Depuis plusieurs années, les médias, principalement européens, sont fascinés par la taxe Google. Pour ces médias, cette taxe est une sorte de Graal pour atteindre les milliards de Google. Et effectivement, quand on voit le chiffre d’affaires et les bénéfices de Google, on peut se dire que Google gagne beaucoup d’argent et que les pauvres médias sont laissés sur le carreau… sauf qu’on oublie de dire que les médias sont subventionnés à mort par leurs gouvernements alors qu’ils appartiennent tous à des milliardaires. Mais sur son site, Thomas Baekdal, un consultant en médias, pulvérise tous les arguments des médias avec un raisonnement assez simple.1
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La taxe Google stipule que Google devrait payer pour les extraits de contenu qu’il affiche dans Google Actualités et ses autres services. Cependant, il faut bien comprendre que les médias parlent uniquement de leur contenu, pas du reste du web. Peut-être qu’on devrait réfléchir à une taxe universelle pour les agrégateurs qui syndiquent le contenu des autres. Mais les médias de masse veulent que la taxe Google ne s’applique qu’à eux et non à tous les blogueurs et les sites spécialisés.2
Mais on peut pousser le raisonnement plus loin. On sait que les médias copient-collent leur contenu dans la majorité des cas.3 Et on sait aussi qu’ils sont touchés par le Syndrome de Ne Jamais Citer la Source parce que c’est pour les mauviettes. Il suffit qu’un site publie une information originale pour qu’elle soit reprise en masse sans aucune citation. Et parfois, le média va s’approprier entièrement le contenu. De ce fait, ces médias de masse sont dans la même position de Google, alors pourquoi ne paient-ils pas aussi une taxe similaire ? Pourquoi les médias devraient-ils être les seuls à mériter une taxe Google alors qu’ils utilisent les mêmes tactiques pour “emprunter” le contenu des autres ?
Mais Thomas Baekdal va plus loin en estimant que même si la taxe Google est implémentée, alors cela ne rapportera rien et qu’il ne faut pas se fier aux milliards gagnés par Google. Google gagne autant, mais on oublie toute son infrastructure qui sert des centaines de millions d’utilisateurs dans le monde.
- On estime que Google gère environ de 1,5 billion à 2 billions de requêtes par an
- Cela fait 125 milliards de requêtes par mois
- Dans le dernier trimestre, Google a fait un chiffre d’affaires de 26 milliards de dollars pour un bénéfice de 4,6 milliards de dollars. (Mais n’oublions pas que c’est le revenu d’Alphabet, la maison mère de Google dans son ensemble).
- Pour Google et Youtube, on a un chiffre d’affaires de 18,5 milliards de dollars
- Comme on ignore la répartition des revenus entre les deux plateformes, on va dire que 75 % des revenus concernent les requêtes sur Google et le reste est pour Youtube.
- Si on se base sur cette proportion, le moteur de recherche de Google génère environ 4,65 milliards de chiffres d’affaires par mois dont 700 millions de dollars en bénéfices.
- Finalement, on divise les 125 milliards de requêtes par mois avec les 700 millions de dollars de bénéfices. Cela signifie que Google gagne 0,0056 dollar de bénéfices pour chaque requête.
Même si on utilise le chiffre d’affaires plutôt que le bénéfice, alors la taxe Google serait toujours insignifiante. De plus, il ne faut pas oublier que toutes les requêtes n’ont pas de potentiel publicitaire. Une requête générique va afficher des publicités, mais une requête spécialisée n’aura rien du tout. La vérité est que Google gagne très peu d’argent avec le contenu des médias de masse. On a l’impression qu’il en gagne beaucoup, mais c’est uniquement son volume qui est impressionnant. Si on compare le volume avec le revenu, alors cela devient vraiment rachitique.
Il faut vraiment que les médias de masse arrêtent de baver devant la taxe Google alors qu’ils ne savent même pas faire un simple calcul prouvant que c’est insensé sur tous les plans. Sans Google, les médias de masse perdraient une grande partie de leur audience. Les médias espagnols avaient tenté de jouer au con avec Google et celui-ci avait fermé l’édition espagnole de Google Actualités en entrainant une perte massive de l’audience et des revenus des médias.
Sources
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