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Google, le plus grand des censeurs ?

Google est-il le plus grand censeur du web en bloquant des millions de sites

L’éditorial d’US News est un petit rappel de toutes les censures pratiquées sur les services de Google. On peut citer 9 services qui proposent un contenu censuré ou extrêmement contrôlé. La question est si cette censure nous empêche de nous informer par d’autres moyens. Ou plutôt, est-ce que Google est la seule passerelle à l’information dans le web de 2016 ?

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L’auto-suggestion de la recherche Google

Une censure tellement évidente qu’on la considère comme étant normale. Quand vous tapez un mot, Google vous suggère d’autres requêtes associées et populaires telles que le mot google qui propose les principaux services de Google

Google ne vous suggérera jamais des termes insultants, sexuels ou qui sont liés à des crimes. Et c’est normal. Le problème est qu’US News estime que cette censure s’applique également à des termes politiques, notamment les surnoms d’Hillary Clinton donné par Donald Trump avec Crooked qui devrait vous suggérer Crooked Hillary. Mais c’est là qu’on voit que la recherche de Google est personnalisée et que les résultats varient selon les pays. Pour moi, Google me suggère bien Crooked Hillary quand je tape Crooked :

La recherche personnalisée propose une censure bien plus sournoise que l’auto-suggestion, car il est impossible de savoir si les résultats sont biaisés à moins d’utiliser différentes versions de la recherche Google ainsi que le fait de changer d’adresse IP, mais également de navigateur. Mais si l’auto-suggestion ne vous propose pas des associations pour clitoris ou vagin, on peut dire que d’autres termes plus rebutants sont parfaitement suggérés. Il y a des décennies, Coluche avait tout compris :

Google Maps

On a également une liste noire d’endroits sur Google Maps. Mais dans ce domaine, USNews fait preuve de mauvaise foi, car la plupart des endroits masqués sont des installations militaires et critiques. Et c’est le gouvernement qui demande à Google de les cacher. Après, si Google Maps cache aussi les maisons des milliardaires, je ne vois pas où est le problème, car je m’en fous de savoir où ils habitent. Mais je m’intéresse plus au fait de savoir si leur fortune est légale. Mais USNews pointe une censure à géométrie variable. Si votre maison est photographiée sur Google Maps ou Google Street, alors vous avez très peu de chances de la supprimer puisque vous êtes un citoyen normal.

La censure de Youtube

La censure de Youtube est également évidente. Google n’a pas hésité à accepter les demandes du Pakistan afin que sa plateforme reste disponible dans ce pays. De plus, il y a des histoires qui circulent sur le fait que Google favorise les visions politiques libérales comparées aux mouvements conservateurs. En décembre 2015, une chanteuse nommée Susan Bartholomew a porté plainte contre Youtube parce qu’une des chansons avait été supprimée par Youtube. Selon la chanteuse, c’est pour l’empêcher de diffuser sa promotion contre l’avortement. En effet, la chanteuse fait partie des Pro-Life, mais Youtube n’a jamais expliqué sa décision. En revanche, il y a de nombreuses chansons pour l’avortement qui n’ont jamais posé de problèmes.

Étant donné que Youtube n’a pas donné de raisons, il est difficile de dire si c’est une censure. Après tout, les pour et contre l’avortement ont le droit de s’exprimer. Mais il serait étonnant que Youtube censure la vidéo pour ce motif. Parmi les raisons plus légitimes, on a des contenus protégés par le droit d’auteur dans la vidéo ou que la vidéo a été signalé à plusieurs reprises par les internautes. Le fait est que ces internautes soient pour l’avortement et qu’ils aient pu bloquer la vidéo n’est pas le problème de Youtube, mais son système de signalement qui n’est pas assez fiable. Mais cela n’a pas d’importance que cette affaire soit vraie ou fausse, car la censure sur Youtube sur le droit d’auteur est abominable. Des vidéos qui ont des extraits protégés de quelques secondes sont supprimés. Youtube accorde une telle place au droit d’auteur qui est abusif et corrompu par nature qu’il détruit la création. Et c’est la pire des censures.

L’abus sur les comptes Google

On utilise un seul compte pour accéder à tous les services Google. Si vous faites le con avec un seul service, alors votre compte est suspendu et vous perdez l’accès à toutes vos données. Cela peut être catastrophique, mais USNews est également catastrophiste sur ce point. Il est vrai qu’un compte peut être suspendu en théorie, mais en réalité, Google va juste suspendre le service où vous avez fait le con et le reste est toujours accessible.

Mais la centralisation d’une identité à travers tous les services est très dommageable. Par exemple, vous avez plusieurs blogs sur Blogger et vous voulez utiliser des pseudo différents pour chaque blog, mais c’est impossible puisque Google assignera automatiquement l’identité du compte. Avec cette politique ridicule, Google limite les créateurs puisque parfois, on veut s’exprimer sous différentes identités pour être tranquille.

La censure sur Google Adwords

Google Adwords est la régie publicitaire de Google et c’est ce service qui représente 70 % de son chiffre d’affaires annuel. La censure de Google sur la publicité est impressionnante, car il fait littéralement ce qu’il veut puisqu’il ne possède aucun concurrent digne de ce nom. Google Adwords permet à des annonceurs de promouvoir leurs services, mais ils doivent respecter des règles pour éviter le ban.

