Les cartes Pokémon: entre imaginaire et réalité capitaliste


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  • Les cartes Pokémon sont plus que de simples bouts de carton, ils sont le reflet d’un univers fantastique, qui offre aux joueurs et aux collectionneurs de nombreuses possibilités de s’amuser, de se défier, ou de compléter leur collection. Mais les cartes Pokémon sont aussi le miroir de notre société, qui impose aux individus de plus en plus de contraintes, de responsabilités, et d’incertitudes.


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    Qui n’a jamais entendu parler des cartes Pokémon, ces petits bouts de carton illustrés de créatures fantastiques, qui font le bonheur des enfants depuis plus de vingt ans? Mais saviez-vous que ces cartes ne sont pas seulement destinées aux plus jeunes, mais qu’elles suscitent aussi un véritable engouement chez les adultes?

    Certains collectionneurs sont prêts à dépenser des fortunes pour acquérir des cartes rares, parfois vendues à des prix astronomiques.

    Les cartes Pokémon: un univers riche et varié

    Les cartes Pokémon sont issues du jeu vidéo du même nom, créé au Japon en 1996 par Satoshi Tajiri. Le principe du jeu est simple: le joueur incarne un dresseur de Pokémon, des créatures aux pouvoirs extraordinaires, qu’il doit capturer, entraîner, et faire combattre contre d’autres dresseurs. Le but ultime est de devenir le meilleur dresseur du monde, en remplissant le Pokédex, un répertoire qui recense tous les Pokémon existants.

    Le jeu vidéo a connu un succès mondial, et a donné naissance à une franchise multimédia, comprenant des dessins animés, des films, des mangas, des jouets, et bien sûr, des cartes à collectionner. Les cartes Pokémon sont apparues en 1996 au Japon, et en 1999 en France. Elles reprennent les éléments du jeu vidéo, en proposant aux joueurs de s’affronter avec des decks de 60 cartes, composés de cartes Pokémon, de cartes Énergie, et de cartes Dresseur. Chaque carte Pokémon possède des caractéristiques, telles que le type, les points de vie, les attaques, ou encore le coût en énergie. Les cartes Énergie servent à alimenter les attaques des Pokémon, tandis que les cartes Dresseur offrent des avantages ou des effets spéciaux.

    Il existe plusieurs catégories de cartes Pokémon, selon leur rareté, leur puissance, ou leur design. Les plus courantes sont les cartes communes, reconnaissables par un cercle noir en bas à droite. Les cartes peu communes sont marquées par un losange noir, et les cartes rares par une étoile noire. Ces dernières sont les plus recherchées par les collectionneurs, car elles sont plus difficiles à trouver dans les paquets de cartes. Il existe aussi des cartes ultra-rares, qui se distinguent par leur aspect brillant, holographique, ou doré. Parmi elles, on trouve les cartes EX, les cartes GX, les cartes V, les cartes VMAX, ou encore les cartes secrètes, qui portent un numéro supérieur à celui de la série à laquelle elles appartiennent. Ces cartes sont très prisées, car elles représentent des Pokémon puissants, souvent légendaires, et dotés d’effets spéciaux.

    Les cartes Pokémon sont régulièrement renouvelées, avec l’apparition de nouvelles séries, qui introduisent de nouveaux Pokémon, de nouvelles mécaniques de jeu, ou de nouveaux designs. Ainsi, depuis 1996, il y a eu plus de 100 séries de cartes Pokémon, regroupant plus de 10 000 cartes différentes. Chaque série est composée de plusieurs extensions, qui contiennent chacune entre 50 et 200 cartes. Les extensions sont vendues sous forme de paquets de 10 ou 11 cartes, ou de coffrets, qui comprennent plusieurs paquets, ainsi que des accessoires, tels que des jetons, des dés, ou des tapis de jeu.

    Les cartes Pokémon constituent donc un univers riche et varié, qui offre aux joueurs et aux collectionneurs de nombreuses possibilités de s’amuser, de se défier, ou de compléter leur collection. Mais pourquoi ces cartes, qui sont à l’origine destinées aux enfants, attirent-elles autant les adultes? Quelles sont les motivations et les satisfactions des amateurs de cartes Pokémon?

