Dengue, chikungunya, zika : évaluer la lutte antivectorielle
Une nouvelle recherche permet de mesurer l’exposition des personnes aux moustiques Aedes qui sont des vecteurs pour des maladies telles que Zika, la dengue ou le chikungunya.

Estimer le niveau d’exposition des populations humaines aux moustiques Aedes , qui véhiculent la dengue, le chikungunya et le virus zika, est essentiel pour mieux lutter contre ces maladies émergentes. Les chercheurs de l’IRD et leurs partenaires ont mis au point la première méthode de mesure individuelle d’exposition au vecteur. Ces travaux, menés à La Réunion et publiés dans Plos Neglected Tropical Diseases, permettront d’évaluer l’efficacité des moyens mis en œuvre contre les moustiques. 1
Sommaire
Lutter contre le moustique vecteur
En l’absence de vaccin et de traitement, la seule barrière contre la dengue, le chikungunya et le virus zika reste à ce jour la lutte contre les moustiques du genre Aedes . Pour mieux cibler les actions en ce sens, les chercheurs de l’IRD et leurs partenaires ont mis au point une technique d’évaluation du niveau d’exposition aux vecteurs (principalement Aedes albopictus et Aedes aegypti ). Ils viennent de démontrer son efficacité dans une nouvelle étude, menée sur l’île de La Réunion, et publiée dans la revue Plos Neglected Tropical Diseases.
Des anticorps contre la salive d’Aedes
Lors de leur repas de sang, les femelles moustiques injectent les protéines contenues dans leur salive dans la peau de l’homme. L’organisme humain produit une réponse immunitaire contre cette « agression ». De fait, les personnes exposées aux piqûres développent alors des anticorps dirigés contre un peptide, c’est-à-dire une portion d’une de ces protéines, spécifique au genre Aedes . La quantité de ces anticorps spécifiques dans le sang d’un individu correspond ainsi son niveau d’exposition aux moustiques.2
Un bon indicateur du niveau d’exposition et d’évaluation de la lutte
La nouvelle étude, menée auprès d’une centaine d’habitants de l’île de La Réunion avant et après une campagne de pulvérisation d’insecticide et d’élimination des gîtes larvaires, montre que l’élimination des populations d’Aedes se traduit bien par une chute du taux de ces anticorps dans le sang. De plus, ces travaux révèlent que la réponse immunitaire à la piqûre est de très courte durée : en moins d’un mois, voire quinze jours chez certaines personnes, les anticorps ont disparu dans le sang. Il n’y a pas par conséquent de réponse cumulative aux piqûres. Ce paramètre est donc un bon indicateur du degré d’exposition d’un individu, d’un foyer, etc.
Sur la base de ces résultats, l’équipe de recherche développe désormais, en partenariat avec la société ACOBIOM, un « test de diagnostic rapide ». Celui-ci permettra de mesurer rapidement le niveau d’exposition des populations aux Aedes , potentiellement porteur de la dengue, du chikungunya ou du virus zika et d’évaluer l’efficacité de la lutte contre ces moustiques. Ces travaux permettront aux autorités sanitaires de mettre en place des moyens de lutte antivectorielle ciblée au niveau des foyers à risque et de mesurer l’efficacité des actions mises en œuvre.