Récemment, Google a décidé d’interdire les publicités liées aux prêts sur salaire. Selon Google, ces prêts sur salaire plongent les personnes dans un surendettement extrême avec les pratiques prédatrices des créanciers et donc, l’interdiction est un engagement social de la part de Google. Le problème, selon USnews, est que Google est le principal investisseur dans LendUp.com qui est spécialisé sur les prêts sur salaire. Et donc, l’éditorial suggère que Lend-Up ne sera pas censuré dans Adwords et que c’est une interdiction qui va servir à tuer la concurrence. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs. On n’a aucune preuve que ce site continue d’être actif dans Adwords.

En 2011, Google avait aussi interdit les publicités liées aux produits pour perdre rapidement du poids à cause des risques sur la santé. Mais des entreprises canadiennes avaient continué à vendre illégalement les produits de perte de poids aux États-Unis avec la complicité du département de la justice américaine. Mais donc, ce n’est pas un problème de Google, mais d’une corruption au niveau de l’Etat. Personnellement, je suis totalement à 100 % pour l’interdiction des publicités liées aux prêts sur salaire ou encore sur la perte de poids. Ce sont des produits qui font beaucoup plus de mal que de bien. Et je ne considère pas que c’est une censure que de tenter de combattre ces industries très douteuses qui exploitent le malheur des gens. Ce n’est pas parce qu’on est dans un système libéral qu’on doit tout autoriser.

La vision biaisée de Google Actualités

USnews accuse également Google Actualités de proposer une vision biaisée. En devenant le plus grand agrégateur du monde, Google News fait la pluie et le beau temps sur l’actualité. En 2006, Google avait été accusé de bannir les actualités critiques sur l’Islam et de promouvoir les versions libérales. On peut dire que c’est des bêtises puisque les médias qui critiquent l’Islam sont mis à l’honneur dans Google Actualités. Et ce n’est pas la faute de Google News, mais des médias dominants qui sont islamophobes par nature.

Ensuite, on a aussi la critique sur la fermeture de Google News Espagne. L’éditorialiste estime que cette fermeture a fait chuter l’audience des sites d’actualités espagnols. Oui, mais Google a simplement appliqué sa politique. À la base, ce sont les médias espagnols qui ont fait les cons en votant une loi qui obligeait Google à payer les éditeurs pour les extraits qu’il utilise dans son service. Les éditeurs ne comprennent pas que sans Google Actualités, ils n’existeraient même plus. Étant dans Google Actualités, je peux dire que la censure n’est pas vraiment un problème. Mais Google est dans un superbe cercle dansant avec les grands médias. Les médias de masse ont également les plus grands annonceurs qui sont aussi des clients de Google. Et il serait limpide au plus vil intellect que Google favorise énormément les médias de masse. Ces médias de masse en profitent pour proposer du contenu de malbouffe, du copier-coller et de la reprise des dépêches à l’extrême. Il n’est pas rare de voir des médias français qui proposent des paris sportifs, des jeux d’argent alors que c’est totalement interdit sur le service. Ce n’est pas de la censure, mais c’est bien pire, car cela montre la complicité de Google avec les médias de masse et qu’il a choisi son camp.

La fameuse censure de Google Adsense

Et l’éditorial finit par une attaque directe contre Google Adsense, le programme de publicités pour Google. Le site cite 2 articles publiés sur Pastebin qui montre des pratiques illégales de la part d’Adsense. Ces articles ont prétendument été publiés par un ex-employé d’Adsense qui nous dit grosso modo que Google Adsense bannit les comptes dès qu’ils gagnent un certain montant par mois. Par exemple, ça va si vous gagnez moins de 1000 dollars par mois, mais si c’est plus, alors Adsense désactive votre compte sans aucune explication pour éviter de payer. Selon cet article, Google ne veut pas payer les comptes qui sont les plus rentables sur Adsense.

Et c’est du Bullshit de a à z. En premier lieu, le ton de l’article sur Pastebin ressemble plus à celui d’un adolescent pré-pubère qu’à un ex-employé de Google. Il ne fournit aucune preuve valable. Ca ressemble plutôt à un marketeur de merde qui a fait le con avec Adsense, s’est fait bannir et qui se venge avec un gros tas de merde. Cet article de Pastebin revient régulièrement. Et le pire est qu’il cache les vraies pratiques douteuses d’Adsense. Il y a des suspensions sans aucune explication, aucune procédure pour faire appel de la décision et des contacts inexistants. Mais c’est le cas de tous les services de Google. Tout est automatisé et le facteur humain est négligeable.

Au final, cet éditorial essaie de bien faire. Il a fait son travail de recherche, mais il n’a pas vérifié la fiabilité des informations. Sur la plupart des cas de censure, il se base sur des rumeurs ou des histoires qui sont devenues virales sans aucun élément vérifiable. Mais la censure par Google existe bel et bien, mais elle est sournoise et quasiment invisible. L’une des pires est la recherche personnalisée qui vous remonte les sites que vous visitez fréquemment. Au bout d’un moment, vous verrez les mêmes sites et informations et vous serez enfermé dans une bulle Made in Google alors que vous êtes censé être sur le web. Google n’est plus une entreprise technologique, mais un géant qui doit rendre des comptes à des actionnaires. Et dans cette optique, il ressemble de plus en plus à une structure classique qui fait profil bas et qui accepte tous les abus et se plie à toutes les lois, même les pires, afin de ne pas facher les gouvernements et les groupes qui pourraient menacer ses bénéfices.

 

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