Andry Rajoelina : Favori ou Outsider ?

Ils seront près de 28 candidats à la présidentielle si on regarde la liste finale validée auprès de la HCC. Et dire qu’on nous avait dit que la caution de 200 millions d’ar allait dissuader les candidats farfelus… Andry Rajoelina a bien officialisé la sienne avec un congrès du TGV à Mahamasina.

Même si c’était en grande pompe, on n’a plus la ferveur de 2018 et c’est difficile de dire s’il reste l’un des favoris ou un outsider. Tout dépendra de l’opposition en face qui n’a pas grand-chose à lui proposer à part des déclarations d’intention et des voeux pieux pour développer le pays sans aucune compétence.

Le bilan d’Andry Rajoelina reste catastrophique. Sa gestion économique a été plus que lunaire et on peut citer notamment le cas de la vanille où les exportations ont baissé de 50 %, un délestage qui a duré 3 ans sur 5 et en sachant que c’est bizarre, car ce délestage a disparu quelques mois avant les élections. Une stratégie de choc largement utilisé par le clan Ratsiraka à son époque, on déclenche les crises et on arrive comme un sauveur et tout le monde oublie.

L’oubli est à la fois une vertu et une tare. Il faut oublier ses traumatismes pour avancer, mais si on oublie ceux qui nous ont fait du mal, alors ces derniers continueront de le faire. La population malgache a une mémoire de poisson rouge, elle oublie rapidement les dégats du passé. Et la grande réussie des Jeux des Iles, la réduction des délestages pourront donner de fausses impressions que tout va bien.

Ses opposants, donc, ils seront plus de 28. Bon, vous avez déjà une qui a pris la poudre d’escampette avec Masy Goulamaly, déjà, elle partait mal avec son nom, mais on risquerait de découvrir qu’elle est aussi tricolore que notre DJ national… Ou encore que le même DJ lui a donné un gros chèque pour se désister. Et ce sera le cas de nombreux candidats. Sur les 27, il y en a peine 3 ou 4 qui peuvent dépenser ce qu’il faut pendant la campagne afin de se démarquer. Ainsi, des mecs comme Roland Ratsiraka, Monja Rondefo sont davantage des faire-valoir et une manière de diluer des votes. Ils sont là pour les postes au prochain gouvernement.

L’opposition est nulle à chier, car son principal cheval de bataille sera la double nationalité d’Andry Rajoelina. Ce dernier a forcément trouvé une parade à cette attaque. La meilleure étant de renoncer à cette nationalité tricolore. Même si sur le plan juridique, cela ne sert à rien, sur le plan médiatique, cela a un impact considérable. Mais en même temps, s’il perd, il est clair que ceux qui vont le remplacer vont le chasser comme un lapin, donc, c’est aussi bien d’avoir une solution de repli.

Pour moi, Marc Ravalomanana va rafler le vote des hautes terres comme il l’a fait en 2018 (cela montre leur attachement à privilégier un candidat merina ou en tout cas issu de leur clan). Siteny Randrianasoloniaiko est une variable inconnue, mais j’ai l’impression que sa candidature s’essouffle, c’est clair que le Sud lui est acquis, mais ce n’est pas suffisant pour gagner. Il va jouer à fond sur la division merina vs cotier, mais j’ignore si ça a le moindre importance alors que chacun tente de survivre. On s’en fout de la tribu du moment qu’on a de quoi bouffer.

Hery Rajaonarimampianina, honnêtement, peut créer une petite surprise. Il y a des parties de la population qui appréciaient sa présidence en retrait. Mais le même vieux match, qui dure depuis 2009, Ravalomanana et Rajoelina, risque de jouer les prolongations en 2023. La coalition anti-rajoelina ne va pas durer, car les différents candidats de l’opposition ne peuvent pas se blairer entre eux. A la moindre occasion, ça va voler en éclat. C’est pourquoi c’est vraiment minable de jouer la campagne sur la nationalité, mais sur le bilan. Il faut décortiquer tout ce qu’Andry Rajoelina a réussi et tout ce qu’il a échoué.

Rajoelina va aussi sortir la période du covid pour expliquer bien des problèmes, mais c’est davantage l’incompétence de son gouvernement et son manque de contrôle sur la Banque centrale qui est responsable de l’inflation. Sur la politique étrangère, on s’est éloigné du monde multipolaire et on s’échine, tous candidats sans exception, à se prosterner encore et encore devant les occidentaux. C’est une honte et c’est un gâchis.

Mais je pressens que cette campagne va être très sale et tous les coups seront permis. Et au passage, cela va donc être 28 milliards de FMG que les candidats ont déboursé pour figurer sur une liste. On se demande d’où vient tout ce pognon et pourquoi ces valeureux “serviteurs de la patrie” ne l’ont-ils pas utilisé pour aider le peuple qui crève la dalle !

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