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Réchauffement climatique : Les rapports de l'ONU sont imbuvables

Les résumés de l’IPCC sur le réchauffement climatique sont écrits pour une audience non scientifique. Mais leur lisibilité a chuté au cours des 2 dernières décennies et ils ont atteint leur niveau le plus bas si on regarde leur dernier résumé qui a été publié en 2014. L’analyse de ces résumés a été publiée dans la revue Nature Climate Change (http://dx.doi.org/10.1038/nclimate2824).

Une lisibilité proche de zéro dans le réchauffement climatique

L’étude a utilisé le test Flesch Reading Ease, qui suppose que les textes avec les longues phrases et les mots complexes sont plus difficiles à lire. Les rapports, provenant du Groupe de travail II de l’IPCC, ont reçu la pire note dans ce test de lisibilité. Et cette confusion dans la compréhension pourrait freiner les progrès politiques pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre selon Ralf Barkemeyer, qui a mené l’analyse et qui travaille à la KEDGE Business School à Bordeaux. Selon ce chercheur, la lisibilité n’est pas seulement faible, car elle est exceptionnellement faible. En comparaison, Barkemeyer et ses collègues ont comparé la lisibilité des papiers écrits par Albert Einstein et Stephen Hawking et les travaux de ces grands scientifiques sont plus lisibles que les documents de l’IPCC.

Barkemeyer a déclaré que cela prouve qu’on doit et qu’on peut améliorer la lisibilité de ces documents de résumé sans pour autant simplifier ou changer les messages qu’ils véhiculent. L’IPCC ne sait plus communiquer, mais l’équipe de Barkemeyer a découvert que les sites d’actualité communiquent facilement sur le réchauffement climatique. Leur couverture est facile à lire et on peut en dire ce qu’on veut, mais les Tabloids sont les plus simples à comprendre. Ensuite, on a ce qu’on appelle les médias de qualité suivie des publications scientifiques. Les chercheurs notent également que la couverture médiatique sur le réchauffement est de plus en plus émotionnelle et très pessimiste.

Le niveau de lisibilité entre les documents de l’IPCC et les médias.

Les médias peuvent-ils compenser la communication catastrophique de l’IPCC ?

Mais Michael Oppenheimer, un climatologue à l’université de Princeton, estime que le manque de lisibilité des rapports de l’IPCC n’est pas forcément un problème. Les membres gouvernementaux qui ont besoin de comprendre les rapports sont impliqués dans l’écriture de ces documents et il est évident qu’ils comprennent les documents qu’ils écrivent. De plus, le grand public lit les médias, pas les rapports de l’IPCC.

Selon ce chercheur : Si les médias et les autres intermédiaires font un meilleur travail que l’IPCC, et que les gouvernements sont satisfaits, est-ce qu’on peut vraiment parler d’un problème ? Mais Barkemeyer note que les membres du gouvernement ne sont pas des experts dans ce domaine, notamment lorsqu’il s’agit des négociations sur le climat. Et le test de lisibilité ne mesure pas la pertinence ou la justesse de l’information. Cela signifie que ce n’est pas parce que l’article d’un Tabloid est facile à lire qu’il dit forcément la vérité sur le réchauffement climatique. Étant donné que les rapports de l’IPCC génèrent une grande couverture médiatique, il est important que cette organisation s’assure que ses documents soient lisibles et compréhensibles par tout le monde.

Actuellement, l’IPCC envisage de recruter des auteurs scientifiques et des experts en graphique pour améliorer les rapports. Oppenheimer et Barkemeyer supportent cette idée, mais Barkemeyer a déclaré que le fait d’ajouter plus de personnes risque d’augmenter la confusion. Il vaut mieux former les auteurs existants à la communication scientifique, car ce serait plus prometteur et moins controversé.

 

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