Halszkaraptor escuilliei, un nouveau type de dinosaure associé au Velociraptor


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  • Les chercheurs rapportent la découverte de Halszkaraptor escuilliei en Mongolie. Ce dinosaure est très étrange, car certaines de ses caractéristiques le rapprochent du Velociraptor, mais il avait un mode de vie semi-aquatique. C’est la première fois qu’on découvre un dinosaure de type Raptor adapté au mode aquatique.


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    Reconstruction de Halszkaraptor escuilliei par Lukas Panzarin sous la supervision scientifique d'Andrea Cau - Crédit : Lukas Panzarin et Andrea Cau
    Reconstruction de Halszkaraptor escuilliei par Lukas Panzarin sous la supervision scientifique d'Andrea Cau - Crédit : Lukas Panzarin et Andrea Cau

    Un squelette de dinosaure exceptionnellement bien conservé de Mongolie réunit une combinaison inattendue de caractéristiques qui définit un nouveau groupe de prédateurs semi-aquatiques liés au Velociraptor. L’analyse détaillée du synchrotron en 3D a permis à une équipe internationale de chercheurs de décrire le bizarre prédateur de 75 millions d’années, nommé Halszkaraptor escuilliei, dans la revue Nature.1 L’étude décrit non seulement un nouveau genre et espèce de dinosaure ressemblant à un oiseau qui a vécu pendant la période campanienne du Crétacé en Mongolie, mais elle éclaire également un mode de vie amphibie inattendu pour les dinosaures de type rapace.

    Découverte de Halszkaraptor escuilliei en Mongolie

    Les théropodes englobent tous les dinosaures carnivores incluant les plus grands prédateurs terrestres tels que le tyrannosaure et les Velociraptors. Pendant 160 millions d’années de l’ère mésozoïque, les théropodes sont devenus les prédateurs dominants sur tous les continents, mais ils n’ont jamais conquis les milieux aquatiques. Même si certains théropodes ont incorporé des poissons dans leur alimentation, les hypothèses proposées pour la locomotion aquatique associée à des modes de vie exclusivement aquatiques demeurent controversées.

    Reconstruction de Halszkaraptor escuilliei par Lukas Panzarin sous la supervision scientifique d'Andrea Cau - Crédit : Lukas Panzarin et Andrea Cau

    Reconstruction de Halszkaraptor escuilliei par Lukas Panzarin sous la supervision scientifique d’Andrea Cau – Crédit : Lukas Panzarin et Andrea Cau

    Une nouvelle espèce de dinosaure à col de cygne et à nageoire, qui combine un mélange inattendu de caractéristiques, démontre désormais que certains dinosaures ressemblant à des oiseaux ont adopté un mode de vie semi-aquatique. Le fossile, surnommé Halszka pour Halszkaraptor escuilliei, a été trouvé à Ukhaa Tolgod. Cette localité du sud de la Mongolie est connue des paléontologues depuis des décennies et elle est souvent la cible de braconniers. Le commerce illégal des fossiles représente un grand défi pour la paléontologie moderne et il représente une perte dramatique du patrimoine scientifique mongol selon Pascal Godefroit de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique à Bruxelles. Exporté illégalement de Mongolie, Halszka a résidé dans des collections privées du monde entier avant d’être acquis en 2015 en permettant aux paléontologues de l’étudier et de préparer son retour en Mongolie.

    Halszkaraptor escuilliei possède des caractéristiques des reptiles

    Même si plusieurs groupes importants de dinosaures prédateurs ont été découverts en Mongolie, Halszka n’appartient à aucun de ces groupes, car il possède un certain nombre de caractéristiques étranges qui sont principalement absentes chez les dinosaures, mais sont partagées par les groupes reptiliens et aviaires avec des écologies aquatiques ou semi-aquatiques. La première fois que j’ai examiné le spécimen, j’ai même demandé s’il s’agissait d’un véritable fossile selon Andrea Cau du Musée géologique de Capellini à Bologne. Même si Halszka est unique sur de nombreux aspects, certaines parties du squelette incluant les griffes en forme de faucille sur ses pieds sont partagées avec des dinosaures bien connus tels que le Velociraptor. Ce mélange inattendu de caractéristiques augmente la difficulté de placer Halszka dans les classifications traditionnelles selon Cau.

