Zen, la quintessence de l’humour malaisant sur Twitch


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  • Zen est le symbole du paradoxe du streaming français. Il attire des millions de spectateurs avec son humour malaisant, mais il ne fait que révéler la pauvreté créative et intellectuelle des tendances de ce média.


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    Zen est le symbole du paradoxe du streaming français. Il attire des millions de spectateurs avec son humour malaisant, mais il ne fait que révéler la pauvreté créative et intellectuelle des tendances de ce média.

    Zen est une émission qui se veut humoristique et décalée, mais qui ne fait que révéler la pauvreté créative et intellectuelle de ses auteurs. Le principe est simple : Maxime Biaggi et ses acolytes se moquent de tout et de rien, en utilisant l’humour malaisant comme ressort comique. Ils n’hésitent pas à faire des blagues douteuses, vulgaires, sexistes ou racistes, en se cachant derrière le second degré et l’autodérision. Ils s’inspirent des émissions cultes comme Les Nuls d’Alain Chabat, mais sans en avoir le talent ni le génie.

    L’humour malaisant est un genre difficile à maîtriser, qui nécessite un sens du timing, du rythme et de la finesse. Il peut être efficace quand il sert à dénoncer les travers de la société ou à créer une tension dramatique. Au cinéma, on peut citer des exemples réussis comme Hot Shot ou Leslie Nielsen, qui parodiaient avec brio les codes du film d’action ou du film policier. Mais dans Zen, l’humour malaisant n’a pas d’autre but que de provoquer le rire facile et le buzz. Il ne fait que renforcer les clichés et les stéréotypes qu’il prétend dénoncer. Il n’est pas subversif, il est réactionnaire.

    Zen est pourtant l’une des émissions les plus populaires de tout le Twitch français. Elle attire des millions de spectateurs chaque semaine, qui se délectent de ces pitreries sans saveur ni originalité. Comment expliquer ce succès ? Par le fait qu’on a une génération de consommateurs qui est entièrement accro à la dopamine. Il faut qu’il se passe toujours quelque chose. Une émission qui va à 100 à l’heure avec des dingueries dans tous les coins, permet de satisfaire des neurones ravagés par la mentalité des réseaux sociaux et de Tik Tok. Zen est le produit parfait pour cette génération zappeuse et superficielle, qui ne cherche pas à réfléchir ni à se cultiver.

    Zen est aussi le symbole du paradoxe du streaming français. Dans les autres pays, ce média n’a pas la légitimité d’attirer de grosses productions. Il reste un espace de liberté et d’expression pour des créateurs indépendants et originaux. Sur Twitch France, au contraire, on assiste à une course à l’audimat et à la rentabilité. Zen coûte entre 30 000 et 60 000 euros à produire, et attire des annonceurs importants. On se dit qu’il y a de la place pour faire des grosses productions sur Twitch France. Mais espérons que le futur se concentrera sur autre chose que des émissions de caniveau, parce que c’est littéralement du fric jeté à la poubelle du contenu !

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    1 réponse

    1. Born Erwan dit :

      Très beau résumé de la situation actuelle.
      J’ai 22 ans et je me demande comment ne pas avoir peur pour notre avenir dans un monde ou 80% de la population se laisse berner par le divertissement au lieu d’accomplir de réel objectif.
      Difficile de réveiller des personnes qui ont décidé de ne plus écouter ce qui les entoure pour s’enfermer dans une réalité fictive.

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