Une histoire des Croisades.. par l’ADN des croisés


  • FrançaisFrançais

  • Des chercheurs ont séquencés l’ADN d’anciens combattants des Croisades au Liban. Les résultats montrent une diversité génétique des croisés.


    Suivez-nous sur notre page Facebook et notre canal Telegram

    Cette image montre les os des croisés trouvés dans un enterrement à Sidon, au Liban - Crédit : Claude Doumet-Serhal

    L’histoire peut nous en dire beaucoup sur les croisades, la série de guerres de religion menées entre 1095 et 1291, au cours desquelles des envahisseurs chrétiens ont tenté de revendiquer le Proche-Orient. Mais l’ADN de neuf croisés du 13ème siècle enterrés dans une fosse au Liban montre qu’il y a encore beaucoup à apprendre sur qui étaient les croisés et leurs interactions avec les populations qu’ils ont rencontrées. Leurs travaux sont publiés dans la revue American Journal of Human Genetics.

    Des Croisades génétiquement diversifiées

    Les vestiges suggèrent que les soldats composant les armées des croisés étaient génétiquement diversifiés et mêlés à la population locale du Proche-Orient, bien qu’ils n’aient pas eu d’effet durable sur la génétique des Libanais vivant aujourd’hui. Ils soulignent également le rôle important que l’ADN ancien peut jouer pour nous aider à comprendre des événements historiques moins bien documentés.

    Croisades - Cette image montre les os des croisés trouvés dans un enterrement à Sidon, au Liban -  Crédit : Claude Doumet-Serhal

    Cette image montre les os des croisés trouvés dans un enterrement à Sidon, au Liban – Crédit : Claude Doumet-Serhal

    Nous savons que Richard Coeur de Lion est allé combattre dans les Croisades, mais nous en savons peu sur les soldats ordinaires qui y ont vécu et y sont morts et ces anciens exemples nous en donnent un aperçu selon Chris Tyler-Smith, auteur principal chercheur en génétique au Wellcome Sanger Institute.

    L’image génétique de croisés ordinaires

    Nos résultats nous donnent une vision sans précédent de l’ascendance des personnes qui ont combattu dans l’armée des croisés. Et ce n’était pas seulement des Européens, explique le premier auteur Marc Haber, également du Wellcome Sanger Institute. Nous constatons cette diversité génétique exceptionnelle au Proche-Orient à l’époque médiévale, avec des Européens, des peuples du Proche-Orient et des individus mixtes se battant dans les croisades et vivant et mourant côte à côte.

    Les preuves archéologiques suggèrent que 25 personnes dont les restes ont été trouvés dans une fosse funéraire près d’un château de Croisé près de Sidon, au Liban, étaient des guerriers morts au combat dans les années 1200. Sur cette base, Tyler-Smith, Haber et leurs collègues ont procédé à des analyses génétiques des restes et ont pu séquencer l’ADN de neuf croisés, révélant que trois Européens, quatre Proche-Orientaux et deux individus ayant des origines génétiques variées.

    Les Croisades ont eu peu d’impacts sur la population libanaise actuelle

    Au cours de l’histoire, d’autres migrations humaines massives, comme le mouvement des Mongols en Asie sous Gengis Khan et l’arrivée d’Ibéries coloniales en Amérique du Sud, ont fondamentalement remodelé la constitution génétique de ces régions. Mais les auteurs théorisent que l’influence des croisés a probablement été de courte durée, car les traces génétiques des croisés sont insignifiantes chez les personnes vivant au Liban aujourd’hui. Ils ont fait de gros efforts pour les expulser et ont réussi au bout de deux cents ans selon Tyler-Smith.

    Croisades - Cette image montre les os des croisés trouvés dans un enterrement à Sidon, au Liban -  Crédit : Claude Doumet-Serhal

    Cette image montre les os des croisés trouvés dans un enterrement à Sidon, au Liban – Crédit : Claude Doumet-Serhal

    Cet ancien ADN peut nous dire des choses sur l’histoire qui est impossible avec l’ADN moderne. En fait, quand les chercheurs ont séquencé l’ADN des personnes vivant au Liban il y a 2 000 ans à l’époque romaine, ils ont découvert que la population libanaise actuelle est en réalité plus semblable génétiquement à celle des Libanais romains.

    Des événements majeurs passés inaperçus

    Si vous considérez la génétique des personnes qui vivaient à l’époque romaine et celle des personnes qui y vivent aujourd’hui, vous penseriez qu’il y avait cette continuité. Vous penseriez que rien ne s’est passé entre la période romaine et aujourd’hui et vous rateriez que pendant un certain temps, la population du Liban comprenait des Européens et des personnes d’ascendance mixte selon Haber.

    Ces découvertes indiquent qu’il peut y avoir d’autres événements majeurs dans l’histoire humaine qui n’apparaissent pas dans l’ADN des personnes vivant aujourd’hui. Et si ces événements ne sont pas aussi bien documentés que les Croisades, nous pourrions simplement ne pas les connaître.

    Nos résultats suggèrent qu’il est utile d’examiner l’ADN ancien même à des périodes où il semblait que peu de choses se passaient génétiquement. Notre histoire pourrait être remplie de ces impulsions transitoires de mélange génétique qui disparaissent sans laisser de trace selon Tyler-Smith.

    De nouvelles techniques pour analyser de l’ADN ancien

    Le fait que les chercheurs aient pu séquencer et interpréter l’ADN des neuf croisés était également surprenant. L’ADN se dégrade plus rapidement dans les climats chauds et les restes étudiés ici ont été brûlés et cruellement enterrés. La génétique de cette région a suscité beaucoup d’intérêt à long terme, car elle occupe une position stratégique, une longue histoire et de nombreuses migrations.

    Mais les recherches précédentes portaient principalement sur les populations actuelles, en partie parce que la récupération d’ADN ancien dans des climats chauds est très difficile. Notre succès montre qu’il est maintenant possible d’étudier des échantillons dans des conditions similaires en raison des progrès réalisés dans les technologies d’extraction et de séquençage d’ADN selon Haber.

    Ensuite, les chercheurs prévoient d’étudier ce qui se passait génétiquement au Proche-Orient lors de la transition de l’âge du bronze à l’âge du fer. Mais ils espèrent aussi que ce type d’études deviendra plus banal et plus interdisciplinaire. Les registres historiques sont souvent très fragmentaires et potentiellement très biaisés selon Tyler-Smith.

    Mais la génétique nous donne une approche complémentaire qui peut confirmer certaines des choses que nous avons lues dans l’histoire et nous dire des choses qui ne sont pas enregistrées dans les archives historiques que nous avons. Et comme cette approche est adoptée par les historiens et les archéologues comme une partie de leur domaine, je pense que cela ne fera que s’enrichir de plus en plus.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *