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Comment les serpents de mer s’adaptent-ils à la pollution humaine ?

Un serpent de mer à tête de tortue - Crédit : Claire Goiran

Un serpent de mer à tête de tortue - Crédit : Claire Goiran

Les chercheurs, qui étudiaient les serpents marins à tête de tortue dans les récifs coralliens de l’Indo-Pacifique, ont remarqué quelque chose d’inhabituel sur les couleurs des serpents. Les serpents de mer vivant dans des parties plus immaculées du récif possédaient des bandes ou des taches en noir et blanc. En revanche, les serpents de mer, qui se trouvaient dans des lieux d’activité humaine, près de la ville ou d’une base militaire, étaient noirs.

Publiée dans la revue Current Biology, une étude démontre que ces différences de couleur s’expliquent par des différences dans l’exposition des serpents de mer à la pollution. La peau plus noire des serpents marins urbains leur permet de se débarrasser des contaminants tels que l’arsenic et le zinc à chaque fois qu’ils perdent leurs peaux. Les résultats permettent d’inclure les serpents de mer à une liste croissante d’espèces qui montrent le mélanisme industriel. Le mélanisme industriel indique une plus grande prévalence de couleurs foncée dans les zones industrielles.

Crédit : Claire Goiran

Les animaux que j’étudie continuent de m’étonner selon Rick Shine de l’Université de Sydney en Australie. Je pense qu’il est remarquable de trouver un mélanisme industriel dans des organismes aussi différents que les papillons et les serpents de mer ! Claire Goiran, l’auteure principale de l’étude à Labex Corail et à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, a considéré l’hypothèse que la peau plus sombre pourrait être associée à l’exposition aux polluants après une étude qui montrait que les plumes plus sombres des pigeons urbains de Paris stockaient plus de zinc que les plumes plus claires. Goiran et ses collègues se sont demandé si une chose similaire pourrait se produire dans les serpents de mer.

Pour le savoir, les chercheurs ont mesuré des oligo-éléments dans les peaux des serpents de mer de la zone urbaine et industrielle par rapport à d’autres zones ainsi que les différences de couleurs sombres et claires. Comme prévu, les concentrations d’oligo-éléments étaient plus élevées chez les serpents de mer des zones urbaines-industrielles. Les concentrations d’éléments de contaminants étaient également plus élevées dans une peau plus foncée que dans une peau plus claire.

Crédit : Claire Goiran

De plus, les chercheurs ont constaté que les serpents de mer plus foncés bénéficient d’une mue plus fréquente. En conséquence, il semble que les serpents de mer, dont la peau est plus fortement pigmentée avec de la mélanine, ont un avantage par rapport à leurs homologues plus clairs dans les zones polluées. Shine a déclaré que ces résultats est un autre exemple de changement évolutif et rapide en action. Pour ce chercheur, c’est aussi un rappel plus sinistre que même sur un récif corallien apparemment vierge, les activités humaines peuvent poser des problèmes réels pour les animaux qui y vivent.

Source : Current Biology (http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2017.06.073)

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