Les gagnants, les perdants et les adeptes – Le basilic de Roko


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  • Extraits du chapitre “Les gagnants, les perdants et les adeptes” de mon livre “Le basilic de Roko“.


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    Extraits du chapitre "Les gagnants, les perdants et les adeptes" de mon livre "Le basilic de Roko".

    En 2017, un rapport de l’IBA Global Employment Institute avait tenté de dresser les perspectives de ce qui nous attend face à la robotique et l’IA. On a des perspectives assez court-termistes et qui ne prennent pas du tout en compte les singularités technologiques.

    Ainsi, les gagnants seront les pays tels que Taïwan, Singapour, Hong-Kong, mais également la Suisse et les pays scandinaves. Le postulat est que ces pays ont une main d’œuvre extrêmement qualifiée dans le domaine technologique. Mais on s’accorde à dire qu’aucun secteur ne sera épargné par les IA et la robotique.

    Un niveau d’étude du Bac ne sera plus utile et en même temps, aujourd’hui, ce certificat est plus qu’un symbole qu’autre chose. Même des diplômes supérieurs ne vous garantiront pas la victoire dans ce monde. Cela dépendra des qualifications.

    Selon beaucoup d’analystes, il faudra être des ingénieurs et des spécialistes de statistique pour faire partie des gagnants. Et on en revient à ce que je disais quand j’estimais que le rôle des humains sera de raconter des histoires sur la base des données produites par des machines.

    Mais la machine est une spécialiste des statistiques et cette main d’œuvre qualifiée ne le sera que pendant une courte période. Aujourd’hui, quand un supercalculateur vérifie une preuve mathématique, il est impossible à un humain de la vérifier. Les chercheurs créent donc une seconde machine, avec un algorithme indépendant, pour vérifier la première.
    Donc, se préparer pour l’industrie 4.0 en tenant compte uniquement d’une vision à court-terme est du suicide. Et personnellement, je ne vois pas la place des humains dans un monde réellement singulariste à moins d’une réforme totale des gouvernements mondiaux avec une redistribution équitable des ressources pour chacun. Est-ce que nous allons créer de IA qui ne seront pas amicales, mais équitables ?


    Imaginons qu’un agriculteur utilise 10 ouvriers dans ses champs. Ensuite, il achète un robot qui peut remplacer les 10 ouvriers. Son travail est plus rapide et meilleur. Être ouvrier dans un champ n’est pas forcément le rêve que chacun a envie de réaliser quand il est à l’école et qu’il se voit déjà pilote (pas de bol, les avions autonomes sont aussi en projet).

    Une fois que la machine a remplacé les ouvriers, on peut avoir deux approches, réaliste ou équitable. L’approche équitable consiste à toujours donner le salaire aux ouvriers qui ont été remplacés. Car le propriétaire ne perd rien en échange puisque son rendement est non seulement intact, mais qu’il a été amélioré. Et les ouvriers peuvent ainsi passer d’une vie pénible à une vie épanouie avec la valeur de leur production, qui émane de la machine.

    Vous souriez sans doute à cette idée et c’est normal, car c’est l’approche d’un monde fantasmé et utopique. Dans l’approche réaliste, l’agriculteur va virer les ouvriers, ces derniers vont passer d’un désœuvrement à celui de statut de zombie intellectuel et le monde continuera de tourner.


    Dans ce prisme, le capitalisme robotique ne cherche pas à supprimer le salaire d’une ouvrière au Bangladesh, mais le salaire d’un avocat à Londres, car ce dernier lui coûte beaucoup plus cher. C’est pourquoi, le secteur du droit est en panique total, car des algorithmes, qui assistent sur le plan juridique, il en existe depuis les années 1990.

    Dans les métiers du droit, tous les postes subalternes vont disparaître, car non seulement, leur travail est répétitif et non-créatif, mais leur salaire est plus élevé que la moyenne. En fait, un monde pseudo-singulariste qui est pour moi, la vraie industrie 4.0, pourrait tout à fait laisser l’emploi des ouvriers bas de gamme, car ils reviennent moins chers qu’un robot.

    Le robot, il faut un investissement de départ conséquent, ensuite, il faut l’entretenir. Et on ne pourra pas l’emmener chez un mécanicien moustachu et bedonnant, car il faudra passer par des ingénieurs et des programmeurs pour le réparer. À moins bien sûr que même l’entretien du robot soit automatisée, mais cela coûtera toujours plus d’argent.

    Pour moi, ce qui nous attend à court et même moyen terme, c’est un monde pseudo-singulariste. C’est-à-dire un monde où il y aura des IA, des robots et des humains. Et les deux premiers seront légèrement plus performants et plus rapides que le troisième. Cela signifie que vous aurez 3 entités qui vont se battre pour la même ressource qui est le travail et l’argent qu’il procure.

