Le Hwasong-16B, l'”Avangard” nord-coréen qui bouleverse tous les rapports de force


  • FrançaisFrançais

  • Un tournant stratégique en Asie orientale. Avec l’essai réussi de son missile balistique Hwasong-16B doté d’un planeur hypersonique, la Corée du Nord vient de changer la donne et de bouleverser les rapports de force face aux États-Unis dans la région. Décryptage de cette avancée technologique majeure.


    Suivez-nous sur notre page Facebook et notre canal Telegram

    Vue rapprochée du planeur hypersonique pour le missile Hwasong-16b
    Vue rapprochée du planeur hypersonique pour le missile Hwasong-16b

    Les principaux points-clés :

    Si vous avez apprécié cet article, soutenez-moi sur Patreon ou Buy me a coffee Vous recevrez chaque semaine du contenu exclusif et des réponses à vos questions. Merci ! 😊

    • La Corée du Nord a réalisé le premier essai en vol réussi de son nouveau missile balistique Hwasong-16B équipé d’un planeur hypersonique
    • Ce missile est le successeur du Hwasong-12 entré en service en 2017 et vise les bases américaines à Guam
    • Grâce à son planeur hypersonique, le Hwasong-16B sera très difficile voire impossible à intercepter par les systèmes antimissiles déployés par les États-Unis
    • Il utilise une propulsion à combustible solide, permettant un lancement rapide depuis des lanceurs mobiles et réduisant sa vulnérabilité aux frappes préventives
    • Il s’inscrit dans la volonté de Pyongyang de se doter de capacités de dissuasion crédibles face aux États-Unis
    • Son développement a été une priorité stratégique majeure pour le régime nord-coréen après la fin de la Guerre froide
    • La Corée du Nord pourrait l’utiliser comme base pour développer des missiles balistiques antinavires menaçant la projection de puissance américaine dans le Pacifique

    Le 2 avril dernier, la Corée du Nord a procédé au tout premier essai de son nouveau missile balistique de portée intermédiaire, le Hwasong-16B, équipé d’un planeur hypersonique. Ce tir visait à confirmer les spécifications techniques du système d’armes et à vérifier sa fiabilité. Cet événement survient peu après le premier tir d’un missile hypersonique par les forces aériennes américaines depuis l’île de Guam, dans l’océan Pacifique, le 19 mars dernier.

    Un successeur redoutable du Hwasong-12

    Le Hwasong-16B est le digne successeur du Hwasong-12, entré en service en 2017, et du Hwasong-10, intégré quelques années auparavant à l’arsenal nord-coréen. Ces deux missiles avaient déjà démontré la capacité de Pyongyang à frapper les installations militaires américaines stationnées à Guam. Cependant, avec son planeur hypersonique, le nouveau Hwasong-16B sera beaucoup plus difficile, voire impossible à intercepter par les systèmes antimissiles déployés par les États-Unis sur le territoire, en fonction des caractéristiques du planeur.

    L’Agence centrale de presse coréenne, organe officiel du régime, a déclaré au sujet de ce dernier essai : “Il a été mené de manière à vérifier les caractéristiques de la trajectoire de vol par bonds et la capacité de manœuvre de la portée transversale du planeur hypersonique (ogive), tout en limitant sa portée à moins de 1 000 kilomètres, par souci de sécurité, et en contrôlant de force la vitesse et l’altitude au moyen du retardement de l’allumage du moteur du deuxième étage et du changement rapide de la trajectoire de vol dans la région active.”

    Une priorité stratégique pour Pyongyang

    Le test du missile Hwasong-16b

    Le test du missile Hwasong-16b

    Le développement de cette nouvelle classe de missiles est hautement prioritaire pour Pyongyang, le pays restant officiellement en état de guerre avec les États-Unis. Les tensions entre la Corée du Nord et la superpuissance occidentale n’ont cessé de croître ces dernières années, à mesure que Washington renforçait considérablement sa présence militaire en Asie de l’Est.