    Les cartes Pokémon: un phénomène d’adulescence

    L’adulescence est un terme inventé par Tony Anatrella, pour désigner le fait que certains adultes prolongent leur adolescence, en adoptant des comportements, des goûts, ou des loisirs typiques des jeunes. Selon lui, l’adulescence est une réponse à la crise de la société moderne, qui impose aux individus de plus en plus de contraintes, de responsabilités, et d’incertitudes. Les adulescents cherchent alors à se réfugier dans un monde imaginaire, où ils peuvent retrouver le plaisir, la liberté, et l’insouciance de l’enfance.

    Les cartes Pokémon sont un exemple de loisir adulescent, qui permet aux adultes de se divertir, de se détendre, et de s’évader du quotidien. En effet, les cartes Pokémon font appel à l’imaginaire, en proposant un univers fantastique, peuplé de créatures merveilleuses, qui rappellent les contes de fées, les mythes, ou les légendes. Les cartes Pokémon sont aussi un moyen de se replonger dans la nostalgie, en retrouvant les personnages, les musiques, ou les scénarios du jeu vidéo, du dessin animé, ou du manga, qui ont bercé l’enfance ou l’adolescence de nombreux adultes. Les cartes Pokémon sont enfin une source de plaisir, de défi, et de compétition, en offrant aux joueurs la possibilité de s’affronter, de se mesurer, et de se surpasser, en utilisant leur stratégie, leur habileté, et leur chance.

    Les cartes Pokémon sont donc un loisir adulescent, qui répond à un besoin de détente, de rêve, et de jeu, chez les adultes. Mais ce n’est pas la seule raison qui explique leur succès. Les cartes Pokémon sont aussi un objet de collection, qui suscite un intérêt, une passion, et parfois une obsession, chez les collectionneurs.

    Toutefois, le capitalisme actuel s’est totalement approprié ce concept en en faisant la plus grande machine à pognon qui existe. Car l’adulescence est le consommateur idéal puisque c’est un adolescent avec un pouvoir d’achat d’adulte. Dans ce contexte, même si je parle de Pokémon, on a une véritable infantilisation de la société occidentale où un écureuil vous vend des assurances pour auto et des hotesses de l’air parlent comme des gamines avec des sucettes.

    La tranche d’âge de l’adolescence comme cible est parfaite puisqu’on peut combiner des comportements enfantins avec ceux de la puberté et ainsi, pouvoir mettre de la lubricité dans un profil complètement désaxé et dégénéré où vous avez des enfants, avec suffisamment d’argent et dont on remplit la tête avec des fantasmes sexuels les plus débridés.

    Un objet de collection

    La collection peut aussi être motivée par le fétichisme, c’est-à-dire l’attribution d’une valeur symbolique, affective, ou magique, à un objet.

    Les cartes Pokémon sont un objet de collection, qui remplit ces différentes fonctions. Les cartes Pokémon sont d’abord un objet de plaisir esthétique, car elles présentent des illustrations soignées, colorées, et variées, qui mettent en valeur les Pokémon, leurs expressions, leurs postures, ou leurs environnements.

    Les cartes Pokémon sont également un objet de curiosité intellectuelle, car elles invitent à découvrir un univers complexe, qui comporte de nombreuses règles, de nombreux détails, et de nombreuses références, à la culture japonaise, à la mythologie, ou à la biologie. Les cartes Pokémon sont également un objet de prestige, car elles permettent de se distinguer, de se valoriser, et de se reconnaître, au sein d’une communauté de fans, qui partagent la même passion, les mêmes codes, et les mêmes connaissances.

    Les cartes Pokémon sont aussi un objet de fétichisme, car elles attribuent une valeur symbolique, affective, ou magique, à un objet. Certains collectionneurs sont attachés à leurs cartes, car elles leur rappellent des souvenirs, des émotions, ou des expériences vécues avec les Pokémon. D’autres collectionneurs sont fascinés par leurs cartes, car elles leur confèrent un pouvoir, une rareté, ou une beauté, qui les rendent uniques et désirables. Les cartes Pokémon sont donc un objet de collection, qui suscite un intérêt, une passion, et parfois une obsession, chez les collectionneurs.

    Mais comment expliquer que certaines cartes Pokémon atteignent des prix exorbitants, qui dépassent parfois les dizaines de milliers d’euros? Quels sont les facteurs qui déterminent la valeur d’une carte Pokémon?

