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Prudence sur le Gene Drive pour la protection des écosystèmes

La Nouvelle-Zélande prévoit d'utiliser le Gene Drive pour éradiquer certains nuisibles qui dévastent ses écosystèmes. Mais des chercheurs lancent un avertissement sur cette technologie qui pourrait avoir des conséquences mondiales.

Crédit : MICHAEL MORGENSTERN

Les scientifiques, travaillant à l’avant-garde des nouvelles technologies génétiques, ont lancé un avertissement pour s’assurer que les applications possibles dans la protection des écosystèmes affecteront seulement les populations locales. Dans un article publié dans la revue PLOS Biology, Neil Gemmell de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande et Kevin Esvelt du MIT examine les conséquences possibles de la technologie Gene Drive (forçage génétique).1

La Nouvelle-Zélande envisage des technologies génétiques pour aider à éliminer les rats, les souris, les hermines et les opossums. Un système de Gene Drive favorise l’hérédité d’une variante génétique particulière pour augmenter sa fréquence dans une population ce qui nécessiterait moins d’organismes envahissants afin de propager l’infertilité et finalement éliminer la population entière.

Même si le professeur Esvelt faisait partie des scientifiques qui avaient décrit comment créer le Gene Drive en apportant l’hérédité dans la modification du génome par CRISPR, les auteurs estiment dans le nouveau papier que l’hypothèse selon laquelle l’auto-propagation du Gene Drive pourrait être appropriée pour la protection était une erreur. Le professeur Gemmell estime que l’utilisation des technologies génétiques est cruciale pour la protection. Mais il estime que le Gene Drive auto-propagatif peut être incontrôlable et donc inadapté à la protection des écosystèmes.

La technologie Gene Drive contourne la règle qu’il y a 50 % de probabilité qu’une copie d’un gène passe à la prochaine génération. Ainsi, le Gene Drive permet de garantir qu’un gène va être copié à 100 % du parent à sa portée. Quand on utilise le Gene Drive pour modifier les traits qui concernent la reproduction et la survie, alors on peut utiliser le Gene Drive pour contrôler ou exterminer toute la population à l’échelle locale – Kevin Esvelt

L’essentiel est que la création d’un Gene Drive standard basé sur CRISPR est probablement équivalente à la création d’une nouvelle espèce très envahissante. Les 2 se propageront probablement à tout écosystème dans lequel ils sont viables entraînant éventuellement des changements écologiques. L’introduction d’un tel système sans la permission de tous les autres pays abritant les espèces cibles serait hautement irresponsable selon les chercheurs. Ce serait une tragédie profonde si les Néo-Zélandais, ou n’importe qui d’autre, provoquaient un incident international par accident et la perte de confiance du public dans les scientifiques et les futures législations nous empêcheraient de concrétiser d’autres bénéfices de la biotechnologie.

L’objectif ambitieux de la Nouvelle-Zélande pour éradiquer les nuisibles mammaliens avec le Gene Drive suscite déjà un intérêt mondial, notamment parce qu’il existe de puissants groupes de pression qui défendent et interdisent l’utilisation de la modification génétique dans un cadre de protection selon le professeur Gemmell. L’initiative néo-zélandaise constitue un point de convergence évident pour ce débat émergent, mais le sujet a une pertinence et un contexte mondiaux parce que les Genes Drives ont été proposés dans d’autres pays où les nuisibles sont un vrai problème. Les technologies, utilisées dans le contexte spécifique de la Nouvelle-Zélande, pourraient facilement avoir des ramifications mondiales.

Sources

1.
Conservation demands safe gene drive. PLOS Biology. http://dx.doi.org/10.1371/journal.pbio.2003850.
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