Madagascar : Découverte d’un scarabée dont la lignée remonte à 206 millions d’années


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  • Les chercheurs rapportent la découverte d’un scarabée à rayures connu comme le Heterogyrus milloti. On connaissait déjà cet insecte, mais la nouvelle étude montre que la lignée de ce scarabée remonte à plus de 206 millions d’années et qu’une grande partie a été décimée par l’astéroïde qui a exterminé les dinosaures. L’isolement de Madagascar a permis à cet insecte très rare de survivre, mais son habitant est menacé par l’activité humaine.


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    Les chercheurs rapportent la découverte d'un scarabée à rayures connu comme le Heterogyrus milloti. On connaissait déjà cet insecte, mais la nouvelle étude montre que la lignée de ce scarabée remonte à plus de 206 millions d'années et qu'une grande partie a été décimée par l'astéroïde qui a exterminé les dinosaures. L'isolement de Madagascar a permis à cet insecte très rare de survivre, mais son habitant est menacé par l'activité humaine.
    Crédit : Trevor Fristoe

    Il existe peu d’espèces dans la biodiversité de Madagascar que les scientifiques peuvent retracer à l’époque où tous les continents de la Terre étaient regroupés dans un supercontinent appelé Pangée. Mais une nouvelle étude dans la revue Scientific Reports suggère que le scarabée rayé malgache Heterogyrus milloti est un survivant ultra-rare parmi les espèces contemporaines de Madagascar avec un arbre génétique qui remonte au moins à 206 millions d’années à la fin du Trias.1

    C’est très intéressant qu’on l’ait trouvé à Madagascar selon l’auteur principal Gray Gustafson, chercheur postdoctoral et membre du Biodiversity Institute de l’Université du Kansas. C’est la lignée la plus ancienne de tout animal ou plante connu de Madagascar.

    La recherche de Gustafson et de ses co-auteurs a comparé le scarabée à rayures trouvé à Madagascar avec des scarabées du registre fossile. Ils ont ensuite utilisé une méthode appelée Tip Dating pour reconstruire et dater l’arbre généalogique de ces scarabées.

    Vous examinez et vous codifiez la morphologie des espèces éteintes de la même manière que les espèces vivantes et la présence du fossile devaient correspondre avec l’extrémité de l’arbre généalogique selon le chercheur. C’est ainsi que vous pouvez connaitre leurs relations évolutives. Nous voulions vraiment que le placement des fossiles dans l’arbre soit soutenu par une analyse et pas seulement parce que les insectes semblaient similaires.

    Le scarabée Heterogyrus milloti qu'on trouve uniquement à Madagascar et dont la lignée remonte à plus de 260 millions d'années - Crédit : KU News Service

    Le scarabée Heterogyrus milloti qu’on trouve uniquement à Madagascar et dont la lignée remonte à plus de 260 millions d’années – Crédit : KU News Service

    Gustafson a noté qu’un obstacle majeur pour l’équipe était les spécimens manquants du registre fossile pour connaitre tous les endroits où vivaient les ancêtres du scarabée rayé. Tous les fossiles proviennent de ce qui est aujourd’hui l’Europe et l’Asie, mais nous n’avons pas de dépôts de Madagascar ou d’Afrique pour ce groupe d’insectes selon. Mais ces insectes étaient probablement très répandus.

    Aujourd’hui, ces types d’insecte appartiennent à une famille de scarabées carnivores avec environ 1 000 espèces connues dominées par les membres d’une sous-famille appelée Gyrininae. Mais les Gyrininae sont très récents par rapport au scarabée à rayures. Le scarabée à rayures est le survivant d’un groupe dominant de l’époque des dinosaures. Ce groupe selon Gustafson a été décimé par le même impact d’astéroïde qui a exterminé les dinosaures et provoqué l’extinction du Crétacé-Paléogène.

    L’isolement de Madagascar a sans doute sauvé ce scarabée selon Gustafson. C’est le seul endroit qui possède encore le scarabée à rayures, car il était déjà isolé au moment de l’événement d’extinction du Crétacé-Paleogène de sorte que la lignée pouvait persister et maintenant elle survit dans un environnement marginal.

    Même aujourd’hui, le scarabée à rayures préfère la solitude en restant au sommet des forêts dans le sud-est de Madagascar et il ne se mélange pas avec les spécimens de la sous-famille Gyrininae qui sont devenus les scarabées dominants à Madagascar et à l’étranger. En effet, Gustafson est l’un des rares chercheurs à les avoir localisés lors d’une excursion de terrain de 2014 dans le parc national Ranomafana de Madagascar.

    Ces scarabées sont assez difficiles à trouver. Ils aiment des habitats vraiment étranges. Nous avons trouvé des centaines de spécimens dans un ravin dans une chaîne de montagnes de branchages et de débris. Malheureusement, le chercheur a déclaré que les habitats isolés du scarabée rayé dans les parcs nationaux malgaches sont menacés par l’activité humaine à Madagascar.

    C’est un problème socio-économique selon Gustafson. Dans le parc national où on les a découverts, il y a des habitants locaux qui utilisent la forêt comme refuge pour le bétail parce qu’ils craignent qu’il soit volé. Les excréments du bétail peuvent perturber la chaine des nutriments dans les écosystèmes aquatiques. Une partie du problème est de trouver un moyen pour que les populations locales puissent assurer leurs moyens de subsistance tout en préservant les écosystèmes naturels. Mais c’est un équilibre difficile. De nombreuses zones de forêts primaires ont été coupées et brûlées pour les champs de riz.

    Gustafson espère que les origines primordiales du scarabée à rayures peuvent attirer l’attention sur la nécessité de protéger les habitats aquatiques tout en reconnaissant que les efforts de conservation visent généralement des espèces plus grandes et plus populaires comme les lémuriens, les tenrecs et autres carnivores isolés de Madagascar.

    Sources

    1.
    Gustafson GT, Prokin AA, Bukontaite R, Bergsten J, Miller KB. Tip-dated phylogeny of whirligig beetles reveals ancient lineage surviving on Madagascar. Scientific Reports. 2017;7(1). doi: 10.1038/s41598-017-08403-1

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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