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Géo-ingénierie : Des impacts catastrophiques en cas d’arrêt soudain

La géo-ingénierie consiste à modifier artificiellement le climat avec des nuages d'acides sulfuriques dans la haute atmosphère pour réduire le rayonnement solaire. Mais une étude suggère que si on se lance dans la géo-ingénierie, alors on ne pourra pas l'arrêter brusquement, car cela provoquera un réchauffement rapide qui serait dévastateur pour les plantes et les animaux.

Face à une crise climatique, nous pourrions un jour pulvériser du dioxyde de soufre dans la haute atmosphère pour former un nuage qui refroidit la Terre, mais le fait d’arrêter soudainement la pulvérisation aurait un impact global sévère sur les animaux et les plantes selon la première étude sur les impacts biologiques potentiels de la géoingénierie ou du changement artificiel du climat.

L’étude a été publiée dans Nature Ecology and Evolution. Le papier a été coécrit par Alan Robock, professeur émérite de Rutgers, Lili Xia et Brian Zambri du Département des sciences de l’environnement de l’Université Rutgers au Nouveau-Brunswick. D’autres co-auteurs venaient de l’Université du Maryland, de l’Université Yale et de l’Université de Stony Brook.

La géoingénierie solaire

Le réchauffement rapide après l’arrêt de la géo-ingénierie constituerait une menace considérable pour l’environnement naturel et la biodiversité selon Robock. Si la géo-ingénierie s’arrêtait brusquement, alors elle serait dévastatrice. De ce fait, il faudrait donc être sûr qu’elle pourrait être stoppée progressivement et il est facile de penser à des scénarios post-géoingénierie. Imaginez de grandes sécheresses ou des inondations dans le monde qui pourrait être provoqué par la géo-ingénierie et que les gouvernements exigent un arrêt immédiat.

La géo-ingénierie implique qu’on va essayer de contrôler le climat en plus d’arrêter la combustion des combustibles fossiles selon Robock. Les scientifiques ont étudié les impacts climatiques de la géo-ingénierie, mais ils ignorent quasiment tout de ses impacts potentiels sur la biodiversité et les écosystèmes.

L’idée de géo-ingénierie, qui a le vent en poupe, est de créer un nuage d’acide sulfurique dans la haute atmosphère à la manière des grandes éruptions volcaniques. Le nuage, formé après que les avions aient pulvérisé du dioxyde de soufre, refléterait le rayonnement solaire et refroidirait la planète. Mais les avions devraient voler dans la haute atmosphère sans interruption pour maintenir le nuage, car cela ne durerait que pendant un an si la pulvérisation s’arrêtait selon Robock. Il a ajouté que la technologie de pulvérisation d’avion pourrait être développée dans une ou deux décennies.

5 millions de tonnes de dioxyde de soufre par an pendant 50 ans

Dans leur étude, les scientifiques ont utilisé un scénario global avec un refroidissement modéré grâce à la géo-ingénierie et ils ont regardé les impacts sur la terre et dans l’océan après un arrêt soudain. Ils supposaient que les avions pulvériseraient 5 millions de tonnes de dioxyde de soufre par an dans la haute atmosphère à l’équateur de 2020 à 2070. C’est l’équivalent d’environ un quart du dioxyde de soufre éjecté lors de l’éruption du Mont Pinatubo aux Philippines en 1991 selon Robock.

La pulvérisation conduirait à une distribution uniforme des nuages d’acide sulfurique dans les hémisphères nord et sud. Et cela ferait baisser la température globale d’environ 1 degré Celsius par rapport au niveau de réchauffement de la planète depuis le début de la révolution industrielle au milieu des années 1800. Mais le fait d’arrêter la géoingénierie conduirait à un réchauffement rapide qui serait 10 fois plus rapide que si on n’avait pas déployé la géo-ingénierie selon Robock.

Des impacts dévastateurs sur la faune et la flore en cas d’arrêt soudain

Les scientifiques ont ensuite calculé à quelle vitesse les organismes devraient se déplacer pour rester dans le climat en termes de température et de précipitations auxquels ils sont habitués. Dans de nombreux cas, il faut aller dans une première direction pour trouver la même température, mais dans une seconde direction pour trouver les mêmes précipitations selon Robock. Évidemment, les plantes ne peuvent pas se déplacer et c’est la même chose pour certains animaux.

Le chercheur a noté que les parcs nationaux, les forêts et les refuges de la faune servent de sanctuaires pour les animaux, les plantes et autres organismes. Mais si le réchauffement rapide les force à se déplacer et même s’ils pouvaient se déplacer assez vite, ils pourraient ne pas être en mesure de trouver des endroits avec suffisamment de nourriture pour survivre.

Un effet secondaire surprenant d’un démarrage rapide de la géo-ingénierie serait un réchauffement de la surface de la mer dans le Pacifique tropical par El Niño ce qui provoquerait une sécheresse dévastatrice en Amazonie. Nous avons vraiment besoin d’observer en détail l’impact sur des organismes spécifiques et comment ils pourraient s’adapter si la géoingénierie s’arrête brusquement.

Source : Nature Ecology and Evolution (http://dx.doi.org/10.1038/s41559-017-0431-0)

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