actuel ne garantit plus que vos travaux atteindront une audience selon Rapple. Kudos donne de la visibilité aux papiers et les chercheurs bénéficient plus de reconnaissance. Kudos permet à chaque papier d’avoir sa propre page de profil que les utilisateurs peuvent lire avec un résumé en langage simple, des recours externes, des avis et des présentations. Tobias a déclaré que plus de 830 personnes ont visité le résumé d’un de ses papiers. Elle a aussi lié une de ses études à une vidéo Youtube dans laquelle des membres d’une compagnie de danse contemporaine présentent le rôle des plantes dans la formation des dunes via une danse improvisée.

    Un autre utilisateur de Kudos, Antony Williams du National Center for Computational Toxicology à Research Triangle Park en Caroline du Nord, apprécie que le site fournisse un forum pour associer les commentaires et les articles associés qu’il considère comme une forme de citation. Les utilisateurs peuvent aussi avoir leur propre profil qui extrait automatiquement les données des plateformes telles que ORCID.

    Et ce contenu n’est pas uniquement visible sur le site de Kudos, car il peut aussi apparaitre dans une boite, redirigeant vers le papier, sur des sites externes avec les Widgets. Ainsi, les éditeurs peuvent intégrer le contenu provenant de Kudos. Ainsi, The International Union of Crystallography, affiche des profiles Kudos à côté de papiers dans la revue Acta Crystallographica Section D.

    Pour aider les chercheurs à promouvoir leurs travaux, Kudos fournit aussi des liens traçables qu’ils peuvent envoyer par mail, Twitter, Facebook et d’autres réseaux sociaux. Kudos traque les clics sur les liens permettant aux chercheurs, aux services de presse et aux institutions d’avoir une meilleure estimation sur les papiers les plus populaires. Le site utilise aussi des données de Altmetric.com qui analysent la mention de papiers sur les réseaux sociaux ainsi que les citations de Thomson Reuters.

    De nombreux services de Kudos ne sont pas nouveaux, mais l’aspect unique est qu’ils sont centralisés sur un seul site. Ainsi, Kudos permet aux scientifiques en milieu ou en fin de carrière d’être plus présents sur les réseaux sociaux alors qu’ils sont généralement méfiants sur ce type de plateforme.

    Le site est gratuit pour les scientifiques, car les institutions, les sociétés et les éditeurs financent le site. Kudos permet à ces entités de surveiller et d’évaluer les chercheurs afin d’entretenir une meilleure relation. En encourageant les chercheurs à se promouvoir, Kudos améliore aussi le profil des institutions des chercheurs. Actuellement, Kudos est partenaire avec plus de 65 éditeurs tels que Wiley ou Taylor & Francis.

    Des papiers compréhensibles

    Kudos propose aussi des résumés en langage simple. Cela permet aux chercheurs d’atteindre une audience plus large. Par exemple, les proches d’une personne atteinte de cancer peuvent mieux comprendre la portée d’une étude médicale. Et les résumés faciles à comprendre peuvent aussi attirer l’attention des législateurs et des gestionnaires de ressources.

    Mais même les scientifiques peuvent bénéficier des résumés selon Matthew Bowler, un scientifique au Laboratoire européen de biologie moléculaire à Grenoble et qui est un utilisateur de Kudos. Le langage simple permet de comprendre le contexte d’une étude et sa signification et de trouver des papiers avec des requêtes plus basiques.

    Mais il faut du temps pour que ça fonctionne selon Shipman. Ce n’est pas facile de transformer les résultats de recherche en quelque chose qui soit accessible à d’autres disciplines sans oublier le grand public. Ce n’est pas juste une question de publier le papier sur Kudos, mais il faut prendre le temps de l’expliquer en des termes compréhensibles par tout le monde.

    Certaines revues scientifiques proposent déjà des résumés en langage simple, mais ils sont souvent écrits par les éditeurs et non les auteurs. Le groupe Nature propose ce type de résumé sur certains papiers. De même, eLife recrute des auteurs pour écrire des résumés en langage simple et il publie 10 % de son contenu sur la plateforme Medium selon un éditeur d’eLife.

    Une décision personnelle

    Chaque chercheur doit décider le temps à consacrer pour la promotion de ses travaux sur les réseaux sociaux. Mais une bonne utilisation de l’auto-promotion, selon Shipman, amène de la visibilité qui augmente les citations et attire des étudiants dans un laboratoire. Mais les scientifiques doivent comprendre les spécificités des médias sociaux. Comme tous les médias, il faut du temps pour que les efforts soient récompensés.

    Pour les chercheurs qui ont peur des réseaux sociaux, Williams, qui donne des séminaires de réseaux sociaux aux États-Unis, donne quelques simples conseils. Choisissez 2 ou 3 réseaux sociaux, passez du temps à les configurer et passez 2 heures par mois pour les maintenir. Et si vous n’avez pas le temps, créez au moins un profil sur Linkedin pour avoir un CV virtuel. Obtenez un ORCID ID (un code alphanumérique non propriétaire, qui permet d’identifier de manière unique les chercheurs et auteurs de contributions académiques et scientifiques). Vous pouvez également utiliser le site Publons.com pour enregistrer vos activités d’évaluation par pair.

    Un papier scientifique est le résultat d’un investissement extraordinaire de temps et d’énergie. Cela représente des milliers d’heures de recherche, d’analyse de donnée, d’écriture et d’évaluation. Est-ce qu’il ne vaut pas mieux investir 10 à 20 heures supplémentaires pour s’assurer que votre papier ne soit pas enterré dans le cimetière des oubliés ?

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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