L'hypocrisie de la modification génétique des embryons humains


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    Une nouvelle page dans l’histoire de la modification génétique des embryons humains. Après avoir critiqué des chercheurs chinois pour avoir réalisé la première modification génétique des embryons, des chercheurs anglais sont en passe de faire la même chose.

    Une chercheuse à Londres a demandé l’autorisation de modifier des gènes d’embryons humains au Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA). Ces dernières années, on a découvert plusieurs techniques qui permettent d’ajouter, de supprimer ou de modifier les gènes dans les cellules. Le problème est que cela provoque un débat enragé sur la manière dont ces gènes modifiés se transmettent d’une génération à l’autre. L’autorisation du HFEA implique uniquement des embryons destinés au laboratoire et non ceux destinés à la naissance. De nombreux scientifiques estiment que ce type de recherche est crucial pour comprendre les premières phases du développement humain. Cela permettrait d’avoir une solution pour les couples stériles.

    Kathy Niakan

    Kathy Niakan

    La scientifique qui a demandé l’autorisation, Kathy Niakan, est une biologiste en développement au Francis Crick Institute à Londres. Elle analyse les gènes qui sont dans les premières phases du développement humain avant qu’ils soient implantés dans l’utérus. Des recherches sur des cellules souches d’embryons provenant de souris et d’humain ont suggéré que les principaux gènes actifs dans l’implémentation sont différents chez les souris et les humains. Niakan espère utiliser la modification génétique de l’embryon pour modifier ces principaux gènes qui sont impliqués afin d’étudier leur impact sur le développement humain.

    Elle a demandé une autorisation au HFEA qui régule l’utilisation des embryons humains en Angleterre. L’agence a confirmé qu’elle a reçu sa demande et qu’elle va l’examiner selon leurs règlements. Ces expériences pourraient être autorisées par la loi anglaise. En début d’année, plusieurs groupes de chercheurs, qui développent des techniques de modification génétique et on peut citer le CRISPR/Cas9, le nucléase type doigt de zinc (ZFN) et le TALENS, ont lancé des discussions sur les risques et les avantages de cette technique. Aux États-Unis, le projet de Niakan serait autorisé par les lois fédérales, mais elle ne pourrait pas recevoir de financement de la part du NIH.

    Des chercheurs chinois brûlés au bûcher des critiques

    La modification génétique des embryons humains a pris une tournure politique et nationaliste lorsqu’on a découvert qu’en avril 2015, des chercheurs chinois avaient réalisé une première mondiale en modifiant des gènes d’embryons en utilisant la technique du CRISPR/Cas9. L’expérience a été un échec et l’embryon a subi des centaines de mutations. La communauté scientifique n’a pas mâché ses mots pour critiquer ces scientifiques chinois puisque la Chine est peu regardante sur l’aspect éthique dans ce domaine. La plupart des scientifiques américains et anglais ont condamné cet acte et ils ont même demandé des sanctions sur les chercheurs.

    Et maintenant, on a cette chercheuse anglaise qui fait une demande officielle et tout d’un coup, le vent a tourné à 180 degrés puisque désormais, ces mêmes scientifiques anglais et américains murmurent du bout des lèvres que la modification génétique des embryons humains n’est pas une mauvaise idée après tout. Il semble que la neutralité scientifique ait pris un sacré coup dans cette affaire. Car comment expliquer, sinon le nationalisme, que si ce sont des chercheurs chinois qui font cette expérience, alors tout le monde crie au scandale. Mais si ce sont des scientifiques anglais, alors on dit que c’est utile pour la recherche. Et après les critiques, on essaie de trouver un consensus. Le Hinxton Group, un organisme d’éthique, a déclaré qu’on peut modifier les gènes des embryons humains si c’est uniquement pour la recherche, mais on doit l’interdire pour la reproduction. Une manière de dire qu’il ne faut surtout pas que la Chine ou un autre pays fasse des découvertes majeures sur cette technique qui pourrait révolutionner la médecine. Une modification génétique qui est maitrisée et réussie des embryons permet de supprimer des maladies avant même que l’enfant vienne au monde.

    L’Allemagne a annoncé qu’elle débloquait 3,5 millions d’euros pour des projets qui exploreraient les implications sociales, juridiques et éthiques des techniques qui impliquent des cellules humaines. L’Allemagne possède des lois très strictes qui interdisent la plupart des recherches sur les embryons humains. En décembre, les académies américaines des sciences et de la médecine, l’académie des sciences de Chine et la Royal Society en Angleterre vont participer à un sommet international pour discuter des aspects légaux, scientifiques, médicaux et éthiques sur la modification des gènes humains.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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