Glyphosate : L’une des plus longues études ne montre aucun lien avec le cancer


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  • L’une des plus longues études sur le glyphosate impliquant plus de 54 000 participants n’a trouvé aucun lien avec le cancer. Il y a eu quelques cas rares de Leucémie aiguë myéloblastique avec une exposition très élevée, mais ce n’était pas statistiquement signifiant. Dans le même temps, le CIRC croule le feu des critiques et même un comité du Congrès américain demande des explications à l’agence.


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    L'une des plus longues études sur le glyphosate impliquant plus de 54 000 participants n'a trouvé aucun lien avec le cancer.

    Publiée dans la revue Journal of the National Cancer Institute (JNCI), l’une des plus longues études sur le glyphosate n’a trouvé aucun lien avec le cancer.1 L’étude s’est basée sur les données de l’Agricultural Health Study (AHS) qui est une étude de cohorte qui a analysé les impacts des pesticides et herbicides sur des utilisateurs de ces produits en Iowa et en Caroline du Nord.2 L’étude s’est basé sur plus de 54 000 participants sur une période allant 1993 à 2005 avec un suivi qui a été fait en 2012/2013.3 Cela signifie que l’étude a suivi les participants sur une période de 20 ans.

    Aucun lien avec le cancer

    La force de cette étude est que ce sont des utilisateurs du glyphosate, principalement des agriculteurs et que l’étude a utilisé le glyphosate, mais également les produits qui l’utilisent dans une formulation multiple. Les chercheurs rapportent que sur 54 251 participants, 82,8 % ont utilisé le glyphosate incluant 5 779 cas de cancer (par des autres causes). L’analyse montre que le glyphosate n’a jamais été associé avec le cancer indépendamment des conditions. Toutefois, des participants, qui avaient utilisé le glyphosate à des doses très élevées, jusqu’à 600 % par rapport aux normes recommandées, on a eu des cas de Leucémie aiguë myéloblastique, mais ces résultats n’étaient pas statistiquement significatifs. Cela signifie que les résultats étaient tellement faibles qu’on peut les attribuer au hasard.

    En général, si une nouvelle étude, aussi robuste, montre l’absence de lien entre le glyphosate et le cancer, alors le CIRC doit le prendre en compte et changer son évaluation. Mais vu le niveau de manipulation et de malhonnêteté de l’agence, on risque d’attendre longtemps. Et surtout que l’agence a d’autres chats à fouetter en ce moment.

    Lamar en a marre du CIRC

    Si les médias de masse et la classe politique en Europe sont clairement contre le glyphosate, on a d’autres sons de cloche aux États-Unis. Ainsi, le Comité sur la Science, l’Espace et la Technologie, présidé par Lamar Smith, veut que le CIRC s’explique devant le Congrès, notamment cette commission sur les manipulations qu’elle a faite dans son monographe.45  De nombreux partisans du glyphosate ont applaudi cette décision d’un comité du Congrès, mais c’est un soutien dont on se passerait.

    Lamar Smith n’est pas vraiment un soutien de la science. Il y a quelques années, quand les scientifiques avaient observé une prétendue pause du réchauffement climatique, les États-Unis en avaient profité pour assouplir leurs lois pour combattre le changement climatique. Ensuite, la NOAA a publié une étude montrant que cette pause du réchauffement climatique n’était qu’une chimère et que le changement climatique avait continu. Lamar Smith n’avait pas du tout apprécié et il avait fait pression sur la NOAA pour obtenir les communications des scientifiques et l’agence avait refusé. Notons que Lamar n’est pas un climato-sceptique, mais il déteste cette tendance des scientifiques à ne pas révéler une grande partie de leurs travaux. De plus, de nombreux membres du Congrès ont des doutes sur le réchauffement climatique. Notons que 20 % des Américains ne croient pas au changement climatique anthropique.6