    Un marché lucratif

    La valeur d’une carte Pokémon dépend de plusieurs critères, tels que la rareté, l’état, l’authenticité, ou la demande. La rareté d’une carte est liée à sa fréquence d’apparition dans les paquets, à sa date de sortie, ou à son tirage limité. Par exemple, les cartes de la première édition, reconnaissables par le symbole “1” en bas à gauche, sont plus rares que les cartes de la réédition, car elles ont été produites en moins d’exemplaires.

    Les cartes promotionnelles, distribuées lors d’événements spéciaux, sont aussi plus rares que les cartes ordinaires, car elles sont plus difficiles à obtenir. L’état d’une carte est lié à sa conservation, à son usure, ou à ses défauts. Une carte en parfait état, sans rayure, sans pliure, ou sans tache, vaut plus qu’une carte abîmée, salie, ou déchirée.

    L’authenticité d’une carte est liée à sa provenance, à sa certification, ou à sa signature. Une carte officielle, certifiée par un organisme reconnu, ou signée par un artiste ou une célébrité, vaut plus qu’une carte contrefaite, falsifiée, ou anonyme. La demande d’une carte est liée à sa popularité, à sa notoriété, ou à sa tendance. Une carte recherchée, connue, ou à la mode, vaut plus qu’une carte ignorée, oubliée, ou démodée.

    Ces critères expliquent pourquoi certaines cartes Pokémon sont vendues à des prix exorbitants, qui font la une des médias. Par exemple, en janvier 2021, une carte de Pikachu illustrateur, considérée comme la carte Pokémon la plus rare du monde, a été vendue aux enchères pour 233 000 euros.

    Cette carte a été créée en 1998, à l’occasion d’un concours de dessin organisé par le magazine CoroCoro au Japon. Seuls 39 exemplaires ont été distribués aux gagnants du concours, ce qui en fait une carte extrêmement rare. De plus, cette carte est en parfait état, certifiée par l’organisme Professional Sports Authenticator (PSA), et signée par le créateur du jeu, Satoshi Tajiri. Cette carte est donc un objet de collection exceptionnel, qui attire les collectionneurs les plus fortunés.

    Les cartes Pokémon sont donc un marché lucratif, qui génère des profits importants, tant pour les vendeurs que pour les acheteurs. Mais au-delà de l’aspect financier, les cartes Pokémon sont aussi un phénomène culturel, qui interroge la société et l’individu.

    Une réflexion culturelle

    Les cartes Pokémon sont un phénomène culturel, qui révèle les transformations de la société et de l’individu, face aux enjeux du monde contemporain. Les cartes Pokémon sont d’abord un symbole de la mondialisation, car elles sont issues d’une culture japonaise, qui s’est diffusée à travers le monde, en s’adaptant aux différents contextes, aux différentes langues, et aux différentes sensibilités.

    Les cartes Pokémon sont ensuite un symbole de la consommation, car elles sont le produit d’une industrie culturelle, qui cherche à séduire, à fidéliser, et à rentabiliser, un public de consommateurs, en leur proposant sans cesse de nouveaux produits, de nouvelles séries, ou de nouvelles éditions. Les cartes Pokémon sont enfin un symbole de l’identité, car elles sont le reflet des valeurs, des goûts, ou des aspirations, des individus, qui se reconnaissent, se différencient, ou se projettent, à travers les Pokémon, leurs caractéristiques, leurs personnalités, ou leurs histoires.

    Les cartes Pokémon sont donc un phénomène culturel, qui invite à une réflexion sur la société et sur l’individu, en utilisant les concepts de la sociologie et de la philosophie. Par exemple, on peut se référer à la notion de “société du spectacle”, développée par Guy Debord, pour analyser comment les cartes Pokémon participent à la création d’une société dominée par l’image, le divertissement, et la marchandise.

    On peut aussi se référer à la notion de “société liquide”, développée par Zygmunt Bauman, pour analyser comment les cartes Pokémon reflètent une société marquée par l’instabilité, la flexibilité, et l’incertitude. On peut encore se référer à la notion de “société hypermoderne”, développée par Gilles Lipovetsky, pour analyser comment les cartes Pokémon illustrent une société caractérisée par l’individualisme, le narcissisme, et l’hédonisme.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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