Le méta texte : le cancer du cinéma hollywoodien


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  • Le méta texte a ruiné le cinéma hollywoodien en le transformant en un jeu de références vide et répétitif. Matrix 4 en est l’exemple le plus navrant.


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    Le méta texte a ruiné le cinéma hollywoodien en le transformant en un jeu de références vide et répétitif. Matrix 4 en est l’exemple le plus navrant.

    Le méta texte est une forme de narration autoréférentielle qui dévoile ses propres mécanismes par des références explicites. C’est le cinéma qui se regarde lui-même, qui se commente, qui se cite, qui se moque ou qui s’admire. C’est le cinéma qui, conscient de son histoire, de ses codes, de ses genres, de ses styles, de ses contraintes économiques ou artistiques, décide de les mettre en scène, de les questionner, de les subvertir ou de les célébrer. C’est le cinéma qui pousse le spectateur à prendre du recul sur ce qu’il voit, à rompre l’illusion et la suspension consentie de l’incrédulité, à réfléchir sur le sens et la portée du film.

    Le méta texte n’est pas un phénomène nouveau dans le cinéma. Il existe depuis les origines du septième art, avec des films comme Sherlock Jr. (1924) de Buster Keaton, La Rose pourpre du Caire (1985) de Woody Allen ou La Nuit américaine (1973) de François Truffaut, qui mettent en abyme le processus de création cinématographique.

    Il s’est développé avec l’avènement de la Nouvelle Vague et des cinéastes comme Jean-Luc Godard, qui ont fait du cinéma un objet de réflexion critique et esthétique, en utilisant des procédés comme le montage discontinu, la voix off, le collage d’images ou de sons, l’adresse directe au spectateur ou la citation d’autres films. Il s’est également manifesté avec des films comme Huit et demi (1963) de Federico Fellini ou Persona (1966) d’Ingmar Bergman, qui explorent les rapports entre la réalité et la fiction, entre l’artiste et son œuvre, entre le film et son public.

    Mais le méta texte a connu une véritable explosion dans les années 1990 et 2000, avec l’émergence du cinéma postmoderne et du pastiche. Des films comme Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino, Scream (1996) de Wes Craven ou Adaptation (2002) de Spike Jonze ont fait du méta texte un élément central de leur narration, en jouant avec les codes des genres cinématographiques (le film noir, le film d’horreur, le film biographique), en multipliant les références à la culture populaire (la musique, la littérature, la télévision), en mélangeant les niveaux de réalité (le réel, le fictif, le rêvé), en brouillant les frontières entre l’auteur, le personnage et le spectateur.

    Ces films ont connu un grand succès auprès du public et de la critique, en offrant une expérience ludique et stimulante au spectateur, qui se sent complice du réalisateur et qui peut apprécier les clins d’œil et les hommages aux films qu’il connaît. Ils ont également contribué à renouveler le langage cinématographique et à interroger les conventions narratives du cinéma hollywoodien.

    Mais cette mode du méta texte a aussi eu des effets pervers sur le cinéma contemporain. Le problème du méta texte est qu’il peut conduire à une perte du sens et de l’émotion dans le film. En mettant constamment en évidence les artifices du cinéma, le méta texte empêche le spectateur de s’immerger dans l’histoire et de s’identifier aux personnages. Il crée une distance ironique entre le film et son public, qui ne peut plus croire à ce qu’il voit ni être touché par ce qu’il ressent.

    Il transforme le film en un jeu de références et de citations, qui ne vaut que par rapport à d’autres films, et non par rapport à lui-même. Il réduit le film à un exercice de style, qui privilégie la forme sur le fond, et qui ne raconte plus rien d’original ni d’universel.

    Le méta texte a provoqué une décadence du cinéma hollywoodien, qui se contente de recycler ses propres succès, sans chercher à innover ni à se renouveler. C’est le cas du cinéma de super-héros, qui domine le box-office depuis les années 2000, et qui repose sur une logique de franchise et de crossover, qui multiplie les suites, les remakes, les spin-offs et les adaptations de comics.