    Rendu 3D de Halszkaraptor escuilliei avec le synchrotron - Crédit : ESRF/Paul Tafforeau

    Rendu 3D de Halszkaraptor escuilliei avec le synchrotron – Crédit : ESRF/Paul Tafforeau

    Afin de vérifier l’intégrité du fossile, l’échantillon a été visualisé et reconstruit en 3 dimensions en utilisant la microtomographie par rayons X multi-résolution du synchrotron. Cette technique est actuellement la méthode la plus puissante et la plus sensible pour visualiser les détails internes sans endommager les fossiles inestimables. L’ESRF est devenu le leader mondial de l’imagerie par rayons X de haute qualité de ces spécimens précieux selon Paul Tafforeau de l’ESRF. Nous avons dû mobiliser une équipe de paléontologues de l’ESRF pour étudier l’anatomie complète de Halzka.

    L’utilisation du synchrotron

    Notre premier objectif était de démontrer que ce fossile bizarre et inattendu est bel et bien un animal authentique. Le balayage multi-résolution a confirmé que le squelette n’est pas un composite assemblé à partir de parties de dinosaures différents selon Dennis Voeten de l’ESRF. Nous avons mis en oeuvre de nouvelles méthodes pour l’acquisition et l’optimisation des données de tomographie, qui non seulement ont confirmé l’intégrité de l’échantillon, mais elles ont également révélé des informations paléontologiques supplémentaires selon Vincent Fernandez de l’ESRF.

    Le synchrotron a même pu révéler, de façon étonnante, des parties du squelette qui sont restées profondément dans la roche depuis que le dinosaure a été enterré. Notre analyse a démontré que de nombreuses dents, qui ne sont pas visibles à l’extérieur, sont toujours conservées dans la bouche selon Vincent Beyrand de l’ESRF. Nous avons également identifié un tissu neurovasculaire à l’intérieur de son museau qui ressemble beaucoup à celui des crocodiles modernes ce qui suggère que Halszka était un prédateur aquatique.

    Halszkaraptor escuilliei se tenait sur 2 pattes, mais il se déplaçait comme un manchot

    Les données de l’ESRF ont révélé que le fossile représente un nouveau genre et une espèce de dinosaure amphibie qui marchait sur 2 pattes sur terre, avec des adaptations posturales similaires à celles des oiseaux à queue courte (comme les canards), mais il se déplaçait dans l’eau (comme les manchots et d’autres oiseaux aquatiques), en comptant sur son long cou pour la recherche de nourriture.

    Cette nouvelle espèce a été nommée Halszkaraptor escuilliei. Son nom générique honore le regretté paléontologue Halszka Osmólska. Ce genre important est nommé en reconnaissance de la contribution de Halszka à l’étude des dinosaures mongols du Gobi selon Rinchen Barsbold de l’Académie mongole des sciences. Le nom spécifique fait référence à François Escuillié et reconnaît ainsi son rôle dans la première reconnaissance et dans le retour de ce spécimen en Mongolie selon Khishigjav Tsogtbaatar de l’Institut de Paléontologie et de Géologie d’Oulan-Bator.

    Un nouveau groupe avec les Halszkaraptorinae

    Halszkaraptor n’est pas le seul dinosaure étrange récupéré du Gobi. Plusieurs théropodes mongols énigmatiques, décrits précédemment, étaient étroitement liés à la nouvelle espèce selon l’étude. Unis dans un nouveau groupe, nommé Halszkaraptorinae, c’est une sous-famille inattendue de Dromaeosauridae qui est un groupe familièrement connu sous le nom de Raptors (rapaces). Cette sous-famille bizarre semble avoir évolué différemment de tous les autres dinosaures prédateurs selon Philip Currie de l’Université de l’Alberta.

    Quand nous regardons au-delà des fossiles du dinosaure, nous trouvons la plupart des caractéristiques inhabituelles de Halszkaraptor parmi les reptiles aquatiques et les oiseaux nageurs selon l’auteur principal Andrea Cau. La morphologie particulière de Halszkaraptor correspond mieux à celle d’un prédateur amphibie adapté à une écologie terrestre et aquatique combinée. Un mode de vie particulier, qui n’avait pas été signalé auparavant chez ces dinosaures, et qui démontre que les dinosaures de type Raptors ont pu courir, volé et même nagé.

    Sources

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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