Madagascar : Les délestages mettent le pays à genoux


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  • Les délestages systématiques de la JIRAMA à Madagascar mettent en danger la sécurité des habitants sans oublier l’impact considérable sur le développement économique. À qui la faute sinon à ceux qui tiennent les rênes d’un cheval estropié ?


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    Les délestages systématiques de la JIRAMA à Madagascar mettent en danger la sécurité des habitants sans oublier l'impact considérable sur le développement économique. À qui la faute sinon à ceux qui tiennent les rênes d'un cheval estropié ?

    Le week-end dernier, Antananarivo a subi un délestage qui a duré près de 6 heures dans la majorité des quartiers même si des zones ont été dans le noir pendant 10 heures. En plus du délestage, il y avait également des coupures d’eau qui ont duré près de 5 heures dans 7 quartiers de la capitale. Le délestage du week-end a été particulièrement ressenti puisque cela concernait tout le monde. Et comme c’était le dimanche soir, tout le monde était dans le noir alors que c’est le seul jour de repos de la semaine pour certains. Pendant la semaine, les délestages de la JIRAMA se produisent dans les moments critiques, le soir quand on rentre chez soi, le midi et le matin quand on doit aller au travail. On dirait que la JIRAMA fait exprès de faire chier les habitants.

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    Concernant les raisons de ces délestages, la JIRAMA et le gouvernement sont plutôt créatifs sur les excuses. La dernière en date, qu’ils avaient déjà sortie l’année dernière, est que l’Etat doit payer 527 milliards d’ariary d’arriérés (environ 150 millions d’euros) à la JIRAMA. Depuis des années, les Ministères et les différentes institutions gouvernementales utilisent gratuitement l’eau et l’électricité sans payer un seul centime. Cela explique pourquoi on peut voir des plaques chauffantes qui fonctionnent toute la journée quand on va régler des formalités administratives dans certains ministères. Cependant, le gouvernement fait la sourde oreille et la JIRAMA ne peut pas le faire plier puisque cela revient à attaquer directement les ministères. Et déjà que les fonctionnaires et les ministres travaillent à peine, une demande de remboursement leur donnerait l’excuse pour partir indéfiniment en vacances.

    Après la dette de l’Etat, l’autre excuse favorite est la sécheresse. Si pendant le régime de transition, le gouvernement n’avait pas rasé des forêts entières, la sécheresse serait moins importante. De plus, c’est comme s’il n’y avait pas de solutions contre la sécheresse. Mais les délestages de la JIRAMA sont une tactique bien connue des gouvernements en place. On crée une pression et un stress chez les habitants et ensuite, le gouvernement débarque par magie comme le sauveur. Concernant le gouvernement, le président Hery a déclaré qu’il faudra 2 à 3 ans pour résoudre les problèmes d’énergie. Pour un président qui voulait résoudre les délestages en 3 mois, on peut dire qu’il prend son temps. Étant donné qu’il a pris ses fonctions en janvier 2014 et que le délestage continue toujours en octobre 2016, alors on peut dire que les 3 ans sont presque écoulés. Peut-être qu’il faut ajouter 30 ans de plus.

    Le président Hery a ajouté qu’il souffre des délestages au même titre que le péquenot lambda. Il oublie de préciser qu’il possède aussi plusieurs groupes électrogènes pendant que les autres tentent d’allumer leur télévision avec des bougies. Pour en revenir aux impayés de l’Etat sur la Jirama, il y a une volonté manifeste à faire la sourde oreille. Les factures des abonnés ont subi une augmentation de 20 % en quelques mois et pourtant, on est dans cette situation qu’on peut voir uniquement à Madagascar où ce sont les bons clients qui payent pour les mauvais payeurs. Cependant, le gouvernement trouve de l’argent pour son Sommet de la Francophonie à la con. Évidemment, le gouvernement évite de donner les chiffres, mais on murmure un chiffre proche de 25 milliards d’Ariary. Ce chiffre doit être considéré avec beaucoup de précautions, mais quand on voit les moyens engagés, alors on se dit que les milliards d’ariary ont dû pleuvoir pour payer une telle débauche de luxe pour quelques invités qui n’ont rien à foutre du pays.

    Le gouvernement renchérit en estimant que le Sommet de la Francophonie va profiter à l’économie locale et améliorer l’image du pays à l’étranger. Il oublie de préciser que ce sont les grands groupes qui en profitent le plus et que l’image du pays n’a pas besoin d’un Sommet coutant une blinde si on prend le temps d’investir dans les autres secteurs stratégiques, par exemple, le tourisme pour éviter que les touristes aient l’impression qu’ils visitent un pays qui n’a pas encore découvert l’électricité. Et dans le tourisme, les grands groupes économiques, appartenant à des étrangers, peuvent s’en sortir avec des groupes électrogènes, mais les petits entrepreneurs qui tentent de percer dans le secteur sont purement et simplement décapités. Et on ne parle même pas des pertes monstrueuses sur le secteur informel avec les salons de coiffure, les cybercafés et les ateliers de réparation mécanique qui sont fermés pendant des jours à cause de ces délestages.

    Le résultat est que les entreprises qui sont déjà riches vont s’enrichir davantage, car elles ont les moyens de contourner les coupures et surpasser la concurrence. Pour les autres, l’avenir est plutôt sombre dans tous les sens du terme. Mais il y a un secteur économique qui est très content des délestages. Les vols, les braquages et les cambriolages ont explosé depuis le début des coupures. Rien que pour le dimanche 23 octobre, on dénombre plus de 13 maisons qui ont été cambriolées si on en croit les témoignages sur les réseaux sociaux. Dans certains cas, les maisons ont été entièrement vidées par des voleurs qui avaient tout le temps disponible.

    Le tourisme est également mal engagé. Sur des forums du Routard et des Tours Operators, on peut lire que de nombreux touristes, prévoyant de venir à Madagascar pour la fin d’année, ont annulé leurs voyages à cause des coupures, mais également de l’insécurité qui est devenue systématique. À cause de tous ces problèmes qui arrivent comme une avalanche, Madagascar est désormais à genoux. Si le gouvernement persiste dans ses tactiques de bricolage et d’incompétence, alors le pays va se prendre une balle dans la tête pour ne plus jamais se relever.

     

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    Boubakar Nguema

    Journaliste et réalisateur. Couvre principalement l'actualité africaine et panafricaine.

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