    Les missiles balistiques, dont certains sont dotés d’ogives nucléaires, constituent un moyen efficace pour la Corée du Nord de dissuader toute action militaire américaine à son encontre et, si nécessaire, de neutraliser les forces américaines et alliées dans une grande partie du Pacifique. Cette priorité s’est renforcée après la fin de la Guerre froide.

    L’atout de la propulsion solide

    L’un des principaux avantages du Hwasong-16B sur les anciennes générations de missiles balistiques de portée intermédiaire réside dans son utilisation de composites à propulsion solide. Cela lui permet d’être stocké entièrement chargé et donc de pouvoir être lancé beaucoup plus rapidement depuis des véhicules lanceurs mobiles.

    Cette capacité, très prisée, réduit sa vulnérabilité à une destruction au sol par les forces aériennes et les missiles occidentaux et alliés en cas de conflit sur la péninsule coréenne. La Corée du Nord avait effectué son tout premier essai d’un missile balistique de portée intermédiaire à propulsion solide équipé d’un planeur hypersonique le 14 janvier dernier, bien que cette conception soit considérée comme une solution provisoire pour atteindre le niveau technologique du Hwasong-16B.

    Cela faisait suite à des informations de novembre 2022 selon lesquelles les moteurs des premier et deuxième étages d’un missile balistique de portée intermédiaire à propulsion solide avaient déjà commencé les essais au sol en Corée du Nord.

    Les progrès rapides de Pyongyang

    Des essais au sol de moteurs à propulsion solide pour un missile hypersonique de portée intermédiaire ont été signalés le 20 mars, seulement 13 jours avant le récent lancement. Le président du Parti des travailleurs de Corée au pouvoir, Kim Jong-un, avait alors déclaré que “la valeur stratégique militaire de ce système d’armes est appréciée comme aussi importante qu’un missile balistique intercontinental compte tenu de l’environnement sécuritaire de notre État et des exigences opérationnelles de l’Armée populaire, et les ennemis le savent mieux que quiconque“.

    L’État est-asiatique avait réalisé son premier essai en vol d’un planeur hypersonique dès septembre 2021, bien qu’utilisant alors un missile de portée intermédiaire à propulsion liquide pour ces tests.

    La Corée du Nord a commencé à déployer des missiles balistiques tactiques à courte portée à propulsion solide dans les années 2000. En février 2018, elle a dévoilé la première génération de ces nouveaux missiles, plus tard désignés KN-23 par l’Occident. Le développement réussi du Hwasong-18 en tant que premier missile balistique stratégique nord-coréen à propulsion solide a suivi, avec des essais concluants les 13 avril, 12 juillet et 19 décembre 2023.

    Les missiles “tueurs de Guam” de portée intermédiaire constituent la dernière catégorie majeure de missiles balistiques de l’arsenal nord-coréen dont les anciennes classes ont été remplacées par de nouvelles conceptions à propulsion solide. Après le Hwasong-16B, on s’attend à ce que Pyongyang redouble d’efforts pour développer un planeur hypersonique capable d’une portée intercontinentale, comparable au système Avangard russe entré en service en 2019.

    La Corée du Nord est actuellement le seul pays, avec la Russie et la Chine, à être soupçonné de disposer de missiles équipés de planeurs hypersoniques, les États-Unis ayant accéléré leurs développements dans ce domaine à partir de la fin des années 2010 mais essuyé plusieurs échecs lors des tests.

    Parallèlement à l’expansion prévue de son réseau de satellites de surveillance, le Hwasong-16B pourrait potentiellement servir de base au développement d’une nouvelle classe de missiles balistiques antinavires à longue portée. Ceux-ci seraient capables d’interdire l’acheminement des approvisionnements américains dans l’ouest du Pacifique et constitueraient une menace asymétrique sérieuse pour les navires de guerre américains et alliés.

    Si vous avez apprécié cet article, soutenez-moi sur Patreon ou Buy me a coffee Vous recevrez chaque semaine du contenu exclusif et des réponses à vos questions. Merci ! 😊

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *