Le “travail flexible” précaire affecte 4 millions de personnes au Royaume-Uni


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  • Le travail flexible comme le contrat zéro heure ou des planifications précaires touchent plus de 4 millions de personnes au Royaume-Uni.


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    Le travail flexible comme le contrat zéro heure ou des planifications précaires touchent plus de 4 millions de personnes au Royaume-Uni.
    Crédit : lwp.georgetown.edu

    Une nouvelle analyse des sociologues de Cambridge et d’Oxford indique qu’environ 4,6 millions de personnes au Royaume-Uni éprouvent régulièrement une planification précaire. La planification précaire est simplement un terme de management pour désigner un travail flexible avec des heures limitées dictées par la direction, souvent sans préavis, et au détriment de la vie à domicile et de la santé mentale des employés.

    Les chercheurs estiment que cette approche préjudiciable du travail flexible est fréquente chez les supermarchés et les travailleurs à domicile avec un calendrier précaire qui affecte 3,9 millions de plus que ceux sur les contrats de zéro heure. En fait, les chercheurs décrivent le contrat zéro heure comme simplement la pointe de l’iceberg des pratiques des emplois précaires, car n’importe quel contrat avec des heures minimales garanties peut être soumis à des changements de dernière minute et des réductions de salaire avec très peu de sécurité.

    Cela peut provoquer une relation dégradante entre les travailleurs et les gestionnaires. Ainsi, les travailleurs doivent mendier des changements de planning pour tenir compte des engagements tels que la garde des enfants et faire preuve d’une compétition féroce pour devenir les chouchous de la direction dans l’espoir d’avoir des heures supplémentaires, alors que ces derniers leur ont été promis.

    Le Dr Alex Wood à l’Université d’Oxford s’est fait recruter comme un empileur de rayons dans un supermarché britannique quand il était encore un chercheur au Département de sociologie de Cambridge. Il a vécu les interactions toxiques entre la gestion des magasins et les travailleurs précaires qui sont parfois désespérés, car leur vie est contrôlée par le planning. En collaboration avec le Dr Brendan Burchell de Cambridge, Wood a analysé les données de l’European Working Conditions Survey (EWCS) qui a été collecté dans les entreprises en Europe tous les 5 ans par l’agence européenne EuroFound dont la plus récente date de 2015.

    En utilisant les données du dernier EWCS, les 2 chercheurs ont révélé que 14,7 % de tous les travailleurs britanniques interrogés connaissaient régulièrement des modifications contrôlées par le manager dans leurs horaires et la plupart étaient notifiés à la dernière minute. Les chercheurs estiment que lorsqu’on convertit ce pourcentage en chiffre, alors il équivaut à 4,6 millions de personnes qui connaissent une certaine forme de travail et de planification précaires au Royaume-Uni.

    L’analyse des chercheurs est publiée dans la revue Work, Employment & Society ainsi que dans un article de blog. La planification précaire dictée par le Management provoque une énorme quantité de stress et d’anxiété pour les travailleurs qui sont incapables de planifier leur vie sur le plan social ou financier selon Burchell du département de sociologie de Cambridge. La pratique est à la fois toxique et endémique dans de nombreux secteurs du Royaume-Uni tels que les soins et le commerce de détail. Les évaluations du gouvernement doivent aller plus loin que les contrats zéro heure.

    La principale question n’est pas simplement le manque d’heures garanties. Les contrats de travail de millions de personnes offrent peu de sécurité sur les heures où ils doivent travailler sur un jour, une semaine ou un mois donné sans oublier l’importance des préavis. Les données de l’EWCS comprennent des enquêtes réalisées en 2005, 2010 et 2015. Le pic le plus récent de la planification précaire au Royaume-Uni s’est produit en 2010 avec 18,4 % des personnes qui étaient touchés. Wood suggère que la réduction du chômage depuis 2010 pourrait signifier un peu moins de pression sur des emplois précaires et ceux avec des heures limitées.

    La dernière décennie a connu une fragmentation du temps de travail, car les entreprises ont économisé des coûts en augmentant la flexibilité des changements grâce à divers mécanismes selon Wood. Ces mécanismes n’incluent des contrats à court et à zéro heure, l’émergence de plates-formes de la “Gig Economy” et des contrats flexibles qui garantissent un nombre minimum d’heures, mais aucun modèle de planification fixe.

    7 ans d’austérité ont mis le secteur public sous pression afin de contenir les coûts de main-d’oeuvre grâce à la flexibilité des changements. Les travailleurs, qui subissent des horaires difficiles qui leur sont imposés avec un préavis minimal, sont susceptibles d’avoir une mauvaise santé mentale avec l’anxiété et le sentiment de fatigue selon Wood.

    Au cours de son travail de terrain sur le supermarché, Wood a observé comment les travailleurs pouvaient souvent étendre ou changer les quarts de travail avec peu ou pas de préavis ce qui fait que la majorité des travailleurs ont une impression négative sur leur travail. L’étude décrit également comment le contrôle exercé par les gestionnaires, grâce à une planification flexible, crée un environnement où les travailleurs doivent constamment s’efforcer d’obtenir la faveur des gestionnaires.

    Dans un magasin de Londres, le chercheur a été témoin du fait que les gestionnaires encourageaient les travailleurs à leur mendier des heures supplémentaires avec de vagues promesses. Le Manager avait l’habitude de dire : “J’ai toujours des heures supplémentaires si vous en voulez”. Et ce, en dépit du fait que toute l’équipe était employée moins de neuf heures par semaine et que chaque travailleur voulait des heures supplémentaires ou travailler à plein temps selon Wood.

    Un travailleur du Royaume-Uni, Jackie, a déclaré à Wood : C’est étrange parce que vous en parlez au personnel, alors ce dernier répond que leur département est à court de personnes, mais lorsque vous demandez au directeur, alors celui-ci va répondre qu’il n’y a pas d’heures supplémentaires en ce moment. Mais le directeur va inciter aux employés de demander des heures supplémentaires. Ce processus est une technique pour créer un sentiment de hiérarchie extrême où la direction et les superviseurs disposent d’un contrôle absolu sur la vie des employés.

    Wood a également observé la coupe des heures par les gestionnaires et cela affecte négativement le revenu des travailleurs, mais également sur les tâches de la vie personnelle telles que la garde d’enfants et l’éducation. Certains employés travaillent souvent des heures supplémentaires non rémunérées pour rester dans les bonnes grâces du patron. Les Managers nient la plupart de ces pratiques en estimant que les besoins du personnel sont fixés par le siège social. Mais en général, il y a peu d’employés qui gobent ces excuses. À cause de ces pratiques, de nombreux travailleurs se sentaient punis, mais il leur était impossible de savoir pourquoi ils étaient coupables aux yeux de la direction ce qui augmente l’insécurité.

    Source : Work, Employment and Society (http://dx.doi.org/10.1177/0950017017719839)

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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