Une autopsie suggère que Lucy est morte en tombant d’un arbre


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  • Une nouvelle étude controversée suggère que Lucy, la plus célèbre de nos ancêtres, est tombée d’un arbre.


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    Une nouvelle étude controversée suggère que Lucy, la plus célèbre de nos ancêtres, est tombée d'un arbre.

    Certains dommages sur le squelette de Lucy datant de 3,2 millions d’années se sont produits lorsqu’elle a fait une chute de 13 mètres ou plus selon John Kappelman, paleoantropologue de l’université du Texas et ses collègues. Lucy, une ancienne ambassadrice de l’espèce préhumaine appelée Australopithecus afarensis, a pu tomber lorsqu’elle grimpait ou dormait dans un arbre.

    Des fractures pertinentes avec une chute d’arbre

    Les fractures des os allant de la tête jusqu’aux chevilles suggèrent que Lucy est tombée de l’équivalent de 4 à 5 étages. Elle est tombée sur ses pieds avant de lancer ses bras pour tenter d’amortir sa chute selon Kappelman. L’omoplate droite de Lucy s’est fracassée sur l’os supérieur de son bras selon Kappelman. En bas de l’épaule, on voit des fractures très nettes ainsi que des fragments d’os et des éclats qui sont insérés dans la poitrine.

    Et de tels dommages apparaissent fréquemment chez les humains modernes qui chutent de grandes hauteurs ou ceux qui subissent des accidents routiers graves selon Kappelman. Un saignement considérable interne suggère que le corps s’est écrasé brutalement sur le sol. Lucy a saigné abondamment après sa chute.

    Un os de la partie supérieure du bras droit de Lucy. On voit des fissures et des dommages qui sont plus liés à la fossilisation qu'à la chute d'un arbre.

    Un os de la partie supérieure du bras droit de Lucy. On voit des fissures et des dommages qui sont plus liés à la fossilisation qu’à la chute d’un arbre.

    Insensé, répond Tim White, paléoantropologue de l’université de Californie. Il considère ce papier comme un exemple typique de puteàclic paléantropologique afin d’exciter les médias de masse. Les fractures et les autres dommages se sont produits après la mort de Lucy selon White. La craquelure des os a été provoquée par la fossilisation et par la pression sur les fossiles qui étaient dans du grès. Et cette craquelure liée à la fossilisation apparait dans les ossements de nombreux animaux qui ne sont pas des grimpeurs incluant des gazelles, des hippopotames et des rhinocéros selon White.

    Quand des gens tombent d’une chute allant de 2 à 21 mètres selon White, les médecins rapportent plusieurs fractures sur la colonne vertébrale, la tête, le coude, les poignets, les chevilles et les pieds et très peu sur les épaules. Depuis la découverte de Lucy en 1974 en Ethiope, les scientifiques n’arrivent pas à comprendre les causes de sa mort selon Donald Johanson, anthropologue de l’université d’Arizona et son étudiant diplômé de l’époque, Tom Gray. Une équipe menée par Johanson, qui incluait White, avait considéré que les dommages sur les ossements de Lucy étaient provoqués par la fossilisation.

    Une étude qui est critiquée par d’autres chercheurs

    Intrigué par l’écrasement considérable et la rupture sur l’articulation de l’épaule droite de Lucy, Kappelman a consulté Stephen Pearce, un chirurgien orthopédique de l’Austin Bone and Joint Clinic et co-auteur de l’étude. Quand on lui a montré un modèle imprimé en 3D de Lucy, qui a été agrandi à la taille d’un humain moderne, Pearce a déclaré que les dommages sur le bras ressemblaient à ceux d’une personne qui tendrait le bras pour amortir une chute. Un chirurgien orthopédique pour analyser la cause d’une mort d’un fossile datant de plusieurs milliers ? Attention à l’argument d’autorité.

    Kappelman et ses collègues ont ensuite analysé les scans CT en haute résolution provenant des os de Lucy qui ont été créés en 2008. En plus des dommages des os du bras droit et de l’omoplate, les autres dommages sont pertinents avec une longue chute qui apparait dans les os des chevilles, des jambes, du pelvis, de la zone lombaire, des cotes, de la mâchoire et de la boite crânienne selon les chercheurs. La fossilisation et les forces géologiques ont provoqué des dommages supplémentaires sur les restes de Lucy.

    L’espèce de Lucy partageait son temps entre la vie au sol et dans les arbres

    Même s’il était sceptique sur les chances de trouver la cause de la mort d’un fossile aussi vieux que Lucy, William Jungers, paléoantropologue à la Stony Brook University Medical Center estime que la preuve pointe vers une chute mortelle. Il n’y a aucune autre explication pour expliquer le pattern des dommages sur les ossements de Lucy. Et si Lucy est morte en tombant d’un arbre, alors son espèce a pu partager son temps entre des activités au sol et dans les arbres selon Kappelman. Certains chercheurs supposent depuis longtemps que l’A. afarensis était surtout adapté pour la marche.

    Même aujourd’hui, selon Junger, on a toujours des chutes accidentelles dans les arbres chez certains chasseurs-cueilleurs africains, notamment ceux qui chassent le miel des abeilles. L’espèce de Lucy pouvait grimper aux arbres selon White, mais on ignore la fréquence et la raison qui pouvaient être pour construire un abri ou pour chercher de la nourriture.

    Imprimez votre propre Lucy en 3D pour trouver la cause de sa mort

    Une impression en 3D d'un des ossements de Lucy

    Une impression en 3D d’un des ossements de Lucy

    Kappelman savait que son étude serait très critiquée par la communauté. C’est pourquoi son équipe propose des Scans CT des ossements de Lucy en libre accès afin que d’autres chercheurs puissent les imprimer en 3D. Les Scans CT sont disponibles sur eLucy.org et on peut les obtenir via une demande. Le musée national et le gouvernement éthiopien ont autorisé à ce que les ossements de Lucy deviennent des fichiers 3D disponibles pour le grand public.

    Lucy appartient à toute l’humanité et la disponibilité des ossements en 3D permet à de nombreux chercheurs de réaliser leur propre Lucy afin de confirmer ou d’infirmer la chute d’un arbre comme la cause de sa mort. D’autres musées en Afrique sont plus réticents à partager librement leurs fossiles grâce à la manne financière qui est parfois leur principale source de revenus.

    Source : Etude publiée dans Nature (Papier complet via Sci-Hub)

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    1 réponse

    1. bouzous dit :

      il fallait pas la laisser grimper si haut. a-t-on pensé à la transporter aux urgences? il serait temps!

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