Pire que le Decodex ? Une infographie montrant les “bons” et les “mauvais” sites scientifiques


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  • On pensait qu’on ne pouvait pas faire pire que le Decodex, mais quand l’American Council on Science and Health et RealClearScience proposent une infographie décrivant les meilleurs et les pires sites d’actualités scientifiques, on se demande si on ne va pas éclater de rire ou pleurer des torrents devant tant de stupidités. Par exemple, le magazine Scientific American est un repaire de gauchiasses qui n’ont aucune intégrité scientifique selon cette infographie…


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    On pensait qu'on ne pouvait pas faire pire que le Decodex, mais quand l'American Council on Science and Health et RealClearScience propose une infographie décrivant les meilleurs et les pires sites d'actualités scientifiques, on se demande si on ne va pas éclater de rire ou pleurer des torrents devant tant de stupidités. Par exemple, le magazine Scientific American est un repaire de gauchiasses qui n'ont aucune intégrité scientifique.

    Le Decodex s’est attiré les foudres du public, mais également des autres médias pour sa prétention à classer les bons et les mauvais médias. Mais au moins, le Decodex est un peu plus développé, car on a un site, des extensions et tout le tintouin. Cela reste très foireux, mais au moins, on peut penser qu’il y a eu un effort derrière. De nos jours, l’actualité scientifique est mise à mal et les attaques viennent de tous les côtés. D’un coté, nous avons des tenants qui estiment que la science, les études scientifiques et les chercheurs sont tous corrompus tandis que de l’autre, vous avez des médias qui exagèrent souvent la portée des études scientifiques.

    Et quelle est la solution ? On pourrait proposer que les scientifiques s’engagent plus avec les journalistes, qu’il y ait des initiatives qui réunissent les journalistes et les scientifiques et qu’on investisse plus de temps et d’argent sur la couverture des études scientifiques. Mais bon, c’est trop compliqué et c’est mieux de sortir une infographie à la pisse pour indiquer les bons et les mauvais sites d’actualités scientifiques. L’initiative nous vient de l’American Council on Science and Health et de RealClearScience.1 2 Étrangement, nous avons les 3 couleurs, le vert pour les bons, le jaune pour les moyens et le rouge pour les “déchets”.

    On pensait qu'on ne pouvait pas faire pire que le Decodex, mais quand l'American Council on Science and Health et RealClearScience propose une infographie décrivant les meilleurs et les pires sites d'actualités scientifiques, on se demande si on ne va pas éclater de rire ou pleurer des torrents devant tant de stupidités. Par exemple, le magazine Scientific American est un repaire de gauchiasses qui n'ont aucune intégrité scientifique.

    Crédit : American Council on Science and Health/RealClear Media Group alias les Dumb et Dumber de la science !

    Ainsi, Nature, Science, The New Scientist, The Scientist, MIT Technology Review, la BBC (sérieux ?), The Guardian, Ars Technica sont considérés comme de bons sites d’actualités scientifiques. Mais c’est quoi, un bon site scientifique, me direz-vous ? Et bien, selon ces 2 entités, c’est un site qui publie uniquement les études basées sur les preuves, mais qui ne porte aucun jugement. Dans la case jaune, nous avons Scientific American, Forbes, Gizmodo, The Conversation, le New York Times, Mother Jones, Daily Mail, etc. Notons que l’infographie est subtile, car il y a également un classement sur l’axe X et Y. Ainsi, les sites qui sont en vert, mais qui sont en bas sur l’axe Y sont des mauvais sites, car ils ne donnent pas suffisamment de sources.

    Et dans la case rouge, vous avez les déchets qui sont NaturalNews, Mercola, Infowars, etc. Des sites complotistes en somme. Mais quand vous regardez l’éditorial de American Council on Science and Health pour expliquer ces choix, on se demande si c’est une blague ou que ces personnes sont tellement engluées dans leur condescendance et leur tour d’ivoire qu’ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils racontent, des Laurent Joffrin de la science quoi ! Ainsi, Scientific American est classé en jaune. Pour les novices, Scientific American est le plus ancien des magazines scientifiques aux États-Unis et on a également son édition française qui est Pour la Science. Pourquoi ce vénérable magazine est-il en jaune ? Et bien, les auteurs de l’infographie nous sortent cette tirade hallucinante que depuis très longtemps, Scientific American est devenu le quartier général des Social Justice Warrior de la gauche et que le magazine estime qu’il est important de s’attaquer aux conservateurs plutôt que de bien couvrir l’actualité scientifique. De plus, Scientific American se contente de republier le contenu des autres médias. Wouah ! J’ignorais qu’on pouvait mettre autant de malhonnêteté et de haine en quelques phrases !

    Dans le cas de Popular Science et Wired, les auteurs de l’infographie estiment que leur contenu est bon, mais qu’il utilise le pute à clic (une infographie listant les mauvais et les bons sites n’est pas surement pas le pire du Pute à Clic, voyons). Et dans le cas de Physical World, les auteurs estiment qu’il est trop spécialisé et ésotérique. On peut rigoler quand l’infographie nous dit que The Economist est aussi fiable que la revue Nature et Science. Mais quel est le point commun pour tous ces magazines qui obtiennent une belle note verte ? Ce n’est pas qu’ils sont objectifs, mais qu’ils prônent une vision néolibérale de la société. Pour ces revues, en dépit de leur excellent contenu, ils n’envisagent pas d’autres modèles que celui qui est dominant et qui donne la part belle à l’économie du marché. Je me rappelle d’un article de Nature qui incitait la Grèce à accepter les demandes de la Troika pour éviter de nuire aux scientifiques de ce pays. Mais que les citoyens grecs souffrent le martyre à cause de l’austérité, on peut s’en foutre assez royalement.

    Quand les auteurs de l’infographie nous parlent qu’une bonne couverture médiatique ne doit pas porter de jugement, cela sous-entend que si vous utilisez une ligne éditoriale, qui va à l’encontre de la pensée dominante, dans votre couverture médiatique, alors vous êtes forcément un mauvais journaliste scientifique. Il est remarquable que les auteurs correspondent parfaitement à la critique de Frédéric Lordon sur le post-journalisme où toute pensée, à l’écart de la vision dominante, est considérée comme étant subversive à la limite du complotisme.

    Il est vrai qu’aujourd’hui, la couverture médiatique des études scientifiques n’est pas la meilleure. Il faut améliorer des points importants, mais en général, les médias font leur boulot. Parfois, ils le font mal, mais le message passe quand même. Les plus grandes découvertes scientifiques telles que les ondes gravitationnelles, le survol de Pluton par New Horizons ou les récentes exoplanètes autour de l’étoile Trappist-1 sont parfaitement relayées et le public est au courant de ce qui se passe. Il faut juste demander de la précision sur certaines couvertures médiatiques, notamment dans les études médicales, mais une infographie merdique n’est surement pas la solution pour changer la mentalité des médias de masse et d’une partie du public qui est de plus en plus sceptique envers la science. En fait, ce type d’infographie ne fera qu’augmenter le sentiment anti-science.

    Sources

    1.
    Infographic: The Best and Worst Science News Sites | American Council on Science and Health. acsh.org. http://acsh.org/news/2017/03/05/infographic-best-and-worst-science-news-sites-10948. Consulté le mars 8, 2017.
    2.
    Ranked: The Best & Worst Science News Sites | RealClearScience. realclearscience. http://www.realclearscience.com/blog/2017/03/06/ranked_the_best__worst_science_news_sites.html. Consulté le mars 8, 2017.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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