De l’étonnement au plaisir, du choc à la transgression : l’expression “chokbar de bz” à la lumière des philosophes grecs


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  • Que diraient Marc-Aurèle, Sénèque ou Périclès face à des aberrations langagières comme “chokbar de bz” ?


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    Que diraient Marc-Aurèle, Sénèque ou Périclès face à des aberrations langagières comme "chokbar de bz" ?

    Introduction

    L’expression “chokbar de bz” signifie “choqué de baisé” en argot. Elle exprime un sentiment de surprise, d’étonnement, voire de stupeur face à une situation inattendue ou insolite. Elle se répand comme une traînée de poudre parmi la jeune génération à l’été 2023, notamment sur les réseaux sociaux, où elle est souvent accompagnée d’un emoji avec les yeux exorbités.

    L’origine et l’évolution de l’expression “chokbar de bz”

    L’expression “chokbar de bz” est formée à partir de deux éléments : “chokbar” et “de bz”. Le premier élément, “chokbar”, est une déformation du mot “choqué”, qui vient du latin “collocare”, signifiant “placer ensemble”. Il a d’abord eu le sens de “heurter violemment”, puis il a pris le sens figuré de “frapper vivement l’esprit ou le sentiment” 2. Le mot “choqué” a ensuite été tronqué et suffixé en “chokbar”, selon un procédé courant dans l’argot français, qui consiste à raccourcir les mots et à leur ajouter des terminaisons familières, comme “-ard”, “-bar” ou “-os”. On trouve ainsi des mots comme “clébard” (chien), “nibard” (sein), “bobard” (mensonge) ou “slibard” (slip).

    Le deuxième élément, “de bz”, est une abréviation du mot “baisé”, qui vient du latin “basium”, signifiant “baiser”. Il a d’abord eu le sens de “toucher avec les lèvres par affection ou respect”, puis il a pris le sens vulgaire de “copuler”. Le mot “baisé” a ensuite été raccourci en “bz”, selon un procédé fréquent dans le langage SMS ou internet, qui consiste à supprimer les voyelles des mots pour gagner du temps ou de l’espace. On trouve ainsi des abréviations comme “slt” (salut), “mdr” (mort de rire), “tkt” (t’inquiète) ou “jtm” (je t’aime).

    L’expression “chokbar de bz” est donc le résultat d’un double processus de simplification du langage : la troncation-suffixation et l’abréviation. Elle combine deux mots qui ont chacun une origine latine et une évolution sémantique, mais qui sont détournés de leur sens premier pour exprimer une émotion intense. Elle fonctionne comme un intensifieur, qui renforce l’expressivité du mot “chokbar” en lui ajoutant une connotation sexuelle ou injurieuse. Elle joue sur le contraste entre le choc et le plaisir, entre la surprise et la satisfaction, entre l’horreur et l’humour.

    L’expression “chokbar de bz” est apparue pour la première fois sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, où elle a été utilisée pour commenter des situations variées, allant du sport à la politique, en passant par la musique ou la mode. Elle a été popularisée par des influenceurs, des humoristes ou des célébrités, qui l’ont employée pour faire rire, provoquer ou interpeller leurs abonnés. Elle a ensuite été reprise par de nombreux internautes, qui l’ont adaptée à leurs propres contextes ou qui l’ont détournée pour créer des jeux de mots ou des parodies. Elle a ainsi acquis une notoriété et une viralité importantes, au point de devenir un phénomène de mode linguistique.

    L’expression “chokbar de bz” est donc le reflet d’une culture numérique, qui privilégie la rapidité, la simplicité et l’efficacité du langage. Elle témoigne d’une créativité et d’une inventivité langagières, qui jouent avec les codes, les normes et les conventions du français. Elle révèle aussi une certaine attitude face à la réalité, qui consiste à la prendre avec légèreté, ironie ou dérision. Elle manifeste enfin une certaine vision du monde, qui repose sur l’étonnement, le plaisir ou la transgression.

    Le déclin de la langue française

    L’expression “chokbar de bz” est-elle un signe de richesse ou de pauvreté du langage ? Est-elle un symptôme de vitalité ou de décadence de la langue française ? Est-elle une preuve d’intelligence ou de bêtise des locuteurs ? Ces questions sont au cœur d’un débat récurrent sur l’état et l’avenir de la langue française, qui oppose souvent les défenseurs d’une langue pure, correcte et élégante aux partisans d’une langue vivante, évolutive et populaire.

    Les premiers dénoncent l’expression “chokbar de bz” comme une aberration linguistique, qui témoigne d’un appauvrissement du vocabulaire, d’une dégradation de la grammaire et d’une perte du sens. Ils y voient une forme de barbarisme, qui traduit une ignorance, une paresse ou une vulgarité des locuteurs. Ils y perçoivent une menace pour la langue française, qui serait menacée par l’influence des langues étrangères (notamment l’anglais), par la domination des médias et des technologies (notamment internet), par la diversité des cultures et des identités (notamment les minorités). Ils réclament donc une protection et une promotion de la langue française, qui passerait par une éducation renforcée, une réglementation accrue et une valorisation constante.

