Football et hijab : les Français disent non, le Conseil d’État doit trancher


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  • Un sondage révèle que 77% des Français sont favorables à l’interdiction du port du hijab chez les joueuses de football lors des compétitions. Le Conseil d’État doit rendre sa décision ce jeudi sur le règlement de la FFF qui interdit tout signe religieux sur les terrains.


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    Un sondage révèle que 77% des Français sont favorables à l’interdiction du port du hijab chez les joueuses de football lors des compétitions. Le Conseil d’État doit rendre sa décision ce jeudi sur le règlement de la FFF qui interdit tout signe religieux sur les terrains.

    Un sondage CSA pour CNEWS, publié ce jeudi 29 juin, révèle que 77% des Français sont favorables à l’interdiction du port du hijab chez les joueuses de football lors des compétitions sportives. Cette question divise la classe politique et la société civile, alors que le Conseil d’État doit rendre sa décision sur le règlement de la Fédération française de football (FFF) qui interdit tout signe religieux sur les terrains.

    Un avis tranché

    Le sondage CSA pour CNEWS, réalisé par questionnaire auto-administré en ligne, du 27 au 28 juin, auprès d’un échantillon représentatif de 1.009 personnes âgées de 18 ans et plus selon la méthode des quotas, montre une nette majorité de Français en faveur de l’interdiction du hijab dans le football lors des compétitions sportives.

    Selon cette enquête, 77% des sondés estiment qu’il faut interdire aux joueuses voilées de porter ce signe religieux au cours des compétitions sportives, contre 23% qui y sont opposés. Peu de différences apparaissent entre les hommes et les femmes, qui se prononcent respectivement à 79% et 75% pour l’interdiction. Les plus âgés sont également les plus favorables à cette mesure, avec 91% chez les 65 ans et plus.

    Sur le plan politique, la droite et l’extrême droite sont largement en faveur de l’interdiction, avec respectivement 88% chez les sympathisants des Républicains et 91% chez ceux du Rassemblement national. La gauche est plus partagée, même si le “oui” l’emporte chez les sympathisants du Parti socialiste (65%), d’EELV (62%) et de la France insoumise (57%). Les partisans du parti présidentiel Renaissance sont 83% à affirmer qu’il faut interdire le voile aux footballeuses lors des compétitions sportives.

    Une décision très attendue

    Le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative française, doit rendre sa décision ce jeudi 29 juin, peu avant 14h, sur le règlement de la FFF qui interdit «tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale».

    Ce règlement est contesté par le collectif des “Hijabeuses”, qui regroupe des joueuses de football voilées qui souhaitent pratiquer leur sport librement. Lundi, lors de l’audience devant le Conseil d’État, le rapporteur public a recommandé à la FFF d’annuler cet article et de modifier son règlement, estimant qu’il n’était pas justifié par un motif d’intérêt général.

    Le rapporteur public a également souligné que le port du hijab était autorisé par la Fédération internationale de football association (FIFA) depuis 2014, après une période d’interdiction entre 2007 et 2012. Il a aussi rappelé que le hijab était autorisé en France dans tout l’espace public, à l’exception des écoles, collèges et lycées publics.

    Une polémique politique

    La position prise par le rapporteur public a déclenché une avalanche de réactions politiques, et cela jusqu’au gouvernement. Plusieurs ministres se sont exprimés pour défendre la laïcité et s’opposer au port du hijab dans le sport.

    Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a estimé mardi que «l’on n’a pas à porter des vêtements religieux quand on fait du sport» dénonçant «les associations communautaristes» qui ne veulent «non pas défendre une cause très noble qui est la liberté de culte» mais donner «un coup de boutoir contre la République».

    La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a assuré que le gouvernement allait «renforcer les contrôles à la rentrée» et n’hésiterait pas à fermer des clubs qui promeuvent «une idéologie radicale ou séparatiste». Elle a aussi indiqué que le gouvernement n’excluait pas une «évolution du droit» pour clarifier la situation.

    La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a affirmé que le port du hijab dans le football n’était «pas compatible avec les valeurs du sport» et qu’elle soutenait la position de la FFF.

    Du côté de l’opposition, la présidente du RN, Marine Le Pen, a annoncé qu’elle ferait une loi pour interdire le hijab dans le sport si elle était élue en 2024. Le patron des députés LR, Olivier Marleix, a interpellé la Première ministre lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, lui demandant de légiférer pour prohiber les signes religieux dans le sport.

    Une contestation sociale

    Face à cette polémique, le collectif des “Hijabeuses” a exprimé son incompréhension et son désarroi. «C’est incompréhensible pour nous puisque nous sommes des joueuses de football. À la fin de la journée, tout ce que l’on veut c’est jouer au football», a dit la présidente du collectif au micro de CNEWS.

    Le collectif a reçu le soutien de plusieurs associations et personnalités qui défendent le droit des femmes à pratiquer le sport avec ou sans voile. Parmi eux, l’association Lallab, qui lutte contre les discriminations faites aux femmes musulmanes, ou encore l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu, qui avait déclaré en 2019 qu’elle n’était pas opposée au port du hijab dans le sport.

    Le Conseil d’État a également dénoncé, mercredi, dans un communiqué de presse, les «attaques ayant visé la juridiction administrative et tout particulièrement un rapporteur public», après l’audience de lundi. Il a rappelé que ses membres étaient «indépendants et impartiaux» et qu’ils rendaient leurs décisions «en toute sérénité».

    Une question sensible

    Le port du hijab dans le sport est une question sensible en France, où le principe de laïcité est souvent invoqué pour limiter l’expression religieuse dans l’espace public. Plusieurs lois ont été adoptées depuis 2004 pour interdire ou encadrer le port de signes religieux ostensibles dans certains lieux ou situations.

    En 2004, une loi interdit le port de signes ou tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. En 2010, une loi interdit la dissimulation du visage dans l’espace public, ce qui vise notamment le port du niqab ou de la burqa. En 2016, une loi interdit le port de signes religieux lors des sorties scolaires.

    En 2020, une proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux lors des compétitions sportives organisées par les fédérations a été déposée par des sénateurs LR. Elle n’a pas été adoptée en raison d’un désaccord entre les deux chambres du Parlement.

    En 2021, une loi confortant le respect des principes de la République a été votée. Elle prévoit notamment que les agents publics doivent respecter la neutralité religieuse et que les usagers des services publics ne doivent pas manifester leur conviction religieuse d’une manière qui entrave le bon fonctionnement du service.

    La question du hijab dans le sport pourrait donc faire l’objet d’un nouveau débat législatif, selon l’issue de la décision du Conseil d’État.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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