    Et autant vous le dire que cela va être un bain de sang. On en revient à mon image que j’ai déjà évoquée dans cet ouvrage. Un monde par une élite qui serait issue des GAFAMs ou autre et des milliards de zombies intellectuels, grouillant sur la Terre avec des emplois et des salaires squelettiques. Abreuvés par une société de consommation et de divertissement poussée à l’extrême.


    Plutôt que de prendre individuellement chaque secteur de perdants et évidemment, chaque secteur se targue d’être irremplaçable, il vaut mieux filtrer en supprimant les gagnants de l’équation. Dans une vision simpliste, je vois deux gagnants dans deux camps extrêmement opposés. Le premier camp sera de l’élite. Et ce ne sera pas les gouvernements, les riches, car ce sont les perdants comme les autres. Non, ce sera les créateurs des intelligences artificielles et des robots.

    Et vous prenez l’autre extrême qui est celui des ultra-pauvres. Tellement insignifiants qu’ils ne méritent même pas qu’on remplace leurs emplois. Ils vont survivre incognito comme on voit parfois dans certaines entreprises, une femme ou un homme dans un bureau miteux au fond d’un couloir où personne ne va jamais.

    Ils ne coûtent pas cher à l’entreprise et l’envie de se rebeller contre ce traitement ne leur vient même pas à l’esprit, car on a réussi l’exploit à lui faire croire qu’il possède une situation très enviable. Cela peut être le placard à balai ou un métier inutile. Une fois que vous avez enlevé deux possibles gagnants alors tout le reste est des perdants.

    Effaré ? C’est le cas de le dire. Car il n’y a pas un seul secteur où la singularité ne pourra pas vous remplacer. Pas un seul. Et les perdants les plus malheureux sont des pays qui, actuellement, entreprennent une politique éducative de leur propre peuple. On pense à des pays africains comme le Mali, le Nigeria, l’Ouganda, le Ghana, l’Afrique du Sud et une grande partie des pays du Maghreb.


    Quand on a cité les pays dans le rapport, qui pourraient tirer leur épingle. On a eu les pays scandinaves en Europe même si le rapport utilise un prisme géopolitique qu’autre chose. Mais clairement, un pays comme la France, ne sera jamais dans le train des gagnants.

    L’éducation en France atteint des niveaux records. Les universités françaises crachent des doctorants comme des usines cracheraient des boites de conserve. Mais cela ne sert à rien si votre doctorat concerne un métier qui est 100 % remplaçable par l’intelligence artificielle. L’éducation française de base est un désastre avec chaque gouvernement qui impose sa politique.

    Le résultat est un tour dans le Grand 8 où on a l’impression de s’élever très haut dans le ciel pour s’apercevoir qu’on retourne toujours au point de départ. Un autre problème de la France, mais aussi de l’Italie, de l’Espagne est qu’ils sont dans une Europe qui a une politique de l’homme ivre face à des pays qui ont une stratégie bien huilée et axée dans la même direction.

    À l’horizon 2030, la Chine prévoit d’investir plus de 30 milliards de dollars dans l’intelligence artificielle. Les États-Unis, au niveau gouvernemental, restent faibles sur l’investissement en IA avec environ 2 milliards de dollars par la DARPA. Mais son secteur privé prend la relève et rien qu’en 2015, les GAFAMs avaient dépensé plus de 54 milliards de dollars en intelligence artificielle.


    Donc malgré tous ses efforts, la France et toute l’Europe feront partie des perdants et ils ne pourront jamais rattraper leur retard. Dans tous les cas, ils perdront. Soit, ils seront dans des mondes pseudo-singularistes, dominés par des puissances étrangères et ils vont se faire laminer. Soit, ils seront dans un monde singulariste, mais ils ne seront plus aux commandes de ce qui leur arrivera que ce soit dans leur projet de société et de leur civilisation.

    Cela signifie que malgré l’éducation très supérieure en France, en termes de niveau pur, elle ne sera pas plus armée que le Nigeria ou le Mali dont on parlait tout à l’heure. La raison est que ce soit un Bac, un Doctorat, un Master, une IA vraiment digne de ce nom sera toujours supérieure. La robotique nous montre un monde de zombies qu’ils soient ultra-diplomés ou non. On peut échapper à ce monde avec une vision commune sur ce qu’on veut pour l’IA et la robotique. Mais cette « vision commune » est juste une expression qu’on met dans les communiqués gouvernementaux pour faire croire qu’on fait quelque chose.

    Le sort des perdants n’est pas enviable à première vue, mais l’avenir est indéterminé par nature. Qui sait dans quelle direction le monde va aller. Est-ce qu’il y aura un choc des civilisations et comment va réellement émerger un monde singulariste. Difficile de prévoir un futur aussi excitant et terrifiant à la fois, car il y a des milliards de paramètres à prendre en compte. Mais les vrais malheureux, pour moi, sont les adeptes.

    Extraits du chapitre “Les gagnants, les perdants et les adeptes” de mon livre “Le basilic de Roko“, disponible sur Amazon.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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