    Les seconds défendent l’expression “chokbar de bz” comme une manifestation linguistique, qui témoigne d’une adaptation du vocabulaire, d’une innovation de la grammaire et d’une création du sens. Ils y voient une forme de néologisme, qui traduit une curiosité, une audace ou une originalité des locuteurs. Ils y perçoivent une richesse pour la langue française, qui serait enrichie par le contact des langues étrangères (notamment l’anglais), par l’utilisation des médias et des technologies (notamment internet), par la diversité des cultures et des identités (notamment les minorités) . Ils revendiquent donc une liberté et une diversité de la langue française, qui passerait par une tolérance accrue, une reconnaissance mutuelle et une expression plurielle.

    Le débat sur le déclin ou non de la langue française n’est pas nouveau. Il remonte au moins au XVIIe siècle, où il opposait déjà les puristes aux précieux, les académiciens aux auteurs . Il s’est poursuivi au fil des siècles, en fonction des événements historiques (la Révolution française, la colonisation, les guerres mondiales), etc.

    Les philosophes grecs et l’expression “chokbar de bz”

    L’expression “chokbar de bz” peut-elle être éclairée ou critiquée par les philosophes grecs, qui ont réfléchi sur le langage, la communication et la sagesse ? Peut-on trouver des points de convergence ou de divergence entre cette expression et les idées de Marc-Aurèle, Sénèque ou Périclès, qui sont considérés comme des modèles de sagesse et d’éloquence ?

    Marc-Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien, a écrit ses Pensées pour lui-même, où il expose ses principes de vie et ses conseils de morale. Il y affirme l’importance du langage comme moyen de se connaître soi-même, de se maîtriser et de se perfectionner. Il écrit : “Le langage est le miroir de l’âme ; comme l’âme est, tel est le langage” . Il recommande donc de parler avec simplicité, sincérité et clarté, en évitant les mots vains, obscurs ou mensongers. Il conseille aussi de se détacher des opinions et des passions, qui troublent le jugement et la raison. Il dit : “Ne te laisse pas emporter par l’impression ; garde la faculté de juger” .

    L’expression “chokbar de bz” semble aller à l’encontre des préceptes de Marc-Aurèle, qui prône un langage sobre, rationnel et vertueux. Cette expression relève d’un langage excessif, émotionnel et vulgaire, qui exprime un choc plutôt qu’un jugement, une passion plutôt qu’une raison, une injure plutôt qu’une vertu. Elle ne reflète pas une âme sage, mais une âme agitée, qui se laisse impressionner par les événements extérieurs. Elle ne témoigne pas d’une connaissance de soi, mais d’une ignorance de soi, qui ne maîtrise pas ses sentiments ni ses mots.

    Sénèque, philosophe stoïcien et conseiller de Néron, a écrit des Lettres à Lucilius, où il expose sa doctrine philosophique et ses règles de conduite. Il y affirme l’importance du langage comme moyen de transmettre la sagesse, de dialoguer avec autrui et de se rapprocher des dieux. Il écrit : “Le langage est le don le plus précieux que nous ayons reçu des dieux ; c’est par lui que nous communiquons nos pensées, que nous réglons nos affaires, que nous louons les dieux” . Il recommande donc de parler avec élégance, bienveillance et piété, en choisissant les mots les plus aptes à exprimer la vérité, à persuader l’auditeur et à honorer les divinités. Il conseille aussi de se méfier des mots creux ou trompeurs, qui corrompent l’esprit et l’âme. Il dit : “Les mots sont comme les pièces de monnaie ; ils ont une valeur différente selon le temps et le lieu” .

    L’expression “chokbar de bz” semble s’éloigner des principes de Sénèque, qui prône un langage raffiné, harmonieux et religieux. Cette expression relève d’un langage grossier et barbare, discordant et profane, qui exprime une surprise plutôt qu’une vérité, qui choque plutôt qu’il persuade, qui offense plutôt qu’il loue. Elle ne reflète pas une âme savante, mais une âme ignorante et illettrée dans son essence, qui ne respecte pas les règles du discours ni les lois divines. Elle ne témoigne pas d’une communication avec autrui, mais d’une incompréhension avec autrui, qui ne partage pas le même code ni le même sens.

    Périclès, homme politique et orateur athénien, a prononcé son Discours funèbre lors de la guerre du Péloponnèse, où il rend hommage aux soldats morts au combat et célèbre les valeurs de la démocratie athénienne. Il y affirme l’importance du langage comme moyen de défendre la patrie, de convaincre le peuple et de glorifier les héros. Il écrit : “Le langage est le plus puissant des instruments ; c’est par lui que nous conduisons nos affaires, que nous persuadons nos alliés, que nous terrifions nos ennemis” . Il recommande donc de parler avec force, courage et honneur, en utilisant les mots les plus propres à exprimer la grandeur, à inspirer la confiance et à susciter l’admiration. Il conseille aussi de se conformer aux lois et aux coutumes, qui fondent l’ordre et la justice. Il dit : “Les mots sont les gardiens des actions ; ils doivent être en accord avec les lois et les mœurs” .

    L’expression “chokbar de bz” semble contredire les enseignements de Périclès, qui prône un langage noble, courageux et honorable. Cette expression relève d’un langage bas, lâche et déshonorant, qui exprime une faiblesse plutôt qu’une grandeur, qui déçoit plutôt qu’il inspire, qui ridiculise plutôt qu’il admire. Elle ne reflète pas une âme patriotique, mais une âme égoïste, qui ne se soucie pas du bien commun ni du devoir civique. Elle ne témoigne pas d’une conformité aux lois et aux mœurs, mais d’une transgression des lois et des mœurs, qui menace l’ordre et la justice.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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