Quels sont les plus vieux animaux de la planète ?


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  • La longévité de 400 ans du requin de Groenland nous permet de revenir sur les animaux les plus vieux de la planète.


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    La longévité de 400 ans du requin de Groenland nous permet de revenir sur les animaux les plus vieux de la planète.

    Paul Butler, Bangor University

    Pour la communauté inuite de Pangnirtung, vivant dans le territoire autonome du Nunavut (Canada), le requin du Groenland est un animal qui ne meurt pas facilement :

    Mon père me disait que les requins avaient la peau dure. Ces animaux pouvaient être pourris, même visqueusement pourris, mais quand on touchait leur peau ou leur chair, elles continuaient à bouger. Vous voyez, c’est vivant mais pourri.

    Cela peut paraître horrible, mais cette réputation du requin du Groenland est en partie vraie. Avec une durée de vie estimée à 400 ans, cet animal vient juste d’être identifié comme le plus vieux vertébré vivant sur la planète.

    Cette découverte n’en est qu’une parmi d’autres récentes qui font reculer les limites de la longévité animale ; de telles découvertes font également resurgir des questions sur les causes de ce que nous pourrions nommer la longévité extrême, avec des durées de vie qui se mesurent en siècles !

    Pour devenir une espèce à la durée de vie très longue, il faut qu’un certain nombre de ses membres meurent de vieillesse (et non de maladie ou du fait d’avoir été tué). L’expérience de la dégénérescence liée à l’âge est indispensable pour y devenir plus résistant.

    Il faut également que ces espèces soient pourvues de mécanismes de défense efficaces contre leurs prédateurs – comme peut en fournir une coque résistante, par exemple. Une fois cette sécurité assurée, vivre plus longtemps devient une façon d’assurer sa descendance, tout particulièrement quand l’approvisionnement alimentaire se fait irrégulier.

    Gros plan sur cinq espèces à l’extraordinaire longévité.

    On dit que le froid conserve… Julius Nielsen

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    Le requin du Groenland

    En plus d’être lui-même un redoutable prédateur, ce requin possède une imparable défense grâce à sa peau hautement toxique. La capacité à échapper aux prédateurs durant ses jeunes années permet à ce requin d’adopter une stratégie de reproduction plus calme. C’est ainsi que les femelles doivent attendre d’avoir environ 150 ans pour atteindre la maturité reproductive.

    Dans les hautes latitudes où ils évoluent, la faible luminosité des mois d’hiver induit une raréfaction des plantes et des algues dont les autres créatures de ces zones se nourrissent ; cela peut avoir un effet sur les apports de nutriments de toute la chaîne alimentaire. Dès lors, la capacité à endurer les mauvaises années et à se reproduire pendant les périodes plus fastes est un élément-clé pour la survie de ces requins ; on l’aura compris, une durée de vie allongée est un moyen très efficace de connaître de nombreuses « bonnes » années.

    Boucliers anti-âge.

    Boucliers anti-âge.

    La cyprine

    La cyprine (encore appelée quahog nordique ou praire d’Islande, Arctica islandica) détient le record de l’animal le plus vieux connu des scientifiques. Pour déterminer son âge, il suffit de compter les bandes annuelles observables sur sa coquille. C’est ainsi qu’un spécimen (désormais connu sous le nom de Ming) collecté en Islande a affiché un âge de 507 années.

    Comme de nombreuses autres espèces de mollusques, la cyprine connaît une croissance lente et vit plus longtemps dans les hautes latitudes. Dans le nord de l’Islande, elle peut ainsi vivre en général au-delà de 300 ans, quand, plus au sud, dans les eaux européennes ou nord-américaines (où les nutriments sont présents en plus grande quantité), son âge ne dépasse pas les 250 ans. De même que pour le requin du Groenland, il s’agit là d’une stratégie de reproduction adaptée dans des eaux pauvres en nutriments mais où il y a peu à craindre des prédateurs.

    Comment apprivoiser la vieillesse. Bering Land Bridge National Preserve/Wikimedia Commons, CC BY-SA

    Comment apprivoiser la vieillesse. Bering Land Bridge National Preserve/Wikimedia Commons, CC BY-SA

    La baleine boréale

    On a retrouvé sur une baleine boréale pêchée lors d’une expédition en Alaska courant 2007 la tête d’un harpon datant de la fin du XIXe siècle. On a établi son âge grâce au radiocarbone à 211 ans, ce qui en fait le plus vieux mammifère jamais observé. À la différence des autres baleines, on trouve ces animaux uniquement dans les eaux froides arctiques et subarctiques.

    L’analyse de leur ADN suggère que l’absence de prédateurs naturels leur a permis de développer des défenses naturelles contre le déclin lié à l’âge.

    Les années passent, pas la carapace.

    Les années passent, pas la carapace.

    La tortue géante

    Seul animal terrestre connu pour vivre plus de 200 ans, la tortue géante se rencontre aujourd’hui seulement sur quelques îles isolées des océans pacifique et indien. Une tortue géante originaire de l’atoll d’Aldabra aux Seychelles est morte en 2006 à l’âge de 255 ans dans un zoo de Calcutta, en Inde. Jonathan, la tortue géante la plus âgée vit aujourd’hui aux Seychelles et affiche 184 années.

    Pour déjouer les attaques de ses prédateurs, la tortue géante adopte le système « ceinture-bretelle », et conserve sa très résistante carapace même dans les zones où elle ne craint absolument rien. Sans la menace de devenir une proie, l’animal peut – comme c’est le cas du requin du Groenland et de la cyprine – ralentir son métabolisme, ce qui lui permet d’affronter les périodes où la nourriture se fait rare.

    Emma Morano, 116 ans, l’actuelle doyenne de l’humanité. Antonino di Marco/EPA

    Emma Morano, 116 ans, l’actuelle doyenne de l’humanité. Antonino di Marco/EPA

    Homo sapiens

    Jeanne Calment, qui est morte en 1997 à l’âge de 122 ans, fut la plus vieille personne (et très probablement le plus vieux mammifère terrestre) dont on a pu établir avec exactitude la longévité. De fait, Homo sapiens est le seul mammifère terrestre connu pour vivre plus d’un siècle, et la question de savoir si une telle longévité a pu exister avant l’avènement de l’agriculture est passionnante.

    Pour les mammifères, l’un des indicateurs de la longévité semble être la taille du cerveau. Celle-ci reflète une capacité renforcée à s’adapter à un environnement qui évolue sans cesse ainsi qu’une défense efficace contre les prédateurs. Et il semble que même les premiers humains pouvaient vivre jusqu’à 70 ou 80 ans, ce qui est nettement plus long que les grands singes.

    Paul Butler, Research Lecturer, School of Ocean Sciences, Bangor University

    This article was originally published on The Conversation. Read the original article.

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