    Lamar est un pur républicain dans la mesure où il va débarquer dans tout ce qui touche aux sous des contribuables. Le CIRC possède plusieurs sources de financement, mais les États-Unis, via le NIH, ont financé l’agence à hauteur de 48 millions de dollars depuis 1985 dont 22 millions de dollars sont allés pour la création de ce fameux monographe sur les risques cancérigènes pour les humains. Lamar estime que si les Américains contribuent au financement de l’agence, alors cette dernière doit être totalement transparente sur sa communication et son évaluation. Mais le CIRC refuse de s’expliquer en estimant que la demande n’est pas conforme aux canaux de communication en vigueur.

    C’est bien que ce Comité ait tapé du poing sur la table, mais le glyphosate n’a pas besoin de ce type de soutien, car la quasi-totalité des agences de sécurité sanitaire dans le monde considère que le glyphosate est sans danger. Il n’y a qu’une petite agence à Lyon qui joue à jeter de l’huile sur le feu. Quand tout le monde vous dit que c’est sans danger, mais que vous persistez à dire le contraire, alors ce n’est plus de l’incompétence, mais un dogme.

    A cause du CIRC, à cause des politiciens français, à cause des médias adeptes du faux équilibre médiatique, le glyphosate est devenu l’ennemi public numéro 1.7 Mais on quand lit une proposition du Parlement européen sur l’évaluation des perturbateurs endocriniens, alors elle montre fièrement toute son incompétence sur la définition même de la science.8

    Demande à la Commission de garantir que ce même document d’orientation précise qu’aucune hiérarchie ne donne la priorité aux données scientifiques générées conformément à des protocoles d’études convenus au niveau international par rapport aux autres données scientifiques.

    La science, selon le Parlement Européen, est que si vous avez 1 étude scientifique qui vous dit que la Terre est plate et qu’il y a 3 00 000 000 d’études montrant qu’elle est ronde, alors les deux points de vue sont strictement équivalents. On parle de la science poubelle au soleil, on parle de Facebook de la science, mais on dirait aussi qu’on a un Soral de la science.

    Sources

    1.
    Andreotti G, Koutros S, Hofmann JN, et al. Glyphosate Use and Cancer Incidence in the Agricultural Health Study. JNCI: Journal of the National Cancer Institute. November 2017. doi: 10.1093/jnci/djx233
    2.
    About the Study. aghealth.nih.gov. https://aghealth.nih.gov/about/index.html.
    4.
    Demande d’un Comité du Congrès Américain sur le CIRC. acsh.org. https://www.acsh.org/sites/default/files/Smith%20Biggs%20letter%20to%20IARC.pdf.
    5.
    SST Committee Investigates Potential Conflicts of Interest at IARC on Glyphosate. science.house.gov. https://science.house.gov/news/press-releases/sst-committee-investigates-potential-conflicts-interest-iarc-glyphosate.
    6.
    Public views on climate change and climate scientists. pewinternet.org. http://www.pewinternet.org/2016/10/04/public-views-on-climate-change-and-climate-scientists/.
    7.
    Glyphosate : l’indignité nationale et européenne. contrepoints.org. https://www.contrepoints.org/2017/11/10/302819-glyphosate-lindignite-nationale-europeenne.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    1 réponse

    1. Seppi dit :

      Bonjour,

      « Mais le CIRC refuse de s’expliquer en estimant que la demande n’est pas conforme aux canaux de communication en vigueur. »

      Dans le système des Nations Unies, il y a des règles protocolaires qui ont une grande importance. En l’occurrence, le CIRC a raison de refuser l’injonction de la Chambre des Représentants états-unienne et de demander qu’elle soit soumise par les voies diplomatiques habituelles.

      Imaginez que demain, un sous-comité de l’assemblée de l’Absurdistan formule la même demande…

      La réaction du CIRC est correcte sur le plan diplomatique, mais elle n’est pas à son avantage sur le plan politique.

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