    Ce cinéma utilise le méta texte comme un moyen de fidéliser son public, en lui offrant des clins d’œil et des easter eggs, qui renvoient à l’univers étendu des personnages et qui créent une connivence entre les fans. Mais ce cinéma ne propose plus de véritables histoires, ni de véritables enjeux dramatiques. Et cela va jusqu’à l’extermination de la moitié de l’univers et ensuite, on ramène tout le monde par des prouts et des blagues de cul. Le dramatique a disparu, le tragique est fasciste et il ne reste plus que du tragi-comique, seule narration compatible avec un public occidental qui transpire l’adulescence par tous les pores de sa peau.

    Un cinéma qui se répète inlassablement, en suivant les mêmes schémas narratifs et les mêmes effets spéciaux. Il se complaît dans l’auto-célébration et l’auto-parodie, en faisant du méta texte un élément humoristique ou spectaculaire, mais pas un élément critique ou subversif.

    L’exemple le plus flagrant de cette dérive est le film Matrix 4 (2021) de Lana Wachowski, qui est une suite du célèbre film Matrix (1999) des sœurs Wachowski. Ce film est un pur produit du méta texte, qui se moque ouvertement de lui-même et de son public. Il reprend les mêmes personnages, les mêmes scènes, les mêmes dialogues, les mêmes symboles que le film original, mais en les vidant de leur sens et de leur puissance.

    Le propos de Matrix 4 est que si vous êtes un fan de la trilogie Matric, que vous avez tenté d’imiter Trinity ou Neo, alors vous êtes un gros con, vous êtes un énième larron du manège des imbéciles, car vous vous laissez prendre par ce genre d’imbécillité. Wachowski est donc la meuf qui, le soir de Noel, se met à bruler les sapins, à réduire les cadeaux des enfants en bouillie, en leur hurlant à la gueule en éclatant de dire : “Mais t’es complètement con de croire au père Noel, CA N’EXISTE PAS !!!”

    S’asseyant sur une chaise de chiotte, Matrix 4 se présente comme une critique du cinéma hollywoodien, qui exploite les franchises jusqu’à l’épuisement, mais il n’est lui-même qu’une exploitation cynique et commerciale du succès du premier film. Il se moque des fans du film original, qu’il traite d’idiots ou de nostalgiques, mais il ne leur offre aucune alternative ni aucune vision nouvelle. Il se révèle être un film vide et vain, qui n’a rien à dire ni à montrer.

    Et il semble que ce ne soit pas une impasse pour Hollywood, mais bien un puits sans fond dans la médiocrité et une ère post-moderniste qui n’a plus rien à dire et qui a la trouille d’avoir le moindre propos. Le film Barbie est une ode à la peur panique d’Hollywood. Car en plus de traiter leurs spectateurs pour des cons décérébrés, ils leur mâchent tout le travail. Dans la bande-annonce, on peut lire clairement : “Vous aimerez ce film si vous aimez Barbie… Et vous aimerez ce film si vous détestez Barbie“.

    C’est comme si vous détestiez la science-fiction est que la bande-annonce de Stargate vous disait : “Vous aimerez Stargate si vous détestez la science-fiction”. Mais la folie marketing, les critiques payés une blinde pour dire du bien du film même s’il est à chier, font que cela passe encore.

    En revanche, les autres cinémas, chinois, sud coréen, indien, russe se sont totalement affranchis de ce cancer d’Hollywood avec son méta texte qui pond étron sur étron et qui vous proposent un concept, désormais totalement inconnu à Hollywood : Une histoire qui est raconté avec un début, un développement et une fin. En bref, un film qui se suffit à lui-même et des réalisateurs qui ne pensent pas constamment à entrer dans la postérité des chiottes de l’histoire du cinéma

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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