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Le mystère s’épaissit sur l’étoile de Tabby (KIC 8462852)

L'étoile de Tabby (KIC 8462852) a affolé l'imagination des fans d'aliens, mais également des astronomes.

Il y a quelques mois, une petite étoile sans aucune prétention est devenue le centre d’attention des astronomes, mais également de tous les fans d’aliens. L’étoile de Tabby (KIC 8462852) avait un comportement intéressant sur sa luminosité. Il y avait une baisse conséquente de la luminosité dans une première observation. Quand cela se produit, alors on estime qu’il y a une planète qui passe devant et c’est de cette manière qu’on détecte une exoplanète. Mais la baisse de luminosité concernant l’étoile de Tabby (KIC 8462852) était considérable puisque les premières observations parlaient de 20 %. C’est vraiment hors-norme, car lorsque la planète Jupiter passe devant le soleil, alors la baisse de luminosité est vraiment minimale. Il y a très peu de choses qui peuvent masquer 20 % d’une étoile. La première explication, proposée par Tabetha S. Boyajian et son équipe, est que c’était un nuage de comètes qui passait devant. Le nom de l’étoile de Tabby vient de cette chercheuse

Des hypothèses en pagaille sur l’étoile de Tabby

Ensuite, on a eu une folie médiatique à cause de Jason Wright, un chercheur de l’université de Pennsylvanie, qui a tranquillement balancé le fait que cette baisse de luminosité était provoquée par une méga structure alien qu’on connait comme les sphères de Dyson. Après son annonce, ce chercheur nous avait promis un papier pour étayer son hypothèse, mais on attend toujours… La troisième hypothèse est venue de Bradley Schaefer, un astronome de l’université de Louisiane. Ce chercheur n’a pas parlé d’alien ou quoi que ce soit, mais il a étudié l’hypothèse des comètes. Tabetha avait utilisé des images numériques provenant de plaques photographiques pour découvrir le comportement étrange de l’étoile de Tabby (KIC 8462852). Mais Schaefer a étudié directement les plaques photographiques et il a estimé que si c’était des comètes, alors il aurait fallu 648 000 comètes d’une largeur de 200 kilomètres pour pouvoir masquer l’étoile KIC 8462852 de cette façon. Le problème est que d’autres chercheurs ont pointé directement des erreurs sur l’hypothèse de Schaefer en estimant que les plaques photographiques ne sont pas assez précises. De plus, l’observation est sans doute liée à une erreur dans les instruments. Schaefer n’a pas apprécié et on peut dire que les noms d’oiseaux ont volé pendant son altercation avec le reste de la communauté.

Il faut préciser que la baisse de luminosité de 20 % n’a pas été confirmée, mais qu’elle tourne autour de 5 à 10 % ce qui est déjà considérable. Et maintenant, on a une quatrième hypothèse. Ben Montet, un astronome de Caltech et Joshua Simon de l’institut Carnegie, proposent des résultats d’une analyse photométrique de l’étoile de Tabby (KIC 8462852). Cette analyse provient de la base de données de Kepler qui est gérée par des astronomes citoyens.

Les données de Kepler suggèrent l’étrangeté de l’étoile KIC 8462852

En examinant toutes les images collectées par l’observation de Kepler, Montet et Simon ont découvert quelque chose de saisissant. Jusqu’à présent, toute la bataille sur cette étoile concerne la baisse de luminosité temporaire avec un objet qui passe devant. Mais la nouvelle observation montre que c’est toute la luminosité de l’étoile qui est en train de baisser. Et cette baisse est continue pendant une période de 4 ans. Les chercheurs n’ont pas voulu y croire et ils ont publié leur papier sur arXiv pour détecter les erreurs dans les calculs. Mais selon leur hypothèse, l’étoile de Tabby (KIC 8462852) a perdu une luminosité de 0,34 % par an pendant les 1000 jours d’observations de Kepler. Ensuite pour les 200 jours suivants, la luminosité totale de l’étoile a baissé de 2 % pour remonter à nouveau. Globalement, l’étoile de Tabby a subi une baisse de luminosité de 3 % pendant les 4 ans d’observations par Kepler. Et une baisse globale aussi considérable est vraiment bizarre. Les astronomes ont regardé 500 étoiles dans le voisinage de KIC 8462852 et ils n’ont rien remarqué de semblable.

La baisse de luminosité de l’étoile de Tabby détectée dans la photométrie avec les données de Kepler

Il faut également ajouter que Schaefer avait également parlé d’une baisse de luminosité pendant une période d’un siècle. Comme si l’étoile perdait son énergie à un rythme accéléré. Mais étant donné que sa conclusion provenait de preuves non convaincantes, on ne l’a pas pris au sérieux. Montet et Simon ont utilisé Kepler pour avoir des données bien plus précises. Et donc, l’observation de Schaefer correspond avec les nouvelles données de Kepler.

Les astronomes, refusant de croire à une baisse de luminosité aussi grande, estiment que c’est juste une erreur d’instruments. Mais avec cette nouvelle hypothèse, ces astronomes doivent revoir leur position, mais ils avancent l’idée qu’il y a une combinaison de plusieurs effets qui expliquent le mystère de l’étoile de Tabby (KIC 8462852). Parmi les hypothèses, on a toujours un grand nuage de comètes, l’effet d’une étoile déformée ou le reste d’une planète. Certains de ces effets peuvent expliquer la baisse de luminosité sur le court terme, mais une baisse pendant un siècle est vraiment inexplicable pour le moment sauf pour l’erreur statistique.

On peut penser que le mystère sera résolu prochainement, car Tabetha S. Boyajian avait lancé une campagne de financement participatif pour acheter du temps d’observation au Las Cumbres Observatory Global Telescope Network pour une durée de 12 mois. La campagne demandait 100 000 dollars et elle a été dépassée puisque les internautes ont donné 107 000 dollars. Si cette observation confirme l’étrangeté de l’étoile de Tabby (KIC 8462852), alors tous les autres télescopes autour du monde vont aussi l’analyser pour comprendre son comportement mystérieux. Mais il ne faut pas non plus que les fans d’aliens s’excitent trop sur l’étoile de Tabby. L’histoire des sciences nous montre est qu’il est vraiment très rare d’avoir une découverte qui sort de nulle part. Les grandes découvertes sont des petites briques ajoutées pendant des décennies pour avoir quelque chose de solide. Peut-être que nous regardons cette étoile avec l’esprit d’Aristote alors qu’il faudrait utiliser celui de Galilée.

 

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