Tariq Ramadan face à la justice française pour des viols sur quatre femmes
Quatre femmes ont porté plainte contre Tariq Ramadan pour des viols commis entre 2009 et 2016. L’islamiste suisse a été renvoyé en procès à Paris, mais il conteste les faits.

Tariq Ramadan, accusé de viols par quatre femmes, a été renvoyé devant la cour criminelle de Paris, a-t-on appris vendredi 7 juillet. Il a fait appel de cette décision, clamant son innocence.
C’est une nouvelle étape dans l’affaire Tariq Ramadan, qui avait éclaté en 2017 dans le sillage du mouvement #MeToo. L’islamiste, petit-fils de Hassan el-Banna, fondateur des Frères Musulmans, a été renvoyé devant la cour criminelle de Paris pour des accusations de viols sur quatre plaignantes, selon une ordonnance de mise en accusation consultée par franceinfo et confirmée par plusieurs sources judiciaires.
Parmi ces quatre femmes figure Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque (sic), dont la plainte avait contribué à lancer l’affaire. Les trois autres sont une femme handicapée physique violée à Lyon en 2009, une femme violée à Paris en 2012 et une femme violée à Lille en 2014. Le non-lieu a en revanche été prononcé pour le cas de deux autres femmes.
Tariq Ramadan a annoncé vendredi après-midi à franceinfo, par l’intermédiaire de son avocat Pascal Garbarini, qu’il faisait appel de cette ordonnance devant la chambre de l’instruction. “Monsieur Ramadan a toujours dit qu’il était innocent”, a déclaré l’avocat. “Les éléments et investigations faites sont favorables à mon client. La logique aurait été non pas de prononcer deux non-lieux mais six”, estime-t-il.
De son côté, Henda Ayari s’est dite “soulagée et reconnaissante du travail d’orfèvre, sérieux et détaillé, effectué par les juges d’instruction”, par l’intermédiaire de son avocat Nathanaël Majster. “Nous sommes confiants dans le fait que la justice française saura protéger l’intégrité et la dignité des plaignantes lors des audiences à venir”, a-t-elle ajouté.
Un procès emblématique
Ce renvoi devant la cour criminelle fait suite aux réquisitions du parquet de Paris en juillet 2022. Il s’agit d’un procès emblématique de la vague #MeToo, qui avait provoqué la chute de Tariq Ramadan, alors professeur d’études islamiques à Oxford.
En février 2018, Tariq Ramadan avait été mis en examen puis incarcéré pendant dix mois à Fleury-Mérogis, au sud de Paris. Après avoir d’abord nié des relations sexuelles extraconjugales, l’islamiste avait été contraint par les preuves numériques de reconnaître des “relations de domination”, rudes mais “consenties”.
En mai dernier, Tariq Ramadan avait été acquitté lors d’un procès à Genève, en Suisse, alors qu’il était poursuivi pour le viol d’une femme en 2008. La plaignante a fait appel de cette décision, comme le permet la justice en Suisse. La date du procès à Paris n’est pas encore connue. Tariq Ramadan encourt jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle pour les faits qui lui sont reprochés.