Le nouveau drone kamikaze Shahed-238 déployé par la Russie en Ukraine

L’armée de l’air russe aurait commencé à déployer une nouvelle classe de drones iraniens en combat en Ukraine, avec les premières preuves de l’utilisation de ces appareils sur le théâtre d’opérations apparues le 8 janvier.

Des photos publiées sur les réseaux sociaux ce jour-là semblaient montrer les restes d’un Shahed-238 qui avait été lancé sur une cible en Ukraine, avec une petite turbine à réaction le distinguant de son prédécesseur à hélice le Shahed-136. Dévoilé le 19 novembre lors d’une exposition des réalisations aérospatiales du Corps des gardiens de la révolution islamique, le nouveau drone a introduit une gamme plus large d’options de guidage tout en permettant d’atteindre les cibles beaucoup plus rapidement, réduisant les temps de réaction et rendant plus difficile son interception.

Trois variantes du drone ont été présentées avec des options de guidage différentes optimisées pour divers types de cibles, dont une avec un chercheur anti-radiation permettant à l’appareil d’être utilisé pour des missions de suppression des défenses aériennes. Sa présentation est intervenue moins d’un mois avant que le groupe milicien pro-iranien Hezbollah ne lance des frappes limitées contre les systèmes de défense aérienne israéliens Iron Dome, soulignant la valeur que ces appareils pourraient avoir non seulement pour ses clients extra-régionaux comme la Russie mais aussi pour ses partenaires stratégiques au Moyen-Orient.

Le Shahed-136 a fait ses débuts au combat sur le théâtre ukrainien en septembre 2022, et après des livraisons à grande échelle par des avions affiliés à l’armée iranienne, ils ont représenté pendant un temps le principal moyen de la Russie de lancer des attaques de précision à travers les lignes de front.

Les appareils à usage unique ont été conçus pour utiliser leurs corps chargés d’explosifs comme armes, ce qui les a amenés à être largement qualifiés de drones “kamikazes” ou “suicide” car ils sont conceptuellement un hybride entre un avion sans pilote et un missile de croisière. Alors que les défenses aériennes ukrainiennes sont devenues de plus en plus critiques, les frappes de missiles et aériennes russes contre l’Ukraine les 29 et 31 décembre ont montré une réduction significative du pourcentage de drones que les forces ukrainiennes ont pu intercepter.

Les drones Shahed-136 ont commencé à être assemblés sous licence en Russie en 2023, bien que les importations depuis l’Iran aient également continué en parallèle afin de maximiser davantage la capacité des forces russes à mener des attaques en temps de guerre. Les appareils sont désignés comme les Geran-2 dans les forces armées russes. Le Shahed-238 plus récent, cependant, semble n’avoir été utilisé qu’à une échelle très limitée, les missions de suppression des défenses aériennes étant attendues comme une utilité principale de l’actif.

Une question en suspens concernant le Shahed-238 est la mesure dans laquelle son utilisation de moteurs à réaction, et donc sa signature infrarouge beaucoup plus grande, pourrait en fait compenser les avantages de la vitesse accrue en augmentant sa vulnérabilité aux défenses aériennes ennemies, qu’elles soient ukrainiennes ou israéliennes.

Il a été spéculé que les drones sont alimentés par des moteurs à réaction TJ100, un type de propulseur qui a alimenté des avions de combat de production des années 1940 aux années 1970 et qui bien que moins efficaces que les moteurs à double flux sont considérablement moins chers et moins complexes et donc plus adaptés à un design de drone à usage unique à faible coût.

Le Shakes-238 devrait néanmoins coûter près de deux fois plus cher ou plus que le Shahed-136 en raison principalement de l’immense écart de coût entre les moteurs à hélice et à réaction. L’appareil aurait donc été développé spécifiquement pour l’exportation vers la Russie, qui a des exigences et un budget plus importants pour de tels actifs, et devrait être réservé aux cibles de plus haute priorité ou mieux couvertes par les défenses aériennes ukrainiennes.

La diminution très grave de l’arsenal de missiles sol-air ukrainiens, largement rapportée par les sources locales et occidentales, avait déjà commencé à réduire sérieusement fin 2022 sa capacité à lancer deux missiles pour intercepter chaque cible, comme c’est la norme pour garantir une forte probabilité de destruction.

La survie beaucoup plus élevée attendue du Shahed-238 a donc le potentiel d’accélérer l’épuisement des défenses aériennes ukrainiennes en obligeant à dépenser plus de missiles par cible, ou de contraindre les unités ukrainiennes à laisser passer les attaques pour économiser des missiles.

La capacité des drones à cibler spécifiquement les positions de défense aérienne ukrainiennes restantes, cependant, en fait une menace particulièrement grave. Il reste très probable que les drones Shahed-238 soient utilisés à titre expérimental en attendant des acquisitions à plus grande échelle ou éventuellement, bien que moins probable, un nouvel accord de production sous licence.

À un moment où les forces ukrainiennes font face à des désavantages de puissance de feu de plus en plus écrasants, avec des unités allant de l’artillerie aux brigades mécanisées d’élite souffrant de pénuries de munitions paralysantes tandis que les frappes de missiles et aériennes russes s’intensifient, l’introduction d’une nouvelle classe de drones à usage unique beaucoup plus rapides a le potentiel de contribuer de manière importante à cette pression croissante.

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