L’histoire du phasme de l’Île Lord Howe


  • FrançaisFrançais

  • Sur l’Île Lord Howe, on pensait qu’une espèce de phasme avait totalement disparu. Désormais, une étude montre que cet insecte a réussi à survivre et c’est un message pour comprendre la fragilité d’une île par rapport à des espèces envahissantes.


    Suivez-nous sur notre page Facebook et notre canal Telegram

    2 phasmes de l'île Lord Howe dans un zoo de Melbourne - Rohan Cleave, Melbourne Zoo
    2 phasmes de l'île Lord Howe dans un zoo de Melbourne - Rohan Cleave, Melbourne Zoo

    Dans les années 1960, des alpinistes de Pyramide de Ball, une petite île volcanique isolée située dans la mer de Tasman, ont découvert un trésor qui marquerait le début d’une incroyable histoire de survie. Le trésor était les restes fraîchement morts de ce qui semblait être des phasmes de Île Lord Howe qui sont des créatures qu’on croyait disparues depuis environ 3 décennies. Ils ont disparu de leur habitat à proximité de l’Île Lord Howe après un naufrage en 1918 qui avait introduit des rats dans l’écosystème de l’île.

    Comme l’île n’avait pas de mammifères terrestres indigènes, les rats ont exterminé la population des phasmes ainsi que 5 espèces d’oiseaux et 12 autres espèces de phasmes. À la suite de la découverte des alpinistes, une enquête de 2001 de Pyramide de Ball a révélé quelques spécimens vivants qui se nourrissaient d’un arbre à thé sur un terre-plein à 65 mètres au dessus du niveau de la mer. Un an plus tard, une autre enquête a révélé un total de 24 phasmes qui vivaient dans des théiers sur le même terre-plein que l’année précédente. Les membres de l’expédition ont ensuite recueilli certains de ces spécimens pour une étude plus approfondie et ils ont commencé un programme d’élevage en captivité au zoo de Melbourne.

    Mais il restait un doute pour déterminer si les phasmes de Pyramide de Ball étaient les mêmes que ceux de Lord Howe qu’on croyait disparus. Pour les uns, ces insectes semblaient différents des spécimens du musée recueillis de l’île Lord Howe. Et il fallait dissiper ce doute, car la réponse permettrait de les réintroduire dans leur habitat natif sur l’île Lord Howe.

    Les deux phasmes semblent différents, mais l'analyse génétique montre qu'il s'agit de la même espèce - Crédit : You Ning Su, CSIRO

    Les deux phasmes semblent différents, mais l’analyse génétique montre qu’il s’agit de la même espèce – Crédit : You Ning Su, CSIRO

    Désormais, les chercheurs de l’Okinawa Institute of Science and Technology Graduate University (OIST) en collaboration avec le Zoo Victoria et la National Insect Collection australienne (CSIRO), ont utilisé le séquençage pour confirmer que les phasmes de la Pyramide de Ball sont en effet les mêmes espèces que ceux de l’Île Lord Howe. De ce fait, le phasme, qu’on croyait éteint, a officiellement ressuscité en contribuant aux efforts de conservation en cours. Le papier sera publié dans la revue Current Biology. 1

    Pour l’étude, les chercheurs de l’OIST ont assemblé des génomes mitochondriens des phasmes de la Pyramide de Ball en captivité ainsi que des spécimens préservés de phasmes de l’île Lord Howe de la Collection australienne de phasmes de CSIRO qui ont été recueillis avant que l’espèce ne soit déclarée éteinte. Les chercheurs ont ensuite comparé les génomes et ils ont découvert qu’en dépit des différences observables entre les deux phasmes, leur ADN diverge de moins de 1 %. Ce pourcentage se situe dans la gamme des variations intraspécifiques ce qui signifie qu’ils sont assez similaires pour être déclarés comme étant de la même espèce.

    Dans ce cas, il semble que nous soyons chanceux et que nous n’avons pas perdu cette espèce pour toujours selon le professeur Alexander Mikheyev de l’Unité de l’écologie et de l’évolution de l’OIST et auteur principal du papier.

    Sur l'Île Lord Howe, on pensait qu'une espèce de phasme avait totalement disparu. Désormais, une étude montre que cet insecte a réussi à survivre et c'est un message pour comprendre la fragilité d'une île par rapport à des espèces envahissantes.

    La Pyramide de Ball, l’endroit où on a trouvé les phasmes en 1960

    On a désormais un soutien du gouvernement et de la communauté pour éradiquer les rats noirs de l’île Lord Howe ce qui permettra de réintroduire le phasme dans son habitat natif. Les données génétiques recueillies par l’étude de recherche seront également utiles pour le suivi de la santé et l’expansion de toute la population réintroduite.

    Le professeur Mikheyev souligne que le succès de l’étude est important pour la survie de ce phasme. Par exemple, il démontre comment, avec la technologie de séquençage de prochaine génération, les spécimens de musées sont devenus des mines d’or pour les données génétiques. Alors que dans le passé, les chercheurs pouvaient faire très peu de choses avec des spécimens à part les observer, ils peuvent désormais séquencer des génomes entiers d’espèces perdues depuis longtemps.

    De plus, la recherche et l’histoire du phasme de l’Île Lord Howe sont un message plus vaste lié à la conservation. Cette histoire illustre la fragilité des écosystèmes insulaires, notamment leur vulnérabilité pour les changements anthropiques comme les espèces envahissantes selon le professeur Mikheyev. Un seul naufrage a suffi pour bouleverser la faune de l’île de manière radicale.

    Sources

    1.
    Museum Genomics Confirms that the Lord Howe Island Stick Insect Survived Extinction. Current Biology. http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2017.08.058. Accessed October 5, 2017.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *